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Au nom de la Rose

Par Romain Duchâteau
Au nom de la Rose

Longtemps, Tottenham n’a pas cru en lui. Longtemps, Danny Rose a marché dans l’ombre et l’indifférence générale à Londres. Mais sous l’impulsion de Mauricio Pochettino, le latéral gauche anglais a fait taire les sceptiques pour devenir aujourd’hui ce qui se fait de mieux à son poste au Royaume.

Il n’y a peut-être pas de scène plus appropriée pour s’annoncer à Londres. Une douce nuit de printemps 2010, un White Hart Lane entièrement garni et, surtout, le 146e North London Derby de l’histoire en championnat. Sur la pelouse, Gareth Bale, Luka Modrić ou Samir Nasri se disputent la lumière. Mais c’est un gamin, même pas encore vingt ans et qui fête alors sa première apparition en Premier League, qui exaltera la foule. D’une volée aussi soudaine que splendide, Danny Rose soigne ses présentations avec le Royaume après seulement dix minutes de jeu. Sky Sports l’élira même comme la plus belle réalisation de l’exercice 2009-2010. Au terme de la rencontre, Tottenham s’impose face à son rival honni d’Arsenal (2-1) qui, par la même occasion, dit adieu à ses derniers rêves de titre.

Évidemment, dans la foulée, les louanges chantées ne sont réservées qu’au héros du jour. Le Telegraph saluera le lendemain comme il se doit celui qui « est devenu le temps d’un instant un héros culte pour les Spurs » . Harry Redknapp, lui, confiera sa joie tout en tenant à ne pas tomber dans l’euphorie : « C’est un but magnifique, incroyable. Il a un bon pied gauche et ne cesse jamais de courir. Danny est un bon petit joueur, mais je n’aimerais pas en dire beaucoup plus pour l’instant. » Le manager anglais visait juste. L’histoire devait s’écrire. Se mettre en marche à grande vitesse. Mais elle aura finalement été plus poussive et les chemins empruntés moins linéaires que prévus.

Doutes encombrants et prêts successifs

L’Angleterre a découvert Danny Rose avec le maillot des Spurs sur les épaules. C’est toutefois à Leeds que l’enfant de Doncaster a tracé les premières lignes de son parcours. Sans parvenir à se mettre en évidence. Arrivé à quinze ans chez les Peacocks, il plie bagages seulement deux ans plus tard. Avec une seule apparition sur le banc avec les professionnels. Relégué en League One et confronté à d’importants problèmes financiers, Leeds le cède pour environ 780 000 euros afin de renflouer un peu les caisses du club. Changement d’air et direction le nord de Londres pour l’Anglais. « Ce qui nous a plu tout d’abord, c’est sa qualité technique. Il pouvait jouer trois postes : latéral gauche, milieu relayeur ou ailier gauche. On était en concurrence avec Chelsea qui était très intéressé pour le prendre, se remémore aujourd’hui Damien Comolli, directeur sportif de Tottenham durant trois années (2005-2008). À l’époque, Tottenham avait déjà la réputation de prendre de bons joueurs britanniques et de leur laisser leur chance. C’est ce qui a fait la différence, car il estimait qu’il avait une vraie opportunité de devenir pro chez les Spurs. »

Au sein de la capitale anglaise, la marche s’avère haute. Alors il faut apprendre dans l’ombre à l’étage inférieur. Le gaucher est d’abord envoyé en prêt à Watford (mars-mai 2009), en Championship, où, malgré une poignée d’apparitions, il ravit Brendan Rodgers, qui parle d’un « joueur très talentueux et totalement dévoué » . Viennent ensuite deux nouveaux prêts, toujours en Championship, à Peterborough United (septembre-novembre 2009) et Bristol City (septembre 2010-février 2011). Des expériences éphémères formatrices et globalement satisfaisantes, mais qui ne suffisent pas à convaincre Harry Redknapp. « Ça n’a pas toujours été simple. Et c’est aussi dû au fait que son club et lui ont mis un moment à lui trouver son poste, éclaire Damien Comolli. Je pense qu’être baladé ne l’a pas aidé dans sa progression. Ça va certainement l’aider pour le reste de sa carrière, mais ça l’a sans doute handicapé une bonne partie à ses débuts. » Ailier de formation, Rose est installé définitivement comme latéral gauche à l’occasion de la réception en championnat de Blackpool (1-1, 7 mai 2011) et de l’absence de Benoît Assou-Ekotto. « C’est sa position. C’est désormais là où il jouera » , martèle son coach au sortir de la rencontre. Les débuts de l’envol ? Nullement.

