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Au Portugal, Cristiano Ronaldo n’appartient pas encore au passé
Loin des radars depuis sa signature en Arabie saoudite, Cristiano Ronaldo continue de se montrer indispensable avec le Portugal.
L’image avait figé le temps, ce 10 décembre 2022. Sorti par le Maroc au bout d’une triste prestation en quarts de finale de Coupe du monde (1-0), le Portugal voyait surtout l’un des meilleurs joueurs de son histoire craquer dans le tunnel le menant aux vestiaires. Incapable de retenir ses larmes, Cristiano Ronaldo sanglotait en effet dans les bras de l’un des membres du staff de la Seleção, certainement conscient d’avoir donné ses dernières accélérations au pays. Surtout, cette émotion lacrymale venait ponctuer un Mondial ô combien poussif, avec un rôle de remplaçant imposé par Fernando Santos. Pour l’attaquant, le temps a heureusement fait son travail, en lui permettant de retrouver aujourd’hui ses pleines capacités en sélection et de brillamment endosser ce costume de passeur de témoin. Et pour quelques années encore, peut-être.
Le sens du but
Sept sur six. Voici ce qui définit ce retour en forme à la préretraite chez Cristiano Ronaldo, 38 ans au compteur. Depuis l’épisode qatarien, le buteur aura en effet enquillé sept buts sur ses six apparitions sous la tunique nationale. Toutes disputées dans la peau d’un titulaire. Ses trois doublés, respectivement inscrits face au Liechtenstein, au Luxembourg et à la Slovaquie, ainsi que sa réalisation en Islande, l’ont hissé au deuxième rang des meilleurs buteurs des qualifications à l’Euro, derrière Romelu Lukaku (neuf buts). Évidemment, le calibre des adversaires affrontés peut prêter à la retenue, mais en tenant compte de ce passif récent, difficile de ne pas saluer la performance.
Un passif au sein duquel s’intègre donc sa signature à Al-Nassr, en Arabie saoudite. Premier de la longue liste des têtes d’affiche parties cette année, Ronaldo s’était décidé à quitter le plus haut niveau dès l’hiver. La faute à ses brouilles incessantes avec Erik ten Hag à Manchester United, mais également à une image dégradée auprès des écuries européennes susceptibles de l’engager. Ne restait alors que le rendement en équipe nationale, afin de conserver un second souffle.
Préparer l’héritage
Comme symbole des quelques moments restants encore à Cristiano Ronaldo sur les terrains de football, le franchissement des 200 sélections en septembre dernier fait office de vestige. Avec 202 capes, celui qui détient le record de matchs et de buts à l’échelle internationale (125 réalisations) se prépare en effet à laisser la nouvelle génération gouverner. Ils sont loin, les débats sur le Ballon d’or ou sa rivalité avec le désormais champion du monde Lionel Messi. « Son expérience ne fait que renforcer la qualité de notre groupe. Il est un stimulant d’envergure et une véritable référence pour les jeunes », louait Roberto Martínez, son sélectionneur, en conférence de presse. De la jeunesse à foison, portée par João Félix, Rafael Leão, Vitinha, Gonçalo Ramos ou António Silva, à même de s’appuyer sur le bon guide.
« Nous avons du talent partout, soulignait récemment l’intéressé. Et depuis que je suis en équipe nationale, nous ne nous sommes jamais qualifiés avec autant d’avance. On dit que les adversaires sont faibles, mais il y a quelques années, les adversaires étaient aussi décrits comme “faibles”. Pourtant, nous devions sortir la calculatrice pour être sûrs de se qualifier. » Rassuré par ses successeurs, il peut donc se fixer un ultime rêve à l’aube de disputer cet Euro 2024 aux allures de baroud d’honneur : « Atteindre les 1000 buts en carrière ? Il faut d’abord que j’atteigne les 900…Mais ce n’est pas impossible. » CR7 reste CR7.
Par Adel Bentaha