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Audrey Pulvar : « Je préfère écouter les matches à la radio »
Audrey Pulvar déchaîne les médias ces derniers jours. Après la une des Inrocks mercredi et l’insulte de Séguela à son encontre, la chroniqueuse d’« On n’est pas couché » ne laisse personne indifférent. L'occasion de lui parler de foot, de politique et de médias. Des domaines où la journaliste tout terrain ne se défile pas et évoque la période où elle suivait les exploits de Socrates, de Zico et de Maradona.
Avez-vous un goût particulier pour le football ?
Oui, bien sûr, j’aime le foot. En ce moment, je vois grosso modo qui sont les leaders, mais je ne le suis pas autant qu’avant. Quand j’étais plus jeune, j’ai eu une grosse période foot. Pendant les années 1980, je suivais beaucoup le championnat français et j’étais très pointue à l’époque sur les joueurs et sur la compétition mondiale. C’était l’époque des Socrates, des Zico au Brésil, de Maradona en Argentine. J’ai particulièrement suivi les Coupes du Monde 82, 86, 90.
Donc à la maison, le couple Pulvar-Montebourg regarde le foot ?
La dernière fois que ça nous est arrivés, c’était pendant la Coupe du monde en Afrique du Sud je crois, où on a regardé plusieurs matches. Mais je préfère écouter les matches à la radio. Quand je travaillais à iTélé et que je préparais l’émission le samedi soir, j’écoutais les soirées foot en fond sonore. J’aimais bien les retransmissions commentées par Guy Roux. J’aime beaucoup Didier Roustan. J’aime aussi les émissions de football sur iTélé, avec mon ami Pascal Praud, notamment, ou l’émission le dimanche soir avec Hervé Mathoux. Encore une fois, je ne suis pas une spécialiste. Nous aurions fait l’interview il y a une vingtaine d’années, vous auriez été impressionné par mes connaissances des entraineurs, des résultats, des matchs.
Y a-t-il plusieurs équipes que vous affectionnez ?
Oui dont certaines qui correspondent à des petits bouts de ma vie. J’ai bossé pendant un an à Marseille donc mon cœur bat forcément un peu pour l’OM ! Je suivais aussi pas mal Rennes, une équipe que j’aimais bien avec beaucoup de talents, avec Briand, Sow qui est arrivé ensuite. Sinon il y a eu le FC Nantes, même si ça fait un moment qu’ils sont dans les choux. J’avais aimé Lens aussi puis Lille, ces dernières années évidemment. J’aime bien ces équipes qui ne sont pas les blockbusters du classement en terme de moyens et de stars mais qui arrivent à faire leur chemin.
Quel regard portez-vous sur le traitement des championnats européens par les médias français ? Est-ce que c’est comme la politique où l’on s’intéresse surtout aux affaires franco-françaises ?
Je n’ai pas cette impression. Même si je ne regarde pas beaucoup la télé je vois quand même qu’on diffuse beaucoup les championnats européens. On a quand même la possibilité de voir des matches du championnat anglais par exemple, avec les abonnements qui vont avec, bien sûr. Puis il y a des émissions où, évidemment, on parle beaucoup de la Ligue 1 c’est vrai. Par contre, j’ai l’impression qu’on n’a quasiment jamais d’images du foot sud-américain. L’Afrique ? C’est pareil. A part au moment de la CAN, et encore c’est récent, parce qu’avant, la CAN, tout le monde s’en moquait.
Que pensez-vous de la venue des investisseurs qataris au PSG ?
Moi je pense que c’est une bonne chose. Je ne suis pas hostile aux capitaux étrangers. Ce qui me gène plus c’est la quantité d’investissement dans la discipline, qu’il soit qatari, américain, ou autre. On pourrait très bien créer des lois qui limitent la participation d’un capital étranger dans un club national. Ce ne serait pas très compliqué à mettre en place des lois qui nous protégeraient des investisseurs étrangers quels qu’ils soient. Je n’ai rien contre les Qataris. Mais qu’ils prennent 100% des parts d’un club national, je comprends que cela puisse choquer.
Le fait qu’Al Jazeera vienne s’implanter en France, en rachetant les droits de plusieurs championnats, dont la Ligue 1, c’est le signe que les médias français vont mal ?
C’est le signe en tout cas que les médias français ne sont pas épargnés par la mondialisation. Comme dans d’autres secteurs de l’économie, eux aussi vont devoir composer avec la concurrence. Aujourd’hui quand on voit que certaines anciennes colonies du Portugal, par le biais de capitaux, soutiennent l’économie portugaise qui est en grande difficulté… Quand on voit que de nombreux investisseurs venus des pays emergents s’installent en Europe, dans le football ou ailleurs, on se dit que les médias francais vont devoir mettre en place de nouvelles stratégies.
Parlons politique donc, quel candidat à l’élection présidentielle, selon vous, est le plus engagé pour la cause du sport ?
Je n’ai pas l’impression que ça soit un sujet prédominant, malheureusement.
Quand François Hollande veut taxer les salaires au-delà du million à 75%, c’est parce qu’il n’aime pas le football français ?
Je n’en sais rien, il faut lui poser la question. Je ne suis pas la porte-parole de François Hollande. Je pense que ce n’est rien de tout ça. Les joueurs de foot qui jouent en France bénéficient quand même des infrastructures du pays, bénéficient des services publics du pays, comme tout le monde. On est dans un pays en crise et tout le monde doit faire un effort. Donc ça me paraît normal que ceux qui ont des positions financières confortables contribuent plus que ceux qui n’en ont pas.
Vous ne pensez pas que ça va avoir une influence sur la compétitivité de la Ligue 1 ?
Dans l’état où l’Union Européenne se trouve actuellement, il faut bien se dire que la France ne sera pas la seule à mettre en place des taxes. Après, les footballeurs vont aller en Chine, aux Etats-Unis ? Je ne sais pas. Le football anglais sera peut-être protégé encore quelques temps, et encore. L’Espagne ? Quand vous voyez l’état actuel du pays, avec 50% des jeunes en âge de travailler au chômage etc… Comment voulez-vous que les gens continuent à se serrer la ceinture pendant que les footballeurs ne font aucun effort ? Ca ne va pas durer indéfiniment.
Pourquoi n’invitez vous aucun joueur de foot dans votre émission « On n’est pas couché » ?
Justement, c’est une demande qu’on nous formule de façon récurrente et moi je plaide pour qu’on reçoive des footballeurs. On a parfois reçu des sportifs, mais pas de footballeur récemment, c’est vrai. On a eu des rugbymen, des basketteurs, des patineurs artistiques. Mais Laurent aime beaucoup le foot, donc il n’y a pas de raison que ça n’arrive pas un jour.
Y a-t-il des footballeurs ou des anciens joueurs que vous connaissez personnellement ?
Oui, les deux noms qui me viennent à l’esprit, que je connais et avec qui j’ai des conversations amicales, ce sont Lilian Thuram et Christian Karembeu. Mais quand on se voit, on ne parle pas de foot, on parle de la vie, de la politique…
Propos recueillis par Dimitri Laurent