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Aurélio Pereira: « Les gens ne connaissent pas le vrai Cristiano »

Propos recueillis par William Pereira
Aurélio Pereira: «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Les gens ne connaissent pas le vrai Cristiano<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Monument de l'Academia, cinquième meilleur centre de formation d'Europe, Aurélio Pereira est le principal responsable de la venue de Cristiano Ronaldo (en couverture du nouveau So Foot) au Sporting à l'âge de 12 ans. Des parties de baby-foot à l'entraînement sans oublier les larmes d'un gamin seul en milieu hostile, il raconte les premiers pas du natif de Funchal.

Comment avez-vous entendu parler de Cristiano pour la première fois ?Ça s’est passé un peu par hasard. Le Nacional da Madeira, où jouait alors le petit, avait contracté une dette envers le Sporting (ndlr: environ 22 000 euros). Le club n’avait pas payé l’indemnité de formation d’un de nos anciens joueurs parti chez eux. Et un jour, les dirigeants du Nacional nous appellent pour nous dire qu’ils n’avaient pas assez d’argent pour effacer cette dette, mais qu’en revanche, ils avaient un gamin très fort chez leurs jeunes.

Vous avez accepté l’offre ?À l’époque, les jeunes de l’âge de Cristiano n’étaient pas des joueurs libres, donc il était légal de payer le transfert d’un joueur aussi jeune. Mais c’était peu courant et Cristiano Ronaldo avait à peine 12 ans, donc je ne pouvais pas accepter la proposition du Nacional sans l’avoir vu auparavant. Donc j’ai dit « ok, envoyez-le à Lisbonne pour qu’il passe des tests et ensuite on verra » . Quelques jours plus tard, le gamin se pointe comme prévu au centre d’entraînement avec son parrain. Je n’étais pas présent à son premier entraînement avec le Sporting, mais les entraîneurs qui l’ont supervisé m’ont tout de suite appelé pour me dire qu’il fallait que je voie Cristiano jouer, que c’était un phénomène. J’ai voulu vérifier ça, donc je suis allé le voir le lendemain, et j’ai eu un déclic.

Pourquoi ?Plus que son talent évident, ce qui m’a frappé chez lui, c’est cette auto-estime qu’il avait. Ce n’était pas de l’arrogance, non, c’était de la confiance en soi, la marque des très grands champions. D’autant que le test n’a pas été réalisé chez lui, dans un climat favorable. Il était à des kilomètres et des kilomètres de son île natale, au milieu de joueurs plus âgés que lui, et malgré cela, il ne doutait pas du fait qu’il était meilleur que tous les autres. C’était dans ses gènes. Cristiano est un enfant de la rue, c’est là-bas qu’il s’est vraiment formé. C’est la rue qui a fait de lui le grand champion qu’il est devenu. En plus de ça, il n’avait pas peur de faire des erreurs. Il tentait de faire plein de choses sur le terrain, et s’il le faisait mal, il ressayait jusqu’à y arriver. Et tout ceci était très marquant pour moi dans le sens où les premières choses que l’on enseigne au joueur dans l’académie, c’est de ne pas avoir peur de se tromper et d’avoir toujours confiance en lui. Et ça, Cristiano l’avait déjà. Il était en avance, même si un gamin de 12 ans a forcément encore beaucoup de choses à apprendre.

Après un test aussi positif, le transfert a été bouclé facilement ?Paradoxalement, non. Malgré le talent de Cristiano, ça a été difficile pour moi de convaincre les hauts dirigeants du Sporting d’accepter d’effacer une dette de 22.000 euros pour un joueur aussi jeune. J’ai parlé avec le responsable économique du club pendant une longue demi-heure, pour lui expliquer la situation. Ce n’était pas facile de lui faire comprendre qu’un gamin de 12 ans valait autant d’argent, surtout qu’il ne connaissait pas grand-chose au football. Heureusement pour nous, j’ai reçu un coup de téléphone peu de temps après l’entretien pour confirmer la venue de Cristiano Ronaldo au Sporting.

Comment s’est-il adapté à sa nouvelle vie, seul et à des kilomètres de sa famille ?Cristiano a connu des moments difficiles, comme tous les jeunes qui venaient des îles, mais contrairement à la plupart d’entre eux, il a tenu bon, même s’il est vrai que sa famille et Madère lui manquaient énormément au début. Il a beaucoup pleuré pendant sa première année. De plus, l’académie du Sporting ne prenait pas encore en charge des jeunes de son âge à l’époque. Le centre de formation était destiné aux gamins de 16 à 19 ans. Son intégration a donc été encore plus difficile que pour les autres. Mais nous avons quand même essayé de nous adapter à lui pour qu’il grandisse dans les meilleures conditions possibles. Je me souviens par exemple que nous, dirigeants, nous organisions pour l’accompagner à l’école et en ville en voiture, à tour de rôle. Il était important de le couver.

« Il prête aussi beaucoup d’importance à l’entraînement invisible »

Les proches de Cristiano mettent souvent en avant son aversion pour la défaite. Comment cela se traduisait dans son jeu ou sa manière d’être ?Cristiano Ronaldo est un vainqueur-né. C’est dans son sang. Dès qu’il y avait de la compétition, il ne voulait pas perdre, que ce soit au football, au ping-pong ou même au baby-foot. Donc il gagnait, naturellement. Et les rares fois où il était défait, il boudait. Mais je pense que ce dégoût pour la défaite est l’une des raisons qui expliquent pourquoi il se maintient à ce niveau, et mieux, pourquoi il progresse depuis tant d’années. Être aussi régulier, c’est incroyable. Regardez des joueurs comme Kaká, Ronaldinho ou Pato. Ils ont ou avaient un talent hors du commun, mais n’ont pas réussi à le confirmer sur la durée. Ce n’est pas une critique à leur égard, mais plutôt une manière de souligner la prouesse que réalise Cristiano en ne cessant de progresser.

Qu’en est-il de son hygiène de vie ?Il s’entraîne plus que quiconque. Au Sporting, il passait déjà beaucoup de temps dans la salle de sport avant et après les entraînements afin de perfectionner sa condition physique et d’éviter les blessures, mais aussi sur le terrain, où il passait son temps à inventer des nouveaux dribbles, parfois tout seul. Mais Cristiano prête aussi beaucoup d’importance à l’entraînement invisible. Jeune, il faisait déjà attention à ce qu’il mangeait et à son nombre d’heures de sommeil. Le football était déjà sa vie.

Comment expliquez-vous que cette image d’homme arrogant lui colle à la peau ?Les gens ne connaissent pas le vrai Cristiano, c’est tout. Il n’a pas changé depuis tout ce temps. C’est quelqu’un de très humain et sensible. Après, il a un goût très prononcé pour les belles voitures et les vêtements. Peut-être que cela dérange les gens, je ne sais pas. Mais au-delà de tout ce qui est matériel, Cristiano Ronaldo prend surtout beaucoup de plaisir à être aimé par les autres. À l’inverse, ça le rend triste qu’on ne l’aime pas.

À retrouver dans le So Foot 112, un portrait de 11 pages de Cristiano Ronaldo.

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Propos recueillis par William Pereira

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