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Au revoir, ciao, bye, adiós, Stéphane Dalmat

Par Mathias Edwards
Au revoir, ciao, bye, adiós, Stéphane Dalmat

Châteauroux, Lens, Marseille, Paris, Inter, Tottenham, Toulouse, Racing Santander, Bordeaux, Sochaux, Rennes et enfin vaguement Nîmes. Malgré un talent indéniable, Stéphane Dalmat aura traîné son vague à l’âme de club en club avant de dire « stop » dans l’indifférence quasi-générale. Une carrière faite de quelques hauts mais d’énormément de bas qui mérite bien un dernier hommage.

Victor Zvunka est formel : trois semaines après son arrivée dans le Gard, Stéphane Dalmat ne fait déjà plus partie de l’effectif du Nîmes Olympique. En validant l’information donnée au conditionnel par France Football le 23 juillet dernier, l’entraîneur des Crocos confirme que le natif de Joué-lès-Tours aura fait honneur jusqu’au bout à ses origines. Lassé par le train-train entraînements-trajets en bus-mises au vert, Stéphane Dalmat s’est résolu à avouer au coach qui l’avait lancé dans le monde pro à Châteauroux il y a quinze ans qu’il n’avait plus la motivation pour continuer. Membre du club très fermé des joueurs ayant évolué en France, en Italie, en Espagne et en Angleterre, il n’aura réussi à accrocher à son palmarès qu’une Coupe de la Ligue en quinze saisons et douze clubs fréquentés. Un tableau de chasse famélique au regard des espoirs suscités, et jamais vraiment confirmés, d’un joueur au talent toujours loué par ses partenaires et entraîneurs.
Le couac marseillais

La carrière de Stéphane Dalmat connaît un démarrage tout en puissance. En 1998, après une première saison pro passée à défendre les couleurs de Châteauroux fraîchement promu en Ligue 1, il laisse la Berri retourner en Ligue 2 et s’engage avec Lens. Aux côtés de Vairelles, Moreira, Smicer, Rool ou Debève, Stéphane découvre la Champion’s, l’Équipe de France Espoirs, et clashe Metz en finale de la Coupe de la Ligue. Des performances qui tapent dans l’œil de l’Olympique de Marseille qui n’hésite pas à péter le record du transfert le plus élevé entre deux clubs français en déboursant 10,7 millions d’euros pour s’attacher ses services. En déménageant pour la troisième fois en trois ans, à tout juste 20 ans, Dalmat est déjà un expert en emballage de cartons. Un geste technique qu’il n’a pas fini de perfectionner.
Sur la Canebière, Stéphane Dalmat vit son premier vrai couac. L’OM use cinq entraîneurs dans la saison – Courbis, Casoni, Braga et le duo Emon/Galtier – et se sauve de la relégation à la différence de buts. Au milieu de ce marasme, Dalmat trouve tout de même le moyen de briller un soir d’octobre lors d’une rencontre de poule de Ligue des champions. Son coéquipier Peter Luccin raconte : « Son match contre le Manchester de Beckham, Yorke et Scholes, m’avait vraiment marqué. Il avait été époustouflant. Sa passe décisive pour William Gallas, c’était quelque chose… » Les gestes de grande classe, tels que cet extér’ du droit dans la course du futur Gunner, l’ancien Castelroussin les distillera au compte-gouttes tout au long de sa carrière. Comme autant de piqures de rappel quand le besoin s’en faisait sentir, pour que personne n’oublie qu’il est le phénomène que Luccin aime à décrire : « Puissant, technique, à l’aise des deux pieds, il pouvait évoluer à tous les postes du milieu de terrain avec un énorme pouvoir d’accélération. » Certes, mais les dirigeants olympiens se rendent vite compte que Peter et Stéphane, ce n’est pas franchement la classe américaine. Un échec qui n’effraie pas le Paris Saint-Germain qui s’offre la paire en juillet 2000, déboursant à son tour 10,7 millions d’euros pour le seul Dalmat. C’est reparti pour un atelier cartons.

Echangé contre Vampeta…

Alliés à Nicolas Anelka dans une équipe maladroitement rebaptisée « PSG Banlieue » , les deux transfuges de l’OM ne réussissent pas mieux dans la capitale. Luis Fernandez, appelé pour remplacer Philippe Bergeroo en cours de saison, cède Stéphane Dalmat à l’Inter contre le fantasque Vampeta dès le mercato hivernal, officiellement pour manque d’entrain de la part du meneur de jeu. Ce que Luccin dément : « On lui a fait comprendre qu’il fallait qu’il parte. Mais cela n’avait rien à voir avec un manque d’investissement de sa part. » Les cartons contenant les vêtements d’hiver n’avaient même pas encore été déballés. Pratique. A l’Inter, Stéphane Dalmat découvre enfin le concept de la stabilité en défendant durant deux saisons et demie les couleurs nerazzurri.

