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Au pays des paradoxes

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Au pays des paradoxes

Pour le sommet du groupe C, aujourd'hui à Benguela, le Nigéria défie les doubles champions d'Afrique en titre égyptiens. Le perdant affrontera probablement le Cameroun en quart si la logique est respectée. Mais logique et coupe d'Afrique riment rarement ensemble...

Ce mardi à Benguela, en plein milieu d’après-midi, deux mastodontes du continent noir vont rentrer en collision. L’Egypte contre le Nigéria ; les sextuples champions d’Afrique contre les champions olympiques 96 ; les rois de l’Afrique contre les squatters en chef du podium continental (12 demi-finales sur 15 possibles depuis 1976 (1)). Des colosses certes mais aux chaussons d’argile. Ces deux là manient le paradoxe avec célérité.

Longtemps, les Pharaons sont passés pour d’habiles politiques qui récupéraient l’organisation de la coupe d’Afrique des Nations pour la gagner presque à tout coup. Quatre phases finales à domicile (1959, 1974, 1986 et 2006) pour trois victoires et une médaille de bronze (74). Du côté du Caire ou de Port-Saïd, on connaît sur le bout des ongles le retour sur investissement. Et puis, les Egyptiens sont allés gagner au Burkina-Faso en 1998 (2) avant de récidiver il y a deux ans sur les terres mêmes de l’ogre ghanéen, grandissime favori de la vingt-sixième édition. Leur statut a alors quelque peu changé. Si l’on rajoute les succès à répétition de Al-Ahly (6 ligues des Champions africaines) et du Zamalek Sporting Club (5 Champion’s) en club, on mesure à quel point les compatriotes de Hassan Shehata, le coach miracle de la sélection, dominent le continent. Seul hic, et de taille, si les Pharaons, à l’instar des Tchèques en Europe, brillent de mille feux en Afrique, ils se liquéfient dès lors que le Mondial pointe son nez. Première équipe à jouer la coupe du monde en 1934 (sur invitation, certes), ils ne sont depuis qualifiés qu’une fois sur le terrain. C’était il y a vingt ans. Un bail. A croire que les Pharaons ne peuvent s’épanouir qu’avec une étiquette d’outsider. Chaque succès à la CAN s’agrémente d’un crash en beauté. Cette fois, ce sont les Algériens qui se sont chargé des basses besognes. Pourtant, après un départ calamiteux dans la poule éliminatoire, la perspective d’un match d’appui inespéré aurait du les galvaniser. Au lieu de quoi, ce sont les Fennecs qui gambaderont cet été à Mandela-land. D’autres fois, comme pour la coupe du monde allemande en 2006, le sort s’en est mêlé puisqu’ils figuraient dans un groupe particulièrement ardu avec le Cameroun et la Côte d’Ivoire. Rien que ça.

Seule consolation éventuelle, les Egyptiens joueront cette fois pour l’histoire en essayant de devenir la première équipe à compiler trois victoires de suite (3) s’ils ajoutent un septième succès record à leur CV déjà copieux. La presse cairote est sceptique car la sélection d’Hassan Shehata, double championne en titre, a déroulé du câble et présente peu de nouvelles faces. Le « maître du Nil » de son côté croit dur comme fer à son ossature : El Hadary, son portier antédiluvien (37 ans) ; Gomaa et Saïd ses centraux altiers ; Shawky et Mostafa ses indéfectibles brise-glaces ; Ahmed Hassan son capitaine et stratège ; Zidan son attaquant aussi véloce qu’habile. Seules les blessures de Mohamed Aboutrika (le buteur de la finale 2008) et de Amr Zaki (9 buts à eux deux lors des qualifs) lui cause quelques tourments… De leur côté, les juvéniles Super Eagles (dont beaucoup ont joué la finale des J.O de Pékin) déboulent en Angola avec une vraie soif de revanche. Eliminés en quart de finale au Ghana (leur pire résultat depuis 1982), les joueurs de Shuaibu Amodu rêvent d’imiter leurs aînés de la génération dorée de 1994. Gonflés à bloc par leur qualification in extremis pour le Mondial (ils sont les seuls invaincus de la zone Afrique avec les Ivoiriens) aux dépens de la Tunisie, quasi-invincibles (une défaite en amical en 17 rencontres) depuis que leur nouveau coach a pris les rênes, les Nigérians ne craignent rien, ni personne, pas même le climat tropical qui pourrait handicaper les vieilles badernes égyptiennes. Pour une fois, les Super Eagles présentent un effectif équilibré qui ne penche pas dangereusement vers l’avant. On peut plutôt craindre le contraire. Apam (l’épouvantable boucher niçois), Yobo et Taïwo, derrière, bénéficieront de la collection de demi-défensifs (Ayila, Etuhu, Keyta, Olofinjana) retenue par Amodu. Ce sont Obi Mikel –pas tout à fait un numéro dix- et Chinedu Obasi (Hoffenheim) qui driveront le jeu nigérian. Pas obligatoirement une bonne nouvelle. En attaque, en revanche, il y a toujours abondance : Odemwingie (l’ex-lillois), Martins, le trop méconnu Yakubu (Everton), l’increvable Kanu et Obinna (une promesse interiste prêtée à Malaga). Du coup, l’absence sur blessure d’Ikechukwu Uche, le joueur de Saragosse, n’est pas trop préjudiciable. Curiosité : le poste de gardien de but (éternelle faiblesse nigériane) sera forcément occupé par un gardien évoluant en Israël. Les trois portiers retenus y évoluent.

Bon, sinon, les traditions extra-sportives perdurent : la préparation a été perturbée par les arrivées successives des joueurs à Durban (Af’Sud), la blessure de Martins a contraint le sélectionneur à retarder au maximum la communication de la liste des vingt-trois et le coach –malgré son bilan- vit toujours sur un siège éjectable. Business as usual. Bienvenue au royaume des paradoxes…

(1) : éliminé au 1er tour en 1982, le Nigéria est absent de la phase finale de 1986 et se fait sortir en quart en 2008. Dans ces statistiques, on ne tient pas compte des éditions de 1996 et 98 où les Super Eagles boycottent puis sont suspendus de la CAN.

(2) : en 1998, les Pharaons « bénéficient » également de la suspension du…Nigéria alors au top du hip-hop.

(3) : Dans l’histoire de la CAN, trois pays ont conservé leur couronne. L’Egypte en 1957 et 59 puis en 2006 et 2008 ; le Ghana en 1963 et 65 ; le Cameroun en 2000 et 2002. S’ils venaient à gagner cette année, les Egyptiens réussiraient un exploit inédit avec la passe de trois.

« D’ici deux ans, le gardien de l’équipe première aura un casque »

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