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Aux origines des surnoms des clubs britanniques (1/3)
Les « Reds » de Liverpool, les « Blues » de Chelsea, les « Spurs » de Tottenham… Les écuries britanniques possèdent leur lot de surnoms, certains plus évidents que d'autres, qui reflètent pourtant tous une partie de leur histoire. Rapide retour dans le passé pour mieux comprendre ces appellations.
Liverpool : les Reds
Non, Liverpool n’a pas toujours été lié au rouge intégral. À l’origine, les joueurs du club créé en 1892 arboraient même fièrement un ensemble bicolore, bleu et blanc. Par la suite, le rouge fait peu à peu son apparition sur la liquette des Scousers, laissant le short et les chaussettes en blanc. Pour la réception d’Anderlecht en 1964 lors d’une joute européenne, Bill Shankly, manager de l’époque, impose la couleur sang sur la totalité du kit liverpuldien afin de propager l’idée que ses joueurs entrent sur le terrain pour un combat farouche, mais aussi dans le but de flanquer les jetons à leurs adversaires. « Cette introduction a eu un effet psychologique certain, dira plus tard Shankly. Cette nuit-là, en rentrant à la maison, je dis à Ness (sa femme, ndlr) : « Ce soir, aux alentours d’Anfield et pour la première fois, il y avait une flamme éclatante, comme si un feu se propageait. » » Un coup de poker gagnant, puisque Liverpool remporte la rencontre haut la main, 3-0, octroyant par la même occasion le surnom de « Reds » aux protégés du Spion Kop.
West Ham : les Hammers
L’écurie londonienne est inexorablement attachée à l’aciérie britannique et à la working class. De fait, elle voit le jour à travers la « Thames Ironworks and Shipbuilding Company » , une entreprise notamment spécialisée dans les chantiers navals. « À l’été 1895, tandis que le bruit des marteaux résonnait sur les rives de la Tamise où des bateaux de guerre voyaient le jour au-dessus du Victoria Dock Road, quelques enthousiastes, avec l’amour du ballon en eux, parlaient de la création d’un club pour les travailleurs de la société, relatera plus tard Syd King, l’un de ces ouvriers, devenu ensuite manager de West Ham durant un tiers de siècle. Aucune idée de professionnalisme n’était pourtant envisagée. » Les joueurs prennent de la sorte rapidement l’appellation de « Hammers » , les « Marteaux » en VF, donc. En attendant, West Ham demeure le « Jambon de l’Ouest » pour nous Français. Et ça, c’est fort.
Arsenal : les Gunners
En 1886, des ouvriers du Woolwich Arsenal – une manufacture d’armements – décident de se dégourdir les jambes et créent l’ancêtre de l’Arsenal Football Club, le Dial Square. Bien que rapidement renommé au nom de la société, puis simplement « Arsenal » , après retrait du préfixe, le passé explosif de ses pères fondateurs alloue presque naturellement le surnom de « Canonniers » aux pensionnaires d’Highbury, puis de l’Emirates Stadium.
West Bromwich Albion : les Baggies
Deux théories sont avancées pour ce surnom. La première, assez évidente, date du début du siècle dernier. À cette époque, les joueurs de WBA portaient des shorts longs, descendant en dessous des genoux, faisant légitimement penser à des baggies contemporains. Une version contestée par l’un des historiens du club, Toby Mathews : « Dans ses jeunes années, The Hawthorns(l’enceinte historique du club, ndlr) ne possédait que deux sorties. Les jours de match, les guichetiers se trimbalaient de l’une à l’autre avec l’argent dans de grands sacs en tissu. Cela n’a pas pris longtemps avant que quelques supporters en tribunes chantent « Here comme the bag men » (« Voici venir les hommes sac ») puis son dérivé « Here come the baggies », donnant à l’équipe son surnom. » C’est aussi simple que ça.
Sunderland : les Black Cats
Jusqu’en 1997 et le déménagement de stade – de Roker Park jusqu’au Stadium of Light -, Sunderland possédait une variétés de surnoms, mais aucun ne convenait à l’ensemble de ses fans. La direction du club décide alors de sonder ses supporters : quel surnom universel adopter ? Après diffusion des résultats, les Rouge et Blanc du Tyne and Wear se feront dès lors appeler les Black Cats. De fait, le club et la région sont depuis longtemps liés à l’image du chat noir. En 1905, déjà, le président de Sunderland se fait tirer le portrait avec un félin tranquillement assis sur un ballon rond. Trois années plus tard, un autre chat noir tape l’incruste sur la photographie officielle de l’équipe première. La légende atteint son paroxysme lorsqu’en 1937, Billy Morris, un simple supporter, se rend à Wembley pour assister à la finale de FA Cup face à Preston. Dans sa poche, le jeune Billy y garde au chaud son chaton, noir, évidemment. Menés à la pause, les joueurs du SAFC ne perdent pas espoir et finissent par l’emporter 3-1. Pour les fans présents dans l’enceinte londonienne, cela ne fait aucun doute : la petite boule de poils est responsable de ce revirement de situation. La rumeur – sans doute bien aidée par quelques pintes – se propage, et le chat noir devient au fur et à mesure un emblème de la ville qui célèbre son trophée. À tel point qu’un chat noir est même nourri et logé durant bon nombre d’années à Roker Park. Les Anglais et l’alcool, décidément…
À suivre…
Par Eddy Abou Serres