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- Ajax-OM (3-3)
Aubameyang, leader dans la tempête
Placé en pointe d’un nouveau système concocté par l’intérimaire Pancho Abardonado, Pierre-Emerick Aubameyang a délivré sa meilleure prestation depuis son arrivée à l’OM ce jeudi soir face à l'Ajax (3-3). Dans un contexte moribond en interne, le Gabonais endosse volontiers le costume de cadre, déjà.
La semaine est loin d’être terminée, et pourtant, à Marseille, tout le monde a la sensation d’avoir perdu des années d’espérance de vie en l’espace de quelques jours. Le contexte au club est délétère, la rupture entre la direction – qui s’est mise en retrait – et une partie des ultras est consommée, et au beau milieu de ce bordel, les joueurs. Ceux-ci ont, semble-t-il, fait comme si de rien n’était, ces dernières heures à Amsterdam, où ils ont dû jouer un match de coupe d’Europe, malgré tout, alors que les bisbilles internes paraissent bien plus grandes et plus importantes que le ballon. Dans la fournaise de la Johan Cruyff Arena ce jeudi soir, les Marseillais ont ainsi rendu fiers les quelque 2500 supporters présents sur place, et les millions derrière leurs écrans, dans une nuit de folie vécue jusqu’au bout (3-3). Surtout, ils pourront remercier Pierre-Emerick Aubameyang, auteur de son deuxième doublé sous la tunique phocéenne, en véritable guide vers un match nul valant déjà beaucoup.
Un cadre qui recadre
La veille, c’était déjà le Gabonais qui avait été envoyé devant la presse pour répondre aux sollicitations médiatiques obligatoires. Il s’en serait bien passé, mais Aubameyang a plutôt bien manié la langue de bois, alors qu’il a dû répondre presque uniquement à des questions sur le contexte en interne. « C’est une sacrée tourmente, avait-il concédé d’abord, avant de redresser la tête. On veut vraiment être focus sur le terrain et le football. On reste sur deux résultats qui nous restent en travers de la gorge et on veut redresser la barre. Il va falloir être prêt pour cet événement. […] Ce qu’on a à se dire entre nous, doit rester entre nous. Tout ce qui est dit entre nous et les dirigeants doit rester une discrétion, ça nous regarde nous. »
Au vu de la prestation rendue par les Olympiens ce jeudi à Amsterdam, on peut estimer que l’union sacrée a été décrétée entre les joueurs, ayant semblé retrouvé, par moments, les vertus de la saison dernière, à savoir la verticalité, l’esprit conquérant, la créativité, et la solidarité. En dépit de limites défensives flagrantes. Bien épaulé par Iliman Ndiaye et Amine Harit sur les côtés, Aubameyang est donc sorti du lot en plantant deux pions, après avoir été maladroit à de nombreuses reprises. En première période, c’est lui qui a égalisé d’une frappe légèrement chanceuse depuis l’extérieur de la surface, aidé par une faute de main de Jay Gorter (38e). Et c’est encore sur PEA que l’OM s’est appuyé pour revenir à hauteur à l’entrée du dernier quart d’heure, repiquant sur son pied droit pour enrouler une frappe, là encore en profitant d’une main pas assez ferme du portier adverse (78e).
Changement de système et repositionnement payant
Plus que ce doublé qui soulage tout un club, il y a d’autres motifs d’espoir pour Aubameyang, en difficulté ces dernières semaines. Depuis ses deux buts finalement anecdotiques en phase retour du tour préliminaire de Ligue des champions face au Panathinaïkos mi-août, l’attaquant était muet, et ne parvenait pas vraiment à rayonner dans le système à deux offensifs mis en place par Marcelino. Souvent loin des milieux, très isolé en pointe, il donnait parfois l’impression de ne pas comprendre ce qui lui était demandé. Ce jeudi, en retrouvant une animation lui permettant d’être seul devant, mais avec de vrais ailiers, ses coéquipiers ont eu beaucoup plus de facilité à le trouver, et lui, à exister.
Mieux encore : lorsque Pancho Abardonado a choisi de sortir Ndiaye pour faire entrer Vitinha peu après l’heure de jeu, l’ancien de Chelsea a solidement rempli sa mission, à savoir occuper le côté gauche de l’attaque, où il y avait clairement un coup à jouer. C’est d’ailleurs dans cette configuration-là que le buteur a égalisé pour la seconde fois, en mettant en exergue sa technique et sa vitesse balle au pied pour prendre le meilleur sur son vis-à-vis. De quoi donner une solution tactique supplémentaire à Abardonado, certainement ravi du rôle de leader assumé par son buteur, et dont l’intérim pourrait durer plus longtemps que prévu, à trois jours d’un Classique pour le moins imprévisible contre le PSG. « Dans les moments comme ça, il faut « step up », se montrer courageux, avoir faim et montrer la voie comme on le peut. C’est le travail de toute l’équipe qui a primé aujourd’hui », s’est d’ailleurs réjoui Pierre-Emerick Aubameyang auprès de Canal+ après la rencontre. Il y a un capitaine à bord, au moins sur le terrain.
Par Alexandre Lejeune