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Aulas la menace

Par Nicolas Kssis-Martov
3 minutes
Aulas la menace

OL-OM n’a pas fini de tourmenter la Ligue 1. Le rapport rendu par Ruddy Buquet, l’arbitre de la rencontre sous le feu de nombreuses critiques depuis, éclaire d’un nouveau jour le déroulé des faits en coulisses. Ce précieux document, qui a donc fuité, dresse un portrait peu flatteur de l’encadrement et de la direction des clubs concernés. À commencer par Jean-Michel Aulas, qui endosse un étrange rôle de parrain du foot français.

« Je tiens à préciser que M. Aulas Jean-Michel, président de l’Olympique lyonnais, a tenu les propos suivants au moment de quitter mon vestiaire :« La compétition dépend de la LFP, vous de la FFF, je fais malheureusement partie du Comex (comité exécutif de la FFF, NDLR) et ça ne va pas en rester là. » » Pour une fois, l’homme en noir n’étouffe pas l’affaire et ne se tait devant les sous-entendus du boss lyonnais. Ruddy Buquet indique clairement que le président de l’OL lui a signifié qui il était, en gros son supérieur hiérarchique, et ce qu’il pouvait lui coûter de prendre la mauvaise décision. On connaît les rapports compliqués qu’entretient le personnage avec le corps arbitral, et les complaintes qui affleurent souvent de la part de ceux qui doivent tenir le sifflet devant son équipe chérie. Peut-être que cette fois, au regard de la dimension exceptionnelle de ce qui était en train de se produire – match interrompu après un jet de bouteille sur Dimitri Payet – et l’onde de choc qui a suivi, l’arbitre a révélé ce que lui et ses confrères ou consœurs devaient endurer régulièrement. Son rapport ne cible d’ailleurs pas que l’attitude du clan lyonnais, mais pointe aussi la nervosité, sinon plus, des Phocéens, notamment celle du coach Jorge Sampaoli qui aurait « eu un comportement, des gestes de plus en plus déplacés à[son]égard en[le]montrant à plusieurs reprises du doigt dans[son]vestiaire », sans compter des propos non retranscrits par son traducteur.

Le Buquet final

L’ensemble du monde du football et les autorités se sont depuis penchés sur les violences et débordements des supporters, notamment avec des réunions interministérielles ou encore la réactivation de l’Instance nationale du supportérisme. En espérant que cela débouche sur une politique de sanctions individuelles, de prévention et de dialogue entre tous les acteurs impliqués. Toutefois, il faut aussi se saisir de cette alerte quant au fonctionnement interne du foot français. Car si les groupes ultras sont pointés du doigt, à juste titre, ils ne sont absolument pas rattrapés par le comportement de leurs dirigeants, si l’on se fie au spectacle lamentable et quasi délictueux que ce rapport laisse entrevoir. Coups de pression, menaces voilées, mépris de classe envers l’arbitre… alors que la gravité des événements aurait dû appeler à une prise de conscience collective, à un consensus entre représentants institutionnels ou privés, et donc aider l’arbitre à trouver la solution la plus raisonnable et apaisée possible. Au lieu de cela, Ruddy Buquet s’est retrouvé isolé et coincé entre la préfecture indécise, une LFP aux abonnés absents et donc aux petits coups d’intimidation de membres des deux clubs.

L’OL a évidemment nié l’intention sans pour autant oser réfuter la teneur des propos, en faisant à nouveau retomber sur l’arbitre et ses supposées hésitations la faute du naufrage de cette soirée : « Ce sont des propos incomplets, sortis de leur contexte et relatifs à l’incompréhension entre la Ligue, qui communique sur la reprise du match, alors qu’au même moment, l’arbitre a changé de position en arrêtant le match pour des raisons alors non expliquées. » Inexpliquées ? On tient le bon bout, c’est certain. Si ce rapport doit connaître une postérité, ce sera d’abord d’avoir jeté une lumière crue sur la routine ordinaire de la Ligue 1 et peut-être conduire commentateurs et observateurs à modérer leurs critiques à l’encontre des arbitres qui gèrent une pression hors normes dès qu’ils sortent du terrain, dans les vestiaires ou les couloirs du stade, loin des yeux et des oreilles des caméras. En comparaison, sur une saison, les chants des supporters doivent s’apparenter pour eux à d’aimables gazouillis.

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Par Nicolas Kssis-Martov

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