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Aulas, trois fois hélas !

Par Chérif Ghemmour
5 minutes

Il y a juste un peu plus de dix ans, trois événements contraires ont grandement contribué à faire rater à l’OL de Jean-Michel Aulas le grand tournant des années 2010 : le transfert raté de Yoann Gourcuff, l’irruption en L1 du richissime PSG qatari et la construction tardive du Stade des Lumières. Magnéto, Serge !

Aulas, trois fois hélas !

Et si la malchance avait fait dérailler la success story de l’OL de Jean-Michel Aulas ? On peut bien sûr critiquer la gestion autocratique de JMA, son entourage devenu armée mexicaine et ses erreurs de stratégie qui ont conduit à la vente de l’OL, puis à sa récente et brutale éviction personnelle. Mais il faut peut-être remonter à la fatalité des trois années 2010-2011-2012, à l’origine du décrochage, puis du déclin du club et de son président emblématique.

De Yoann Gourcruyff à Yoann Gouffrecuff

À l’orée de la saison 2010-2011, l’OL domine toujours le football français. Malgré un titre de vice-champion seulement, les Gones sont allés en demies de Ligue des champions, avec une qualification prestigieuse face au Real Madrid en huitièmes de finale. Surfant encore sur la dynamique de leurs sept titres de champion d’affilée (2002-2008), lors du Mondial sud-africain, les Bleus de l’OL et assimilés ont continué d’imposer leur nombre au sein d’une équipe de France coachée par Raymond Domenech, un ancien de la maison, et sans les deux pépites formées au club, Karim Benzema et Hatem Ben Arfa. Tout dérape avec le transfert de Yoann Gourcuff… Arrivé au club à 24 ans en provenance de Bordeaux à l’été 2010, le « nouveau Zidane » est signé pour 22 millions d’euros pour cinq ans. Avec LA star du foot français, Lyon régnerait, croyait-on, sur la décennie 2010. À l’image de son mentor Bernard Tapie, JMA est obsédé par la Ligue des champions et rêve pour ses Gones qu’ils deviennent « à jamais les seconds ». Mais après sa Coupe du monde désastreuse en Afrique du Sud, Yoann va vite enchaîner blessures et contre-performances. Son attitude mutique alimente les rumeurs de dépression. Après trois saisons décevantes, et dans un contexte économique difficile pour le club, France Football tire un premier bilan accablant pour le joueur et le club en révélant les montants ascensionnels de ses salaires et primes annuels : 4,46 millions d’euros en 2010-2011, passés à 6,64 millions en 2013. Pour ses deux dernières années de contrat, les chiffres monteraient jusqu’à 7,6 millions par an. S’il allait au bout de son contrat lyonnais, il coûterait 65 millions d’euros ! Sans oublier qu’en cas de transfert, l’OL devrait rétrocéder 20% du prix de revente aux Girondins de Bordeaux. Or, le désormais remplaçant de luxe est invendable. Face au gouffre financier qui s’annonce, Aulas confesse en avril 2013, en privé, selon RMC, une « catastrophe industrielle », un « accident économique ». Le bail de Gourcuff aura été le pendant désastreux de celui, solaire, de Sonny Anderson en 1999. C’est la fin des grands transferts judicieux de la grande époque de Marcelo Djian, appuyé par le flair de Bernard Lacombe : JMA aurait-il perdu sa Midas touch ? Lors des cinq années lyonnaises de Yoann, l’OL n’aura gagné qu’une Coupe de France et le Trophée des champions 2012.

L’ami Nasser et les Lumières tardives

L’année 2011 a ensuite vu l’émergence en L1 de deux concurrents dopés aux finances quasi infinies. En juin, le PSG passe sous contrôle de QSI, soit le Qatar, véritable État-actionnaire, puis en décembre, c’est l’AS Monaco, alors en L2, qui est rachetée par un oligarque russe, le milliardaire Dmitri Rybolovlev. Confronté à la surface financière gigantesque parisienne, l’OL de JMA ne peut pas lutter : c’est la fin quasi définitive de la suprématie de l’OL, condamné dès lors à n’être, au mieux, que le second en France derrière Paris. Ce que le club n’a fait que deux fois en championnat (2015 et 2016). Or, dans la stratégie de la marque OL, ne plus être le numéro 1 national déprécie sa valeur en bourse et à l’international. Dès 2012, deux signes actent le cruel déclassement de l’OL : en mars, les Gones se sont fait sortir en huitièmes de Ligue des champions par le redoutable APOEL Nicosie aux tirs au but et en mai, c’est l’outsider Montpellier qui coiffe le PSG au poteau pour le titre de champion de France. Rideau ! Dans la foulée, malgré d’honorables places sur le podium et une demi-finale de Ligue Europa en 2017, l’OL est rentré dans le rang. Le club rhodanien subit la politique de transferts prestigieux de Paris, puis de Monaco, et Aulas n’est pas parvenu à s’associer à un grand partenaire-actionnaire en mesure de rivaliser avec le PSG hégémonique. Autrefois réputé pour son attractivité, Lyon encaisse une rude concurrence symbolisée par le cas Mbappé, nouvelle star passée chez ces deux rivaux fortunés, l’AS Monaco (champion surprise en 2017), puis le PSG de « mon ami Nasser »… Entre-temps, l’OL s’est attelé en octobre 2012 à la construction de sa propre enceinte, le Grand Stade. Mais, outre son coût très élevé qui a plombé les finances d’OL Groupe (on parle de 450 millions d’euros, ventilés entre fonds propres, emprunts bancaires et émission d’obligations), les travaux ont démarré avec trop d’années de retard. Afin d’accroître très judicieusement les revenus du club, Jean-Michel Aulas avait eu l’idée de bâtir son stade dès 2007, avec une rapide mise en route du futur projet Parc OL, au moment de l’hégémonie lyonnaise. Sauf que… Les recours juridiques des riverains, les fouilles archéologiques et les longues négociations avec les pouvoirs publics impliqués dans les infrastructures attenantes (transports) ont retardé les travaux ! Le Stade des Lumières (magnifique, classé 5 étoiles UEFA) a été tardivement inauguré le 9 janvier 2016, au moment où l’étoile lyonnaise avait pâli. La large capacité de 59 000 places avait été imaginée lors de la période faste des années 2000 en vue de futures aventures européennes. Or, de 2016 à aujourd’hui, le stade rebaptisé Groupama Stadium est devenu « over sized », ne faisant que rarement le plein. Reste une question : à quoi pensait JMA au soir du 19 juillet 2022 quand Mick Jagger y faisait reprendre en chœur le public de 50 000 fans : « I can’t get no satisfaction » ?

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Jean-Michel Aulas coupe court aux rumeurs d'un retour à l'OL
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