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  • Le derby du week-end – Venezuela – Deportivo Táchira/Caracas FC

Au Venezuela, le Clásico des gros tarés

Par Régis Delanoë
Au Venezuela, le Clásico des gros tarés

Si la sélection vénézuélienne de football n'a toujours pas réussi à se qualifier pour une Coupe du monde, son championnat local a gagné en intérêt ces dernières années, grâce notamment à l'engouement entourant le Clásico entre les deux clubs les plus titrés et les plus populaires du pays : Caracas FC, fier représentant de la capitale, et le Deportivo Táchira, l'emblème de la province. Bus cramé, terrain envahi, bagarres fréquentes… Entre les supporters des deux camps, c'est du brutal.

Avant de parler passion délirante et irrationnelle, évoquons une stat, étonnante : en 93 matchs disputés depuis 1985 entre Caracas et le Deportivo Táchira, le bilan actuel est de 31 victoires pour la première équipe, 31 pour la seconde et 31 résultats nuls ! Une répartition incroyablement égalitaire des résultats et un clin d’œil marrant à l’histoire de ce pays et des deux grands hommes qui ont marqué son histoire moderne : Simon Bolivar et Hugo Chavez… Des deux clubs, c’est Caracas FC qui a été créé en premier, en 1967, mais il n’est passé pro qu’en 1984. Son rival de la ville de San Cristobal, capitale de l’État de Táchira (proche de la frontière avec la Colombie à l’Ouest du pays), a été fondé en 1974. Plus tardivement donc, mais il a connu une ascension plus rapide. Dès sa première saison en élite en 1979, il conquiert un premier titre national. Les premières saisons, la rivalité entre les deux clubs n’en est pas encore vraiment une. Caracas FC préfère se frotter à ses voisins de la capitale, quand le Deportivo Saprissa entretient une relation tumultueuse de longue date avec le club voisin de l’Estudiantes de Merida. Ce n’est vraiment qu’à compter de l’année 2000 que va naître la légende du Clásico del futbol venezolano.

Vidéo

Le 17 décembre 2000 plus exactement a lieu la finale retour de la Coupe du Venezuela au stade du Pueblo Nuevo de San Cristobal. À l’aller, Caracas l’avait emporté 2-1 devant son public. Les joueurs du Deportivo Táchira cherchent à forcer le verrou adverse, ils ouvrent le score, mais se font rejoindre par deux fois. Score final : 2-2, le club de la capitale est qualifié. S’en seraient suivi, d’après la légende, quelques provocations de la part des vainqueurs, ce qui n’aurait pas plu au public local, prêt à partir au quart de tour. Une partie des supporters réussit à tromper la vigilance du service de sécurité et à se ruer sur le terrain pour en découdre avec les joueurs de Caracas, lesquels doivent précipitamment trouver refuge dans les vestiaires. Les minutes qui suivent sont confuses. Des fans décident de passer leurs nerfs sur le bus du club de Caracas, qui est incendié. C’est l’étincelle qu’il fallait pour que la rivalité entre la formation de la capitale et celle de la province prenne une tournure haineuse. Une rivalité entretenue par les médias, mais surtout par les supporters, avec deux sulfureux barrabravas qui se constituent et se cherchent constamment des noises : Los Demonios Rojos du côté des Rouges de Caracas, la Avalancha Sur du côté des Jaune et Noir du Deportivo Táchira.

Une sombre histoire de maillots…

À chaque Clásico, les forces de l’ordre mettent en place un dispositif impressionnant pour éviter aux deux groupes ultras de s’affronter. S’ils se détestent, les deux camps ont donc rarement l’occasion de se croiser. Mais à la moindre occasion, ça peut partir en sucette, comme en avril 2009… à Buenos Aires. Le 29, Caracas disputait un match face au club de Lanus pour le compte de la Copa Libertadores. Par le hasard du tirage au sort, un match du Deportivo Táchira était prévu le lendemain 30 avril, également dans la capitale argentine, face à Boca Juniors, pour la même compétition. Les supporters vénézuéliens des deux camps, en déplacement dans la même ville en même temps, n’ont pas manqué ce rendez-vous et se sont joyeusement foutu sur la tronche en plein cœur de Buenos Aires…

Plus récemment, un fait complètement dingue a montré combien la haine est tenace et peut pousser à n’importe quoi, même au plus débile. C’était le 28 octobre 2012 et le Deportivo Táchira disputait un match à domicile contre l’Atlético Venezuela. À l’époque, une campagne nationale de sensibilisation au cancer du sein était menée et la présidente du club Juana Suárez avait décidé, en accord avec l’ensemble des instances du club, de marquer le coup. Un geste symbolique mais important, alors qu’un des membres de la direction se battait à l’époque contre un cancer. Pour l’occasion, les joueurs devaient troquer leur habituelle tunique rayée jaune et noire contre un maillot uni rose. À peine entrés sur le terrain cependant, ils ont subi une bordée d’insultes en provenance des tribunes, jusqu’à ce que certains fans envahissent la pelouse, contraignant l’arbitre à annuler la rencontre. Réaction homophobe ? Non, ont répondu les membres de la Avalancha Sur. Pour justifier leur action, ils ont indiqué qu’ils ne pouvaient pas supporter que leur équipe porte un maillot si proche du rouge des ennemis de Caracas FC…

La nouvelle concurrence des protégés du frangin Chavez

Dimanche aura donc lieu le 94e Clásico de l’histoire récente du football au Venezuela. Comme toujours ces dernières années, les supporters visiteurs, en l’occurrence cette fois-ci ceux de Caracas, feront le très long déplacement entre les deux villes en car : plus de 800 bornes, une grosse dizaine d’heures de route, tout ça pour être parqués et étroitement surveillés par un service de sécurité au taquet. L’enjeu de ce match : la quête du championnat bien sûr, entre les deux plus beaux palmarès du pays. Caracas FC a remporté 11 fois le titre dans son histoire, le Deportivo Táchira 7 fois. Mais la Primera Division vénézuélienne est actuellement dominée par un troisième larron : le club de Zamora FC, apparu en élite il y a moins de dix ans et qui a remporté le premier titre de son histoire la saison passée. Alors que les instances nationales du football sont réputées particulièrement corrompues, il ne faut pas complètement s’étonner de savoir que ce club de Zamora est présidé par un certain Adelis Chavez, petit frère du défunt président… Mais au diable les suspicions et les trafics, place encore ce week-end à l’un des Clásicos les plus cinglés d’Amérique du Sud !

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Par Régis Delanoë

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