Les mots doux de Pochettino

Jugé toujours trop tendre, le latéral britannique se contente de bribes d’apparitions avant d’être une nouvelle fois envoyé ailleurs pour s’aguerrir. Sa parenthèse d’une saison à Sunderland est fructueuse avec le titre de meilleur jeune joueur du club obtenu. À son retour, André Villas-Boas et son successeur Tim Sherwood lui donnent sa chance. Mais, entre les blessures et les prestations quelconques, il ne marque pas les esprits. À l’aube de la campagne 2014-2015, la messe semble donc dite. Encore plus quand le jeune Ben Davies débarque peu après la nomination de Mauricio Pochettino sur le banc des Spurs. Sauf que l’entraîneur argentin surprend tout son monde en refusant de le vendre. « Ce n’est pas un secret, quand le manager est arrivé, mon avenir était incertain, car je n’avais pas réalisé une aussi bonne saison que je l’avais espéré, expliquait-il en septembre dernier sur le site officiel du club londonien. Le coach est venu me voir et m’a parlé, j’ai été le premier avec lequel il a discuté. On a parlé de beaucoup de choses pendant une heure environ et l’une des premières choses qu’il m’a dite était que si je suivais sa philosophie, il me ferait devenir international anglais. » Pour faire en sorte que cette promesse se concrétise, le défenseur a dû se remettre en question. Abattre un travail acharné afin de donner raison à son boss. C’est à partir de décembre 2014 que la bascule s’opère. En plus de ses qualités techniques, de bon centreur et de vivacité, il étoffe sa palette en progressant dans le jeu collectif, l’anticipation et le repli défensif. Les progrès sont ostensibles aux yeux de tous, et la récompense tombe après un exercice 2015-2016 de très haute facture de Tottenham en figurant dans l’équipe type de l’année en Premier League.

« Depuis le premier jour, je lui fais confiance, assurait cet été Pochettino. Danny est un très bon joueur et la manière dont il a progressé ces deux dernières saisons est fantastique. Il est toujours ouvert pour travailler et s’améliorer. Tout le crédit lui en revient. » Et la prédiction s’est matérialisée. Après avoir été appelé une première fois en sélection anglaise en août 2014, il est officiellement devenu international des Three Lions après son match contre l’Allemagne en mars dernier (2-3). Preuve du nouveau statut qu’il a acquis, Rose a pris part à l’Euro 2016 et a prolongé de cinq années supplémentaires avec les Spurs en début de saison. « Il fait désormais partie de la meilleure défense du championnat anglais. Il est costaud défensivement, il va vers l’avant, a de grosses qualités techniques, sort facilement du pressing, est agressif et sait très bien s’adapter aux différents systèmes, comme il l’a montré dans le 3-5-2 contre Arsenal (1-1, 6 novembre), se réjouit Damien Comolli, fier de la trajectoire du joueur de vingt-six ans.C’est le top niveau. On savait qu’il avait du talent, mais surtout une détermination hors du commun. Dès le premier jour, il avait une énorme motivation intrinsèque parce qu’il venait d’un quartier difficile et connaissait aussi une situation familiale compliquée. Il avait une faim, une envie de réussir phénoménales et une force de caractère importante pour son âge. » Plus de six ans sont passés depuis ce fameux North London Derby. Les attentes ont enfin été comblées, les promesses autrefois dévoilées sont devenues des certitudes. Et il y a fort à parier qu’Harry Redknapp et tant d’autres ont désormais plus à dire concernant Danny Rose.

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Par Romain Duchâteau

Propos de Damien Comollli recueillis par RD

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