S’abonner au mag
  • International
  • Îles Marshall

Les Îles Marshall écrivent leur préhistoire

Par Julien Faure

C'était le dernier pays sur Terre à ne pas être doté d'équipe nationale de foot. Créée en 2020, la fédération marshallaise de football s’est mise à rêver en grand ces derniers mois à une reconnaissance internationale, pour une nation d’à peine plus de 40 000 âmes. Découverte avec les nouveaux shérifs des Îles Marshall, Lloyd Owers et Justin Walley.

Les Îles Marshall écrivent leur préhistoire

Depuis la fin de l’année dernière, tout a changé ou presque aux Îles Marshall, par l’entremise d’un homme, Lloyd Owers, passé par différentes équipes jeunes ou seniors aux États-Unis, au Canada, en Suède ou au Royaume-Uni. Les liens avec ce petit état micronésien perdu au milieu de l’océan Pacifique se sont tissés après une consultation organisée sur son blog, pour l’équipe nationale samoane. « J’ai été impliqué dans le projet en décembre 2022. C’est comme ça que les Îles Marshall m’ont connu, raconte l’entraîneur anglais. À un moment, j’ai demandé comment on pouvait les aider. » En effet, la fédération a été créée en 2020 par le fils du président de la République, sans que cela soit véritablement suivi d’actes dans un premier temps. En poste, le nouveau directeur technique implique de nouvelles têtes dans l’aventure, comme Justin Walley, l’auteur d’un livre intitulé One Football, No Nets, un ami « rencontré sur Twitter » avec qui il collabore depuis plusieurs années, ou encore Matt Webb, directeur commercial. Le projet s’est développé début 2023. « On s’est vite rendu compte qu’il n’y avait absolument pas de foot dans le pays, ce qui est fou, explique Owers. On s’est demandé ce qu’on voulait. Une équipe nationale ? Un projet au long cours ? Attirer les médias ?On se devait de voir sur le long terme, de construire des fondations. J’ai écrit une sorte de manuel pour les écoles, pour les impliquer et que les enfants jouent dans ce cadre-là de façon structurée. Le gouvernement a donné son accord. »

Tout à construire

Avec des rôles bien répartis, les trois comparses ont pu avancer sereinement dans le projet : « Justin a bossé avec la presse pour essayer de rassembler du monde, Matt s’occupait des sponsors, de développer des fonds, un GoFundMe », poursuit Owers. Ce qui a notamment abouti à une prise de contact avec la diaspora marshallienne présente dans l’Arkansas (le pays était une possession des États-Unis jusqu’en 1990, NDLR) : « Sur place, on a treize gars qui nous ont dit qu’ils jouaient. Quatre d’entre eux jouent à la fac là-bas. » Pour bénéficier d’infrastructures nécessaires à une équipe nationale, la fédération a prévu d’organiser un stage sur place, pour rencontrer les membres de la diaspora, alors qu’un stade est en construction aux Îles Marshall. Pour composer le reste de la sélection, Lloyd Owers compte piocher dans les équipes de futsal. Si l’équipe nationale est invitée à participer l’été prochain à un tournoi local, l’Anglais voit plus loin : « On a aussi prévu d’avoir une équipe féminine, on veut développer le foot pour les gamines, on veut que les filles jouent. »

L’affiliation à la FIFA, c’est encore loin. On veut faire ça de la façon la plus professionnelle et réalisable possible. Pour montrer ce que l’on fait, ce que l’on a fait, plutôt que d’arriver les mains vides.

Lloyd Owers

Avant de penser à l’international, les Îles Marshall vont devoir s’affilier à une confédération. « Pour nous le plus logique, c’est l’Océanie (OFC) ou l’Asie avec l’AFC, présente le directeur technique. L’Asie a plus de sens d’un point de vue géographique parce que c’est plus proche. D’un point de vue culturel, il y a aussi une grosse influence japonaise, philippine. » Quant à une affiliation à la FIFA, il faudra attendre encore un peu : « Pour nous, c’est encore loin. On veut faire ça de la façon la plus professionnelle et réalisable possible. Pour montrer ce que l’on fait, ce que l’on a fait, plutôt que d’arriver les mains vides. » Justin Walley et Lloyd Owers ne prévoient pas d’objectifs inatteignables, mais admettent que le but est d’un jour « disputer les qualifications pour la Coupe du monde ou les Jeux olympiques ».

