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Autriche-France : d’un terrain à un autre
Dans un contexte inédit où l’actualité politique a pris le dessus sur le foot, l’équipe de France doit entrer dans l’Euro contre l’Autriche, ce lundi soir à Düsseldorf. Il s’agira de passer d’un terrain à un autre, et de se faciliter la vie pour la suite de la phase de poules, en s’imposant contre une équipe redoutée par Didier Deschamps.
Il n’avait sans doute jamais régné une atmosphère aussi étrange et éloignée du jeu autour de l’équipe de France, à la veille de basculer dans un grand tournoi. En l’espace de quatre jours, des « on est ici pour parler football » de Dayot Upamecano et Kingsley Coman à la prise de position claire de Marcus Thuram, les Bleus ont vu le terrain politique prendre le dessus sur le terrain tout court. Ce dimanche, dans les dédales de la Merkur Spiel-Arena de Düsseldorf, sorte de mélange entre Pierre-Mauroy et le Matmut Atlantique en plus imposant, Kylian Mbappé n’a quasiment pas été interrogé sur la rencontre à venir en douze minutes de conférence de presse. Il avait prévenu : son capitanat serait différent de celui de Hugo Lloris, qui n’aurait certainement pas tenu le même discours que son successeur en étant à sa place. L’attaquant madrilène a parlé d’un « moment crucial dans l’histoire du pays », de son envie de s’adresser « à tout le peuple français », l’appelant à se rendre aux urnes, et de son opposition « contre les extrêmes, les idées qui divisent ». Il a également posé ceci : « On dit souvent qu’il ne faut pas mélanger politique et foot, je suis d’accord quand ça concerne des broutilles. Quand ce sont des situations comme celle-ci, c’est très important. Et c’est plus important que le match de demain, j’espère qu’on ne m’en voudra pas. » Oui, il y aura un match à jouer pour les Bleus.
💬 Kylian Mbappé : « Il y a une situation qui est beaucoup plus importante que le match de demain. » pic.twitter.com/j4SylOnhJt
— L'ÉQUIPE (@lequipe) June 16, 2024
Les Bleus de Deschamps ne manquent jamais leur entrée
L’actualité autour des élections législatives à venir, provoquées par la dissolution de l’Assemblée nationale, aurait presque fait oublier ce qui est le plus essentiel en temps normal : l’équipe de France doit entrer dans son Euro ce lundi soir contre l’Autriche, après avoir vu les Pays-Bas prendre les devants en disposant de la Pologne. C’est dans un contexte inédit que s’avancent les vice-champions du monde vers cette première étape, attendue et redoutée par Didier Deschamps et son staff. « Cela ne change rien au fait qu’on soit très concentrés. On l’a préparé du mieux possible, a continué Mbappé, casquette vissée sur la tête, pour évacuer l’idée d’un groupe potentiellement perturbé. C’est à moi en tant que capitaine d’essayer de remobiliser au maximum le groupe. On est là pour défendre les couleurs de notre pays, l’un n’empêche pas l’autre. C’est une situation différente, mais nous sommes des grands joueurs et nous devons nous adapter. » Didier Deschamps, moins à l’aise que son joueur sur la question politique, a expliqué ne pas avoir voulu interdire à ses protégés de parler. On sait pourtant combien le sélectionneur des Bleus, qui portent le même costume depuis douze ans, aime avoir le contrôle des évènements et que sa préparation idéale ne ressemblait pas à cela.
Il sera au moins question de foot le temps de deux heures, ce lundi, puisque cela ferait tache de voir les Bleus se vautrer d’entrée. Déjà parce que ce n’est jamais arrivé sous l’ère Deschamps (5 victoires) et que ce n’est pas dans l’habitude de la France tout court à l’Euro (il faut remonter à l’époque où se disputaient des tours préliminaires) ; ensuite parce que ce groupe D semble relevé et qu’un succès contre l’Autriche, une équipe avec laquelle Antoine Griezmann et ses copains ont « mangé » depuis quinze jours, rapprocherait déjà les Tricolores d’une qualification en huitièmes de finale. « Le premier match n’est pas décisif, mais il est très important, a récité DD dans un domaine qu’il maîtrise mieux. Bon, dernièrement, celui qui a fini titré avait perdu, vous vous en rappelez ? Oui, l’Argentine l’a fait, mais il vaut mieux quand même commencer par un bon résultat. » Ce qui serait une vraie satisfaction et un bon indicateur face à l’Autriche du professeur Ralf Rangnick, qui n’a perdu qu’une fois sur ses quatorze dernières sorties (3-2 contre la Belgique en octobre 2022) et qui s’était payé l’Allemagne en amical en novembre dernier.
Une aventure humaine
Un adversaire que l’on sous-estimerait, Deschamps l’a répété ces derniers temps. Il a également parlé ce dimanche de « l’intensité très élevée » à laquelle il va falloir s’attendre et de leur bonne utilisation « de la verticalité dans le jeu ». Ce sera bien avec Mbappé, qui « préfère avoir la tête que les jambes. Ce qui est sûr, c’est que j’ai la tête, on verra demain si j’ai les jambes. » L’ex-Parisien a connu une préparation particulière, avec quelques pépins, et les Bleus ont trop besoin de lui pour voir plus loin que la fin du mois de juin dans ce tournoi. Il ne devrait pas y avoir trop de surprises dans le onze de départ, à en croire la mise en place effectuée dans le champêtre Paul-Janes-Stadion, à l’est de Düsseldorf, où quelques dizaines de fans ont traîné : William Saliba devrait accompagner Upamecano en charnière ; Adrien Rabiot tient la corde pour épauler N’Golo Kanté dans l’entrejeu ; et le trio Dembélé-Mbappé-Thuram est attendu en attaque. C’est le début d’une « aventure humaine », a dit Deschamps, et d’une nouvelle histoire, dont le titre pourrait, dans un monde rêvé, être le slogan de l’Euro placardé sur le car des Bleus en Allemagne : « France is united by football. »
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Par Clément Gavard, à Düsseldorf