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Aux origines de l’austère Dunga

Par Ugo Bocchi
Aux origines de l’austère Dunga

Si Dunga est aussi pragmatique aujourd'hui, c'est parce qu'il a connu l'échec. Ou du moins l'absence de titre. En presque 10 ans de carrière européenne, il n'a rien gagné. Et quand on a appris à perdre (ou à ne rien gagner), on a un mental à toutes épreuves.

À une époque où l’Italie était encore le meilleur championnat du monde, où les joueurs célébraient leur but en sautant en l’air, où les shorts laissaient apparaître la moitié de la cuisse, où les moustaches n’étaient pas un effet de mode, mais plutôt une question de goût, Carlos Dunga portait déjà la coupe en brosse. Après avoir grandi et mûri à l’International, puis aux Corinthians, le joueur le moins brésilien du pays est repéré par la Fiorentina. Seulement, le club ne peut pas le faire venir tout de suite. Le quota de joueurs étrangers y est dépassé à cause notamment de la présence d’un certain Sócrates. Bref, la Viola l’achète quand même, mais le prête sur le champ. Santos, Vasco de Gama et puis enfin l’Italie, mais à Pise. À son arrivée, personne ne connaît vraiment le personnage. Le Calcio a rouvert ses frontières depuis peu et les étrangers affluent. Perdu dans cette masse, Dunga passe un peu inaperçu. Les journalistes pensent tomber sur un tricoteur, un artiste, un Brésilien quoi. Mais ils sont bien surpris quand pour l’une de ses premières interviews, on lui demande ce qu’il compte faire après sa carrière de footballeur : « Je rentrerai au Brésil pour y devenir agriculteur. »

Standing ovation pour une treizième place

Et oui, Dunga, ce n’est pas très, très sexy. Mais bon, à l’époque, Pise, ce n’est pas non plus la grosse folie. Le club de la tour penchée est promu dans une Serie A dominée par le Napoli de Maradona, la Roma de Völler, le Milan de Van Basten et l’Inter de Serena. Alors autant dire que l’esthétisme, ils s’en foutent un peu. Finalement, les deux parties étaient faites pour s’entendre. Très vite, Dunga s’impose comme un patron. Et en plus, il marque pour l’un de ses premiers matchs en Coupe d’Italie. Si tout le monde s’accorde à dire qu’il est trop lent, il est clair également que le Brésilien fait un bien fou à l’entrejeu de l’équipe. Mais bon, ça ne suffit pas non plus à atteindre des sommets. En gros, Pise fait une saison honorable dans un championnat extrêmement relevé. Dunga et ses copains finissent 13es au terme d’une saison marquée par quelques coups d’éclats. Comme cette victoire face à l’Inter et ce but de dingue du Brésilien. Dans tous les articles écrits à l’époque, on parle d’une frappe du milieu de terrain. C’est certes un peu exagéré, mais ça témoigne de la ferveur qui l’entoure. Et ce n’est pas Walter Zenga qui dira le contraire.

Finalement, Dunga part au bout d’une saison. Il quitte Pise comme une star alors qu’il n’a rien gagné. Si ce n’est la Coupe Mitropa, une compétition disparue opposant les meilleurs clubs d’Europe centrale avec un nom de championnat de Mario Kart. Bref, lors de la dernière journée du championnat, celle du maintien face au Torino, le public lui réserve une énorme standing ovation alors qu’il s’en va pour la Fiorentina. C’est beau.

Un homme de contradiction

Sa saison réussie sur le plan personnel lui vaut surtout sa première sélection. D’ailleurs, il va vite en devenir l’un des piliers. Dans une équipe d’esthètes, Dunga, c’est la caution sérieuse. Celle qui équilibre la force. En 1989, il fait partie de l’équipe qui gagne la Copa América. Mais voilà, pendant ses quatre années à la Viola, Dunga lose toujours autant. Non pas qu’il soit nul, non, mais il fait toujours partie de l’équipe qui perd. La preuve avec cette finale de la Coupe de l’UEFA 90 perdue contre la Juventus. C’est le paradoxe Dunga. Winner en sélection, loser en club. D’ailleurs, en 1992, la Fiorentina ne croit plus en lui et le laisse s’échapper à Pescara où il pose ses valises pendant une saison. Certainement le plus bel exemple de sa contradiction.

Dunga est toujours au top de sa forme, il porte même le brassard mais son club coule de journée en journée. Des séries de six à dix matchs sans rien gagner. Quelques exploits contre la Juventus ou la Roma, mais c’est tout. Personne, et même pas lui, ne peut empêcher cette inexorable descente aux enfers. C’est le moment qu’il choisit pour changer d’air et de championnat. Fini l’Italie, direction Stuttgart et la Bundesliga. Un an plus tard, Dunga est à Pasadena, aux États-Unis. Il transforme le dernier penalty de la Seleção avant que Baggio ne tape son drop. Il est le premier à soulever la Coupe du monde. Priorité au capitaine. Aujourd’hui, c’est exactement pour ça que Dunga est là où il est. Face au Paraguay, il doit apporter sa culture de la gagne, parce que lui, plus que quiconque, sait comment se relever après une défaite. Et puis tant pis pour ses champs de soja, ça attendra.

Tiens, revoilà FloTov !

Par Ugo Bocchi

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