- Coupe de France
- 32es
- Le Mans-Lille
Autant en emporte Le Mans
À quelques heures d’affronter le LOSC en Coupe de France, les Manceaux retrouveront un adversaire qu’ils connaissaient bien il y a encore quelques années, et qui aujourd’hui leur rappelle un mauvais souvenir : celui du naufrage financier. Premier de son groupe de National 2, Le Mans FC a-t-il définitivement sorti la tête de l’eau ?
Le hasard fait décidément bien les choses. À l’occasion des 32es de finale de Coupe de France, Lille se déplace au Mans dans un MMArena qui n’avait probablement jamais connu de plus belle affiche. Le Mans FC, désormais dans la peau du petit poucet depuis sa liquidation judiciaire en 2013, face au LOSC, dans la peau du gros. Les Dogues étant eux-mêmes au début d’une possible crise financière, ils feront peut-être face à leur destin. Car, s’il y a encore quelques années, les Sang et Or avaient inscrit leur nom dans l’élite du foot français, ils ne sont aujourd’hui qu’un club amateur espérant retrouver un jour la lumière. Pour Richard Déziré, le coach des Manceaux, ce match de gala au MMArena n’est que « la cerise sur le gâteau » . « Atteindre le graal des 32es de finale, c’est forcément un objectif d’ores et déjà atteint. Ce n’est pas un objectif prioritaire, mais pouvoir donner une telle affiche au public manceau, à l’ensemble des bénévoles du club, c’est quand même satisfaisant. La Coupe de France, c’est le parcours du combattant pour un club amateur » , avoue le technicien arrivé en 2015 dans la Sarthe. Il faut dire que le Mans FC revient de loin, de très loin.
Repartir de zéro
Retour en arrière. Lors de la saison 2010-2011, Le Mans change de nom et de stade, dans l’optique de voir plus grand. Le MUC72 devient alors Le Mans FC et déménage de Léon-Bollée pour s’installer au MMArena. Ce stade de plus de 25 000 places est à l’origine de l’écroulement du club sous la dette, et en 2013, c’est la liquidation judiciaire et la rétrogradation en DH. Aujourd’hui, les belles années du MUC72 sont derrière et les galères désormais enterrées. Un nouveau projet est lancé et ce n’est que le début, comme l’assure Grégory Cerdan, ancien capitaine et joueur emblématique du club (de 2003 à 2011), de retour depuis 2014. « Je suis revenu lorsque le club venait de monter en CFA2. Cela s’est fait tout naturellement, je m’étais fait deux fois les croisés à Guingamp et je n’avais plus le niveau de la Ligue 1. J’ai donc préféré retrouver ma deuxième famille, les Sang et Or. Cela m’a fait un choc de voir mon club devenir amateur, mais je m’y étais préparé. »
Dans le processus de renaissance du club, Grégory Cerdan veut saluer le travail d’un homme, celui de Jean-Pierre Pasquier (président de 2013 à 2016). « C’est la personne qui m’a fait revenir. Il a fait un boulot formidable et il a eu un peu le sale rôle pendant les trois ans où il était là. Jean-Pierre a dû refermer la cicatrice et il y est parvenu avec brio. Il y a encore deux ans, on ne parlait que des anciennes années. Aujourd’hui, on parle vraiment de l’avenir, les gens se projettent et croient en ce club. » Son successeur, Thierry Gómez (actuel président du Mans FC) tient également à le féliciter : « Quand je suis arrivé au Mans, il y avait déjà eu une première étape de franchie avec l’ancien président qui avait repris le club en DH et qui était remonté en CFA2. Moi, j’ai pris la suite. »
Objectif Ligue 1 ?
Une suite qui a d’ailleurs été marquée par le retour de l’équipe première dans le maudit MMArena. « Les premières décisions importantes ont été de rejouer au MMArena, de créer une SASP, pour bien démontrer qu’on a une démarche d’investisseurs, essayer d’y associer d’autres entrepreneurs locaux. Le troisième élément qui a été important, c’était de créer un groupe sportif. En effet, Le Mans FC a recruté pas moins de quinze joueurs au dernier mercato d’été. Le dernier élément qui a été fondateur de cette restructuration a été d’aller à la rencontre à la fois des supporters et des partenaires, pour expliquer notre projet, notre vision des choses, les faire adhérer et revenir au club. » Aujourd’hui, Le Mans FC est tranquillement installé en haut de son groupe de National 2 et a de grandes chances de grimper à l’échelon supérieur.
Le but du projet emmené par Thierry Gómez et son staff, c’est de viser encore plus haut. « Ce club, avec le passé qu’il a, les infrastructures qu’il a, est viable uniquement en Ligue 1. Maintenant on sait qu’aujourd’hui, la Ligue 1 est beaucoup plus compliquée à atteindre pour une ville moyenne comme Le Mans qu’il y a dix ans. Le seul espoir pour revivre de belles émotions, de remonter là-haut, et d’avoir des infrastructures qui soient en rapport avec notre budget et notre ambition, c’est de fédérer, de rassembler autour du club. Surtout que le football français a pris une autre dimension depuis l’arrivée de Neymar, et c’est beaucoup plus dur pour un club comme Le Mans de retrouver l’élite » , confie Thierry Gómez. « Le Mans FC n’a pas d’histoire encore. Il y a eu le MUC72 et Léon-Bollée, hier, et aujourd’hui l’histoire commence pour Le Mans FC et le MMArena, explique Cerdan. Le projet est solide et on retrouvera la lumière. » Cela commence peut-être par une victoire face à ses démons, ce samedi après-midi.
Par Adrien Girard
Propos de Richard Déziré, Grégory Cerdan et Thierry Gómez recueillis par Adrien Girard