Auteur d’un doublé, Romelu Lukaku est bien entré dans son Euro

Romelu Lukaku n’est pas vraiment ce que l’on peut appeler un diesel. Quand de nombreux joueurs mettent du temps à entrer dans une compétition, l’attaquant belge, lui, aime marquer les esprits d’entrée de jeu. Et la plupart du temps avec un doublé. C’était déjà le cas à l’Euro 2016 lors du second match de groupe face à l’Irlande (3-0). Mais aussi deux ans plus tard face au Panama pour le premier match des Belges au Mondial 2018 (3-0), avant de recommencer la journée suivante contre la Tunisie (5-2). Et c’est encore le cas lors de cet Euro 2020 où Romelu Lukaku a décidé de frapper un grand coup avec son doublé face à la Russie dans son antre de la Gazprom Arena de Saint-Pétersbourg (3-0). Il n’a d’ailleurs fallu que deux occasions au Belge pour planter ses deux pions. Une première offerte par le défenseur Andrey Semenov que Big Rom conclut du gauche avant de se ruer vers la caméra pour lâcher un « Christian, I love you ! » en direction de son coéquipier à l’Inter Christian Eriksen, victime d’un malaise cardiaque quelques heures plus tôt. Pour son deuxième but, il n’a fallu qu’une passe en profondeur de Thomas Meunier, sa vitesse et son sang-froid devant le but se chargeant de faire le reste.

Tous les chemins mènent à Romelu

Devant leur écran de télévision, les supporters belges se réjouissent forcément du fait d’avoir dans leur effectif un attaquant qui pèse 62 buts en 94 sélections et un homme qui cavale déjà vers le titre de meilleur buteur du tournoi. Un trophée déjà dans sa poche ? Eh bien pas tout à fait si l’on prend en compte les derniers tournois de Lukaku. Car si l’ancien attaquant de Chelsea n’a pas de retard à l’allumage, il a visiblement du mal à tenir sur la durée, puisque son doublé face à l’Irlande à l’Euro 2016 et ses 4 buts contre la Tunisie et le Panama au Mondial 2018 sont les seuls inscrits par Lukaku dans ces deux compétitions. Or, la Belgique aurait bien aimé compter sur lui lors de la phase à élimination directe et notamment face au pays de Galles en 2016 ou la France deux ans plus tard. Sauf que le Romelu Lukaku de 2021 ne ressemble en rien à celui de ces années-là.

La nouvelle arme de destruction massive

En délicatesse à Manchester United, où il a tout de même planté 42 pions en 96 matchs, Romelu Lukaku a débarqué à l’Inter en 2019 avec l’envie de tout casser. Et c’est peu dire qu’il a réussi, en étant notamment le grand artisan du titre des Nerazzurri cette saison avec ses 24 buts et 11 passes décisives en Serie A qui lui ont permis d’être meilleur buteur et meilleur passeur du club et de glaner le titre de meilleur joueur du championnat. Au passage, le Belge a permis à l’Inter de glaner un titre de champion qui lui échappe depuis 2010. Bref, Lukaku a rappelé aux yeux du monde qu’il n’était pas qu’un vulgaire numéro 9, mais qu’il était un vrai attaquant complet, comme il le confiait à France Football il y a quelques mois : « Je crois que tout le monde ou presque perçoit désormais mon intelligence de jeu. Que les gens soient en train de réaliser que je réfléchis lorsque je joue, que je cherche à me synchroniser avec le reste de l’équipe, c’est cool. Ici, à Milan, tout le monde a compris ça. Désormais, les gens savent : si tu me mets dans une équipe, je vais faire le travail. » Et s’il existait encore quelques sceptiques, ces derniers sont désormais convaincus après son match contre la Russie.

Finalement, ce doublé contre les coéquipiers d’Aleksandr Golovin n’est pas une surprise, puisque Romelu Lukaku a tout de même été impliqué dans 26 buts lors de ses 19 dernières sélections (22 pions, 4 passes décisives). Des chiffres qui donnent le tournis et qui ne sont pas près de s’estomper pour celui qui a fini meilleur buteur de la dernière Ligue des nations. D’autant plus que l’attaquant de l’Inter a vu revenir près de lui un certain Thierry Henry, revenu dans le staff de Roberto Martínez pour l’Euro après l’avoir quitté en octobre 2018. C’est d’ailleurs auprès du meilleur buteur de l’équipe de France que Lukaku est parti discuter pendant un arrêt de jeu face à la Russie. Que lui a-t-il dit ? Impossible à savoir. Mais cela devait ressembler à un discours que Thierry Henry avait déjà tenu : « Un jour, Thierry m’a dit :« La différence entre toi et le top, c’est la capacité à se créer ses propres buts. Si tu dois dribbler trois joueurs pour t’ouvrir le but, fais-le ! » Ça m’a servi de déclic. » À moins qu’il ne lui ait dit : « Cette fois-ci, je veux que tu marques à tous les matchs. Même en phase à élimination directe. » Vu comment Lukaku écoute son aîné, si ces mots ont été prononcés, la Belgique peut déjà célébrer son titre.