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- Retraite de Marcell Jansen
Auf wiedersehen, Marcell
À seulement 29 ans, Marcell Jansen, 45 sélections avec la Nationalmannschaft, a profité de la fin de son contrat à Hambourg pour dire stop. Malgré des offres de Benfica ou Everton, le grand gaucher a préféré la fidélité.
Peu après avoir annoncé sa décision à Bild, Marcell Jansen a donné son explication sur sa page Facebook, pour que tout le monde puisse comprendre son choix.
Chers fans et amis,
Je dois vous dire quelque chose, et cela doit venir du cœur, être honnête et réfléchi. J’ai décidé de quitter le football professionnel ! Bien sûr, je pourrais maintenant choisir un club différent, enfiler leur maillot et « prendre » quelques années de plus. D’autant plus que certaines offres très intéressantes et surtout lucratives sont sur la table. Cependant, je veux après des années de succès dans le football professionnel commencer à présent un nouveau chapitre de ma vie et travailler sur de nouveaux projets passionnants en dehors du football. Ce que ce sera précisément, je vous le dirai en temps voulu. Entre le Borussia, le Bayern et pour finir le HSV, j’ai joué dans trois fantastiques clubs de tradition. Avec le Bayern, j’ai pu gagner la Bundesliga, la DFP-Pokal et la Ligapokal. Ces hauts faits sportifs resteront avec moi toute ma vie. J’ai également eu la chance de vivre un conte de fées d’été lors de la Coupe du monde en 2006 à la maison, en tant que plus jeune joueur avec Cristiano Ronaldo. Cela a été et reste le plus grand tournoi que j’ai jamais connu et l’un des meilleurs moments de ma carrière, ce qui est certainement le rêve de tous les gosses et de tous les professionnels. Cela me comble de gratitude et de fierté, d’avoir participé aux tournois les plus importants pour chaque professionnel : deux Coupes du monde et un Championnat d’Europe – et oui, je suis aussi reconnaissant d’être devenu vice-champion d’Europe. Tout comme je suis heureux et fier d’avoir triomphé deux fois avec le HSV dans la lutte contre la relégation.
Bien sûr, je porte avec une grande affection dans mon cœur mon club d’origine, le Borussia, et mes sept années au HSV m’ont particulièrement influencé – et maintenant j’irai au stade en tant que fan et j’encouragerai les joueurs des gradins. Ma carrière n’aurait jamais été ce qu’elle a été, si certaines personnes si désintéressées et motivées ne m’avaient pas soutenu. Surtout mes parents ! Merci maman, merci papa … Quand je suis passé de SV Mönchengladbach 1910 au Borussia à l’âge de huit ans, en 1993, ni mes parents ni moi ne pouvions prévoir que mon rêve d’enfance se réaliserait… Je veux dire merci à tous les gens de mon cœur, ceux qui m’ont accompagné, sans qui mon rêve ne serait pas devenu réalité ! Surtout, mes parents et mon conseiller Gerd et toute l’équipe de Coaches & More. Mais aussi mes entraîneurs et toutes les personnes sans qui je n’aurais peut-être pas eu autant de succès : l’intendant, le chauffeur de bus, les agents de sécurité, tous les membres du personnel, les médecins, les physiothérapeutes et beaucoup d’autres. Un grand merci également à l’équipe DFB, grâce à qui j’ai vécu une grande aventure, des U-18 jusqu’à l’équipe senior. Et bien sûr, les fans et les fan clubs – merci les gars ! Le football était déjà mon hobby quand j’étais un petit garçon… et ce hobby, je vais m’y consacrer à nouveau dans mon temps libre… et pour tout le reste vous pouvez être curieux !
Votre Cello.
Marcell de la vie
Et comme ça, Marcell s’en est allé. Bien sûr, ces deux dernières saisons, Jansen les a plus passées sur le banc ou en tribunes qu’autre chose, la faute à une foule de petites blessures. Mais rien de grave, pas de genou qui lâche, de cancer qui avance. Pas non plus d’envie qui s’en va, comme un Deisler rongé par la dépression. Marcell le confirme, il aime toujours le football, et les offres, il les avait. Benfica, Everton étaient sur les rangs, notamment. Comme il le dit lui-même, son palmarès et son CV parlent pour lui. Certes, il ne s’est jamais imposé au Bayern, mais dans la grande série des successeurs malheureux au trône de Lizarazu, il était peut-être le plus pardonnable : une seule saison de trois mois tronquée par une sale cheville, et puis Jürgen Klinsmann qui le jette pour ne pas avoir été assez bon à l’Euro 2008. Un tournoi sans saveur, où il n’a disputé que le premier match en tant que titulaire avant de rendre son – mauvais – poste à Lahm, mais au cours duquel il n’a pas non plus démérité plus que de raison.
Sinon, pourquoi Löw aurait-il continué à le faire entrer à chaque match ? Parfois pour une poignée de minutes (auquel cas, difficile d’être vraiment mauvais), ou pour une mi-temps entière contre l’Espagne en finale (à cause d’une blessure de Lahm), où il n’a pas été plus mauvais qu’un autre. Idem pour la Coupe du monde 2006, où s’il n’était pas le plus jeune, et CR7 non plus – c’était Messi -, il était bien là. Longtemps, Jansen était la valeur refuge à gauche en NM, celui vers qui on se tournait quand les autres avaient déçu, avant de retourner à Lahm. En 2014, il était même dans le groupe des 30. À une émergence d’Erik Durm près, ou même une volonté tactique d’évoluer avec quatre centraux (coucou Höwedes et Mustafi), Jansen aurait été champion du monde. Aujourd’hui, il raccroche les crampons. Sans regret ni amertume. Parce qu’il ne pouvait plus aimer : Mönchengladbach, son rêve de gosse, lui qui est né là-bas, le Bayern, le grand club, celui qu’on espère, et Hambourg, sa nouvelle maison, cela lui suffisait. Si l’amour dure trois ans, pour Jansen, il dure trois clubs. C’est déjà beaucoup. Qu’importent les conventions. L’argent, les titres et la gloire, il a tout connu. Autant arrêté la tête haute et le cœur en paix. Danke Marcell.
Par Charles Alf Lafon