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Aux abonnés absents…

Nicolas Kssis-Martov
Aux abonnés absents…

Être abonné, en tribune ou en virage, voilà une expression qui vous classait directement parmi l'élite, la catégorie des « seuls les vrais savent ». Car, en France, cette démarche relevait quasiment de l'acte militant face à une population incrédule et au milieu des gradins clairsemés. Par ailleurs, sauf exception, nous accusions en ce domaine un sérieux retard sur nos voisins allemands ou brittons. Aujourd'hui, il semblerait que l'abonné soit destiné à occuper une toute nouvelle place, une sorte de préfiguration du devenir du supporter à l'ère de la L1 2.0, autrement dit se transformer en un banal fond de commerce ! Avant de céder le bail ?

400 euros la première offre (265 l’an dernier), pour tous les matchs sauf les finales. Le PSG a pris sur ce plan aussi une « nouvelle dimension » , une dimension inaccessible pour pas de portefeuille. Du coup, le champion de France se hisse enfin dans la fourchette basse de la Premier League, puisqu’à Wigan il faut débourser pas moins de 375 euros l’an dernier (avec une relégation, mais une victoire en Cup, à la clé). Ce chiffre se révèle donc presque un indicateur de changement de statut, un message politique en direction du public et des concurrents. Le porteur d’écharpe va être en retour contraint de raquer pour conserver son droit « d’en être » , tout comme certains se disputent les loges de l’Opéra Garnier pour démontrer dans quel cercle de la bourgeoisie ils évoluent désormais.

Objectif 100% abonnés ?

Car, après le Plan Leproux et le changement de public, le tout gratifié d’un taux remplissage au beau fixe, les spectateurs sont clairement devenus des clients, qui doivent sortir la visa pour s’assurer l’accès à un Parc des Princes plein à tous les matchs et qui leur propose, en principe, une équipe de rêve, du moins à l’échelle de la L1. Les résultats sont indéniablement au rendez-vous, puisqu’on aurait dépassé les 36 000 abonnements pour la campagne 2013-2014. Nul doute que l’objectif d’une enceinte 100% abonnés (comme au Bayern, mais dans son Allianz Arena de plus de 70 000 places) pourrait être réalisé sans difficultés (cependant, il faut garder un petit volant d’entrée libre pour le principe). On l’aura aussi compris, le boycott des « anciens » ne pèse plus grand-chose. Il leur reste les déplacements, cette autre survivance du vieux culte populaire pour les couleurs, avec tous les risques policiers et judiciaires que cela implique de nos jours.

De toute manière, la signification de ce « contrat moral » , de cette sensation de rejoindre une famille, certes dans le cadre d’une relation pour le moins intéressée, ce précieux sésame de l’abonnement, a considérablement perdu de son sens. Si le PSG avait bel et bien essayé à l’origine de se créer une base de fans avec des offres promotionnelles, notamment en direction des jeunes (démarche qui se révélera notamment à l’origine du Kop of Boulogne), il n’est plus question ni nécessaire d’utiliser ce « rabais » pour remplir les combles. Il faut juste désormais fidéliser en les flattant les nouveaux venus, – mettons de côté les loges – qui s’y pressent pour des raisons parfois bien plus égoïstes que leurs prédécesseurs (ou qu’eux-mêmes auparavant), et peuvent se révéler bien moins indulgents quand les contre-performances s’accumuleront. Terminées les palabres sur les banderoles et les tifos. Désormais, la carte numérotée veut son petit confort (à ce prix, on le comprend), sa couverture internet pour suivre l’actualité en 4G si jamais le match l’ennuie, sa buvette avec du choix et sans trop d’attente, des sièges confortables et si possible un écran géant pour peu qu’il ait raté le but, trop occupé à twitter sa dernière vanne sur Laurent Blanc. QSI, qui vient enfin de prendre le contrôle de la SESE (société d’exploitation sport et évènement) assurant la gestion du Parc, a de son côté bien compris où se situe dorénavant l’un des principaux enjeux économiques du club, en tout cas s’il désire retirer des revenus conséquents du stade et de ceux qui le fréquentent.

La radinerie française

Les « fans » ne raisonnent plus seulement en terme de passion ou de qualité du spectacle, mais également au regard des prestations de service. Or, petit problème, en France, ils trouvent souvent le coût des places et des abonnements excessif, alors qu’il s’avère pourtant bien raisonnable comparativement à ce qui se pratique de l’autre coté du Channel ( 900 euros l’an dernier à Totthenham). Une « radinerie » qui s’explique par le passif et le retard culturel du foot hexagonal, supposant notamment qu’un tel investissement ne soit pas véritablement considéré comme socialement « respectable » , à moins d’avancer l’excuse de « minorité » , c’est-à-dire d’être un ultra dans les virages populaires. Il n’empêche, cette barrière psychologique du coût annuel constituerait, à en croire toutes les enquêtes d’institut de sondage, une des principales causes de la fréquentation en berne des gradins de l’Hexagone (derrière les 91 % du PSG, la moyenne tourne autour de 70% avec des Girondins tout juste à 55%). Or, pour mieux vivre et surtout offrir une belle image télévisuelle du spectacle (rien de pire que des pentes dégarnies lors d’une retransmission), il s’impose de monter le plus souvent au-delà des 80%. Sans oublier que beaucoup de stades seront impactés par les rénovations en prévision de l’Euro 2016. L’abonné n’est plus un fidèle qui fait vibrer le stade comme l’église de sa présence rituelle et ritualisée. Il devient une ligne budgétaire dans les comptes du club et un actif indispensable dans le bilan tant physique qu’immatériel de la SAOS.

Cette question du ratio abonnés/remplissage se pose surtout parmi les équipes en deçà du pseudo Big Four qui se dessine en L1 : PSG, OM, OL et donc Monaco qui, par ailleurs, entretiennent tous – un signe ? – des stratégies singulières sur le sujet (on ne s’appesantira pas sur le cas marseillais). Il faut ainsi aller chercher le chaland. Par tous les moyens. Surtout quand le citoyen ordinaire préfère courir après les invits que distribuent généreusement sponsors et autres collectivités territoriales, qui arrosent par ailleurs abondamment les clubs (une sorte de retour sur investissement du contribuable en quelque sorte). Après, on peut joindre l’utile à l’agréable. À Toulouse, où le ballon rond traverse pour le moins une crise de popularité, le CIC vous rembourse jusqu’à 50 euros sur votre facture tribune et il existe même une formule à 29 euros pour les 0-14 ans et les dames (sic). Des prix qui doivent laisser rêveurs certains supporters (hommes) du PSG.

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Nicolas Kssis-Martov

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