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Aurélien Tchouaméni, profession casse-briques
Meilleur espoir de Ligue 1 la saison dernière, le milieu de l’AS Monaco a réussi une rentrée de classe en étant buteur décisif à l’aller à Prague et de nouveau très intéressant face à Nantes en ouverture du championnat. La saison de la confirmation débute comme souvent avec Aurélien Tchouaméni : en moteur de navire.
Un jour, Aurélien Tchouaméni a été pris dans une tempête. Le natif de Rouen avait 20 ans, moins d’une quarantaine de matchs de Ligue 1 dans les chaussettes, roulait depuis le début de sa carrière sur une autoroute – premier contrat pro signé à 17 ans, première avec les pros à 18 ans, des habitudes dans les équipes de France de jeunes – et n’avait jamais connu de panne. Jusqu’à un changement de voiture au début de l’année 2020 et à une première sortie au Louis-II avec l’AS Monaco, face à Angers, racontée un jour dans les colonnes de L’Equipe : « On gagne 1-0, mais, quand j’entre, je perds mon deuxième ballon et ça nous coûte presque un but. C’est difficile d’entrer dans des matchs comme ça. En plus, avec le foot de maintenant, les médias et les réseaux sociaux, tu n’as pas le temps. Si tu n’es pas prêt direct, les gens vont te le faire comprendre. » À savoir : en sortant de la pelouse, Tchouaméni jette un oeil à Twitter et aux quelques 200 commentaires sur sa performance qui l’attendent, effrayé par le regard extérieur. « Dans le foot de maintenant, il faut être bon très vite, raconte-t-il, toujours dans L’Equipe. Les trains ne passent pas quarante fois. On a aussi des exemples de précocité comme Mbappé qui font qu’on a tendance à être beaucoup plus impatients. Notre génération est plus pressée. » Elle demande surtout des responsabilités, et vite, ce que l’ancien espoir des Girondins de Bordeaux a rapidement récupéré avec l’arrivée d’un Niko Kovač qui a fait du bonhomme le moteur de sa machine. Buteur décisif à Prague la semaine dernière (0-2), Tchouaméni vit aujourd’hui une rentrée de classe à l’heure de l’exercice de la confirmation et où plus aucun doute ne sont pianotés sur téléphone à son égard.
Un équilibre sur ses épaules
Visage éclatant d’une ASM joueuse et MIP du dernier exercice dont il est ressorti avec la médaille de meilleur espoir de Ligue 1, le milieu axial princier a, dans la foulée de sa bonne copie pragoise, assuré lors de ses retrouvailles avec le championnat vendredi, face à Nantes (1-1), même s’il aurait pu davantage percuter le bloc adverse sur certaines séquences. Installé par Kovač aux côtés d’un nouveau binôme (Jean Lucas), Aurélien Tchouaméni a de nouveau sorti son costume de leader créatif et a été l’un des détonateurs (avec Badiashile et Jean Lucas) des quelques circuits offensifs réussis par des Monégasques, qui ne sont que trop rarement parvenus à glisser des cailloux dans le 4-1-4-1 nantais.
Cerveau du double pivot dans le 3-2-4-1 de Kovač face à Nantes, Tchouaméni a notamment été une clé précieuse pour toucher Volland et Diop dans les demi-espaces autour de Samuel Moutoussamy.
Il a également été un relais pour mettre Aguilar sur orbite dans le dos de Moses Simon…
… ou un pion pour créer de l’incertitude : ici, sa course entre Moutoussamy et Roli Pereira de Sa brouille les pistes et va permettre d’aboutir à une situation de centre pour Gelson Martins.
Souvent épaulé par Cesc Fabregas dans le débrief de ses matchs et dans le travail d’appréhension des différentes phases du jeu, Tchouaméni, qui n’hésite pas à se projeter (4 tirs contre Nantes, 1er de son clan) et dont la lecture des situations est louée par tous ceux qui l’ont croisé, a également répondu lors de ses deux premières sorties de la saison dans sa capacité à tenir défensivement une partie de l’équilibre de son navire sur ses épaules (21 ballons récupérés à Prague, 5 contre Nantes où le milieu a connu un peu plus de déchets). La perspective de disputer la phase de poules de la Ligue des champions, même si l’ASM doit encore assurer au retour face au Sparta Prague et pourrait devoir se farcir la machine créative qu’est le Shakhtar de De Zerbi en barrages, est le meilleur socle pour la progression de l’un des meilleurs joueurs casse-briques de Ligue 1. Un joueur qui ne subit plus les tempêtes mais les provoque.
Par Maxime Brigand