S’il n’est pas titulaire dans l’équipe dirigée par Massimo Moratti, sa polyvalence fait de lui un parfait joueur de complément et lui permet de disputer 67 rencontres et d’inscrire quatre buts, dont un superbe face à la Fiorentina lors de sa première saison. En septembre 2003, l’Inter décide de le prêter à Tottenham, qui cherche un milieu gauche pour pallier les blessures de Christian Ziege. Le projet avait du sens, mais Dalmat connaît à son tour une série de pépins physiques qui l’empêche de conquérir White Hart Lane. En fin de saison, les Spurs ne lèvent pas l’option d’achat et Dalmat est de nouveau prêté par l’Inter, cette fois-ci au Téfécé, pour l’exercice 2004-2005. Le retour à la dure réalité de la Ligue 1 est rude, et c’est son pied gauche qui en fait les frais. Fracturé après un début de saison prometteur, Dalmat ne peut relever le challenge toulousain et voit une nouvelle fois son option d’achat rester lettre morte. L’Inter lâche à son tour l’affaire en libérant le Tourangeau de son contrat.

Le spleen bordelais

Libre, Stéphane Dalmat décide de découvrir l’Espagne et s’engage avec le Racing Santander en juillet 2005, où son frangin Wilfried ne tarde pas à le rejoindre. En Cantabrie, la fratrie a du mal à s’imposer. Très critiqués, les Dalmat Brothers décident de faire un break en prolongeant leurs vacances de Noël. Une initiative qui n’amuse pas leur président, le sémillant Manuel Huerta, qui ordonne à son entraîneur Manuel Preciado de ne plus aligner Stéphane jusqu’à la fin de la saison. En juin 2006, l’ancien espoir enchaîne sa deuxième rupture de contrat consécutive. Alors que sa carrière prend de plus en plus des allures de calvaire, les Girondins de Bordeaux lui tendent la main. Prudents, les Marine et blanc ne lui proposent qu’un an de contrat. Bien vu.

Barré par Wendel, Dalmat n’est titularisé qu’à neuf reprises par Ricardo et ne parvient à briller qu’un soir de décembre à Eindhoven, lors d’un dernier match de poule de Ligue des champions comptant pour du beurre. A ce propos, les gens qui auraient des nouvelles du slip d’Alex sont d’ailleurs appelés à se manifester auprès du défenseur brésilien du PSG. Mais en dehors de rares éclairs de génie, le #20 des Girondins traîne son spleen sur les terrains d’entraînement du Haillan. Selon Peter Luccin, qui a également joué au FCGB, l’explication est toute trouvée : « Bordeaux est un grand club, mais après avoir connu l’Inter et Tottenham, c’est difficile de trouver la motivation. » Amen. A nouveau libre de tout contrat en juillet 2007, après que Bordeaux eut remporté la Coupe de la Ligue sans lui, c’est à Sochaux que Stéphane Dalmat ira « trouver la motivation » .

Luccin : « Un gars introverti »

C’est finalement dans le Doubs que l’ex future star posera ses valises le plus longtemps. Durant ses trois saisons sous les ordres de Frédéric Hantz, Jean-Luc Ruty puis Francis Gillot, il dispute plus d’une centaine de rencontres. Lors de sa deuxième saison, il est même nommé capitaine avant que le brassard lui soit retiré suite à son implication dans une bagarre ayant entraîné la blessure de policiers sur les Champs-Élysées. La fréquence d’un coup d’éclat par club est respectée. En juillet 2010, le Stade Rennais débourse 1,5 million d’euros pour s’attacher ses services. L’expérience est encore une fois mitigée. Après une première saison correcte, il décide, en accord avec Frédéric Antonetti, de ne plus être inscrit sur les feuilles de match lorsqu’il n’est pas titulaire au cours de l’exercice 2011-2012.

Un statut qui l’écarte définitivement du groupe jusqu’à la fin de la saison. En retrouvant Victor Zvunka, le coach de ses débuts, au Nîmes Olympique, Stéphane Dalmat cultivait l’espérance de retrouver cette satanée motivation. L’espoir n’aura même pas duré assez longtemps pour qu’il puisse déballer ses cartons. « C’était un gars introverti, qui avait sa vie en dehors du foot, mais qui n’allait jamais contre l’intérêt du groupe » , dit de lui Peter Luccin. Et des déménageurs, serait-on tenté d’ajouter.

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