Des débuts de rêve

À l’été 2023, Owers s’est rendu sur l’île pour la première fois, afin de diriger les séances pionnières du projet. Une franche réussite : « Au premier entraînement, on attendait une douzaine de gamins, on en a eu 30, on espérait une dizaine d’adultes, on en a eu 22 ! Pareil pour les ateliers de coaching où on a eu plus de 20 personnes. C’était génial de voir cet engouement. » Des séances hebdomadaires ont été mises en place, « les mercredis et samedis pour les enfants », alors qu’une trentaine de seniors se rassemblent les mercredis, en parallèle d’une ligue de futsal organisée les samedis. Une discipline qui sert aussi les desseins futurs : « Le futsal améliore vite le dribble. C’est très différent, mais c’est un bon moyen de s’améliorer. Et puis les enfants vont grandir avec le football et ils seront, on l’espère, plus techniques. » Un ensemble d’actions qui doivent faire grandir la passion sur place. « En janvier, le président me disait que les enfants voulaient jouer, voir du foot grâce au PSG, à Manchester City. On a distribué des maillots de grands clubs, et les gens se fichaient de l’équipe qu’ils obtenaient, ils voulaient juste faire partie du truc. On a pu aider les gens à jouer à un jeu qu’ils ne pouvaient pas, n’osaient pas pratiquer », se réjouit Owers, pas peu fier.

Sur Twitter, on est passé de 3 followers, Matt, Justin et moi, à près de 6000.

Lloyd Owers

Pour atteindre leurs objectifs, les Îles Marshall n’ont d’autres choix que de communiquer sur leurs actions afin d’obtenir des donations, via le GoFundMe, mais aussi grâce au lancement du maillot de la sélection, qui a obtenu de très belles retombées à l’étranger, avec des ventes par centaine. « On vient de lancer les maillots, c’est une grosse partie de notre projet de lever des fonds ou d’élever les consciences sur le fait que le seul pays sans équipe ne le soit plus. On a eu beaucoup de soutien, d’engagement sur les réseaux », jubile Justin Walley. Lloyd Owers souligne même que la France « est le troisième pays derrière les États-Unis et le Royaume-Uni où le maillot a été le plus acheté ».

Des achats essentiels au projet, tout autant que les participations à la cagnotte, dans l’optique de financer les déplacements et frais d’inscription de l’équipe nationale : « On a 170 personnes qui ont déjà donné sur le GoFundMe. Certains ne donnent pas beaucoup, mais ça montre surtout qu’ils suivent le projet. On a une marque très forte, parce qu’on croit en ce qu’on fait et que le concept est fort. » Cette promotion est boostée par deux ambassadeurs globaux, Ildefons Lima Solà, tout juste retraité après une carrière record avec Andorre, et Steve Darby, entraîneur anglais qui a roulé sa bosse en Asie avec succès. « Ils ne sont pas hyper connus, mais ils sont légitimes pour ce que l’on défend, confie Justin Walley. On a réussi à les rattacher au projet. » Deux figures qui ont participé au succès des opérations sur les réseaux sociaux : « Sur Twitter, on est passé de 3 followers, Matt, Justin et moi, à près de 6000. On a gagné plus de 10% avec le lancement du maillot. »

Un impact vertueux sur l’environnement ?

Au fil des échanges, le projet a aussi pris un accent environnemental. Pas liée au projet de départ, la lutte pour la survie des Îles Marshall s’est greffée à l’aventure, avec l’objectif d’alerter sur la situation : « Au début, je n’y avais pas trop pensé, mais on réalise vite à quel point c’est concret et que c’est un problème, a témoigné Lloyd Owers. Quand vous parlez avec les gens et qu’ils vous disent que des maisons, des espaces entiers vont disparaître, ça interpelle… C’est prévu qu’une partie des îles du nord ne soit plus là dans cinq ans. Ça fait peur, c’est très concret. » Rien ne dit que la sélection ait disputé d’ici là son premier match international officiel. C’est là tout le sens d’un engagement durable.

Dans cet article :
Gil Avérous : « Je suis plutôt pro-supporters »
Dans cet article :

Par Julien Faure

Tous propos recueillis par JF. // Photos : Marshall Islands Soccer Federation

À lire aussi
Articles en tendances
13
Revivez OM-Auxerre (1-3)
  • Ligue 1
  • J11
  • Marseille-Auxerre
Revivez OM-Auxerre (1-3)

Revivez OM-Auxerre (1-3)

Revivez OM-Auxerre (1-3)
00
En direct : France-Israël (0-0)
  • Ligue des nations
  • J5
  • France-Israël
En direct : France-Israël (0-0)

En direct : France-Israël (0-0)

En direct : France-Israël (0-0)
24
Revivez Angers - PSG (2-4)
  • Ligue 1
  • J11
  • Angers-PSG
Revivez Angers - PSG (2-4)

Revivez Angers - PSG (2-4)

Revivez Angers - PSG (2-4)
10
Revivez Lyon - Saint-Etienne (1-0)
  • Ligue 1
  • J11
  • Lyon-Saint-Etienne
Revivez Lyon - Saint-Etienne (1-0)

Revivez Lyon - Saint-Etienne (1-0)

Revivez Lyon - Saint-Etienne (1-0)

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

C'est une putain de bonne question !

Iriez-vous au stade à Poissy pour voir un match du PSG ?

Oui
Non

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine

international