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Augustin peut-il être la doublure de Cavani ?
Après un Euro U19 parfait, Jean-Kévin Augustin revient à Paris avec une grosse confiance. De quoi revendiquer le statut de remplaçant attitré d’Edinson Cavani. Sauf que vu ses objectifs sportifs, le club ne l’entend pas forcément de cette oreille...
En inscrivant cinq buts avant la finale, Jean-Kévin savait que le plus dur commençait. Le jeune attaquant de 19 ans était bien conscient qu’aux yeux du grand public, sa prestation globale pendant le tournoi ne servait pas à grand-chose s’il ne confirmait pas lors de la dernière marche italienne. Une marche décisive qui serait cette fois suivie par les amateurs de foot, et qui pourrait donc enfin le mettre véritablement en valeur. Lui donner du crédit. Pas franchement comme le reste. Qui a vu son triplé contre les Pays-Bas en phase de poules ? Qui a jeté un œil à la saison U19, qu’il a donc achevée avec onze pions ? Personne, en réalité. Alors, Augustin a assumé son statut de leader offensif. Et assuré dès la 5e minute, en faisant trembler les filets de très belle manière. Un contrôle magnifique, une accélération qui met deux adversaires dans le vent, une feinte de frappe et un sang-froid parfait devant le but : ça y est, le gamin a gagné son pari. Les curieux posés dans leur canapé connaissent désormais le nom du meilleur buteur d’une compétition qu’ils avaient jusque-là ignorée.
Voilà pour la belle histoire. Maintenant, il s’agit de réellement commencer celle avec son club formateur, le Paris Saint-Germain. Un défi forcément plus élevé. Le but n’est évidemment pas de jouir d’une place de titulaire. Chaque chose en son temps. Mais l’objectif reste quand même de prouver qu’il peut représenter la doublure d’Edinson Cavani. Pas sur quelques mois, non. Sur une saison complète, voire deux. La question est donc la suivante : est-ce viable pour le PSG ? En apparence, la réponse est oui pour Unai Emery. « Ça prouve le travail du centre de formation, son titre en est une conséquence, a déclaré le nouvel entraîneur parisien dans Goal au sujet de sa performance contre l’Italie. Il a eu une opportunité incroyable de représenter son équipe durant ce tournoi, il faut qu’il en profite et on va essayer d’en profiter aussi quand il va revenir. » Des paroles prometteuses pour Jean-Kévin.
L’obstacle expérience
Sauf que la réalité estivale est différente. Au vrai, le PSG ne semble pas franchement considérer l’attaquant comme le remplaçant numéro un de Cavani. Une des raisons qui expliquent d’ailleurs pourquoi le club de la capitale tente toujours d’attirer Robert Lewandowski dans ses filets. Les ambitions de Paris sont grandes et les joueurs alignés sur le terrain doivent l’être tout autant. Même avec Emery. Ils doivent représenter le projet « Rêvons plus grand. » Or, Augustin n’a qu’une saison professionnelle, 424 minutes de Ligue 1, quatre titularisations et un but dans les pattes. Un peu léger pour porter le poids de l’attaque parisienne sur le dos quand l’Uruguayen sera absent, même contre les petites équipes nationales. « Ce n’est pas à moi de dire s’il doit jouer à Paris cette saison » , a d’ailleurs tempéré Ludovic Batelli, le sélectionneur de l’équipe de France U19, après le sacre des siens, montrant qu’il n’était pas forcément ravi à l’idée que son poulain reste chez le champion en titre. Un champion qui vise le dernier carré européen et qui aura besoin d’un banc solide pour mener à bien cette quête.
Pas franchement mieux chez les autres
Reste que si on regarde chez les cadors voisins, installer Augustin derrière Cavani n’apparaît plus vraiment comme une utopie. Car rares sont les équipes qui peuvent se targuer d’avoir deux purs numéros 9 confirmés. Le Bayern Munich ne compte que sur Lewandowski. Barcelone n’a que Luis Suárez. Au Real, il y a désormais Karim Benzema et Álvaro Morata, mais Zizou a remporté la dernière C1 avec Lucas Vázquez et Jesé Rodríguez comme doublures. Celles de Manchester City et Chelsea se nomment Wilfried Bony et Michy Batshuayi. L’Atlético ? Dans son schéma à deux pointes, Diego Simeone n’a quasiment utilisé que Fernando Torres et Antoine Griezmann pour atteindre la finale de LDC. Bref, un Augustin avec chasuble ne fait plus franchement tâche. Certes, le PSG n’a pas de Cristiano Ronaldo ou de Lionel Messi. Et il n’en aura pas. Mais il pourrait se mettre en recherche d’un profil style Thomas Müller, capable de tenir le rôle d’avant-centre comme d’évoluer sur un côté. Voilà la priorité. Histoire que si Jean-Kévin cède sous la pression en oubliant ses sensations de juillet, la solution de rechange soit à portée de main.
Par Florian Cadu