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Aulas : déni de fuite
Dans un entretien publié ce dimanche dans Le Monde, Jean-Michel Aulas a paru déconnecté de la réalité de son club qui ne cesse de s'enfoncer.
Selon le Larousse, voici comment définir l’expression « déni de la réalité » : « Mécanisme de défense du moi qui consiste à nier une perception traumatisante de la réalité extérieure. » Pour mieux imager cette définition un peu abstraite, il paraît que le célèbre dictionnaire va prochainement y accoler un exemple plus parlant : l’interview de Jean-Michel Aulas parue ce dimanche dans les colonnes du journal Le Monde. Sur près de 8000 caractères (avec les espaces), le président historique de l’OL se lance dans un constat on ne peut plus éloigné de la période de crise que vit son club, qu’il a vendu en décembre dernier à l’Américain John Textor. Une érosion des résultats depuis dix ans ? « Si on regarde la moyenne de classement des vingt dernières années en Ligue 1, l’OL est en tête, devant le PSG et Marseille. Cela veut dire que les autres clubs ont connu des périodes comme celle que l’on traverse depuis deux ou trois ans. » Même après ces trois dernières saisons ? « J’insiste. Il n’y a vraiment que pour l’année dernière, où l’on termine 8e, où je suis d’accord pour parler de contre-performance. » Au moins, il a la lucidité d’admettre que « cette saison, on est mal partis », même si, selon lui, « la dynamique est en train de repartir ».
Juni, le bouc émissaire
Depuis que le Groupama Stadium est sorti de terre, le projet lyonnais se fait de plus en plus flou les années passant. Sportivement, Jean-Michel Aulas et ses dirigeants semblent avoir perdu le fil. Le boss lyonnais rappelle, à raison, que les premières saisons dans leur nouvelle enceinte n’étaient, sur le papier, pas mauvaises (2e, 3e, 4e, 3e). Mais c’est peut-être aussi oublier l’effectif qu’avait alors à sa disposition Bruno Genesio, qui ne s’est jamais vraiment battu pour le titre. Au moins, la Coupe d’Europe était une quasi-certitude à chaque début de saison. Depuis 2019, avec le départ de celui qui officie désormais à Rennes, et l’arrivée de Juninho, l’OL a plongé. La faute à qui ? Indirectement celle de la légende brésilienne, selon Aulas. « J’ai fait ma première erreur de stratégie de ressources humaines en donnant une délégation du pouvoir sportif extrêmement large à Juni. Ça n’a pas fonctionné : était-ce parce qu’il n’était pas compétent ou parce que je l’ai mis à un poste qui ne correspondait pas à ses compétences ? », demande-t-il sans donner de réponse.
Ce n’est pas la première fois que le président historique envoie une bastos à Juninho depuis que celui-ci a quitté le navire, il y a un peu plus d’un an. D’ailleurs, c’est vrai que depuis que le meilleur tireur de coup franc de l’histoire s’en est allé, l’OL fonctionne beaucoup mieux, avec cette neuvième place, dix-sept points derrière Lens, à mi-saison. Étonnamment, Aulas est beaucoup plus clément avec le successeur de Juni au poste de directeur sportif (même si ce n’est pas son titre officiel) : Bruno Cheyrou. « Contrairement à ce qui est dit, Bruno est hypercompétent. Ma volonté est qu’il prenne le poste de directeur sportif », défend-t-il. Pourtant, depuis que l’ancien joueur de Liverpool a repris le flambeau, il s’est plutôt signalé par une sortie lunaire en juillet dernier, où il se moquait de l’OM, plutôt que par des coups bien inspirés sur le marché des transferts, à l’exception de Saël Kumbedi et surtout Johann Lepenant, buteur ce dimanche face à Ajaccio.
Et c’est pas anodin #RCLOL pic.twitter.com/kg1C76wYbq
— Goaldorak (@Goaldorak2) October 2, 2022
Un an après avoir claqué 18 millions pour Romain Faivre, il a dû lui chercher une porte de sortie pour un prêt de six mois. Pour le reste, on ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir une philosophie de recrutement bien précise : il faut avoir déjà joué à Lyon. Aujourd’hui, alors qu’ils finissent leur mercato dans l’urgence, les Rhodaniens n’envoient pas des signaux positifs sur l’avenir du club qui a écrasé ce début de millénaire en Ligue 1. Et ça commence à se ressentir lorsqu’il faut convaincre des joueurs de venir, à l’image de Wilson Isidor, qui préférait initialement le projet lorientais à celui de l’OL. En même temps, quel est le projet des Gones ? Espérer faire comme Arsenal, absent du podium pendant six ans, et revenir jouer le titre ? Avec cette saison, ça va faire quatre ans que Lyon n’a plus fini parmi les trois premiers. Mais visiblement, tout va bien.
Par Léo Tourbe