- Journée mondiale de la vasectomie
Au fait, pourquoi un ballon dans les testicules fait si mal ?
Très peu, voire aucun footballeur n’a échappé à une frappe dans les parties intimes pendant sa carrière. Et tous les joueurs connaissent la douleur qu’elle procure. Comment donc expliquer la sensibilité liée aux testicules ?
C’est sans doute la seule situation dans le football où l’on ne reproche jamais à l’adversaire de simuler. Toi-même, devant ton écran, tu souffres par empathie. Parce que tu l’as connue, cette atroce douleur qui te prend en une demi-seconde après avoir reçu le ballon dans tes parties intimes. Tout de suite, tu as regretté d’avoir fait le gars courageux qui voulait protéger son camp en mettant son corps en opposition. Comme le joueur qui souffre à la télévision, tu t’es écroulé illico en tenant ce que tu considères sûrement comme ton outil le plus cher au monde. Après de longues secondes de martyr, tu t’es relevé tant bien que mal. Tu as essayé de te remettre dans le jeu, en te forçant à oublier ce qui venait de se passer, mais ton bas-ventre, lui, n’a rien zappé. La douleur remontée sous la zone abdominale est un véritable enfer. Voilà la véritable hantise du footballeur : le coup dans les testicules. Qu’il vienne de l’adversaire, du ballon ou même du poteau.
Certaines sources pas franchement fiables assurent qu’un coup de pied dans les testicules serait 160 fois plus douloureux qu’un accouchement. La chose est évidemment plus qu’exagérée, mais au moins, les bases sont posées. D’où la question, aussi simple que fondamentale : pourquoi ça fait si mal ? Première explication évidente : les testicules ne sont pas protégés, comme peut l’être le cœur par exemple. Ni graisse, ni muscle, ni os… Les bourses ne sont pas équipées pour amortir un coup et doivent se débrouiller seules pour gérer un choc. Bah ouais, quelle idée de rajouter une poche pour les tenir à l’extérieur du corps… La nature serait-elle mal faite ? Au contraire, selon les propos de Romain Daniel, infirmier spécialiste de la douleur : « Pour qu’elles soient efficaces et que ses spermatozoïdes se sentent bien, il faut que les gamètes vivent à une température de 35°C. Or, cette dernière monte à environ 37°C dans notre corps. Donc il faut que les gamètes soient situés à l’extérieur. »
Bon… Pardonné. Reste qu’un ballon dans la tronche ou un petit coup de coude bien placé fait tout de même moins trembler qu’un coup franc de Roberto Carlos qui pourrait terminer sa course où vous savez. Là aussi, une raison justifie que les bijoux de famille soient plus sensibles que d’autres parties du corps. « C’est un organe reproducteur. Comme chaque espèce a pour mission de se reproduire, il est considéré comme très important puisqu’il produit les gamètes et la testostérone, reprend Romain Daniel. Du coup, la douleur joue le rôle du signal d’alarme. Et comme en plus, il n’est pas très bien protégé, le mécanisme d’alarme est très puissant. Comme les seins chez les femmes. » En d’autres termes, le corps tient beaucoup à ses coucougnettes. Dès lors, si on y touche, il le rappelle à son propriétaire, en avertissant son cerveau pour lui faire bien comprendre qu’il ne faudra pas que ça se reproduise. Et qu’il faudra désormais tout faire pour le protéger. Voilà pourquoi cette douleur que tu as déjà connue par le passé t’incite inconsciemment, ou consciemment d’ailleurs, à mettre ta main devant tes parties si Roberto Carlos s’apprête à tirer.
Pour remplir cette mission, la nature a une nouvelle fois bien fait les choses. Afin d’alerter sur leur maltraitance endurée, les testicules ont besoin d’être richement équipés. « Pour protéger d’une certaine façon son joyau, le corps n’a rien trouvé de mieux que de lui fournir plein de nerfs. Ainsi, en cas de coup dur, le message« Attention, il se passe quelque chose au niveau des burnes, là ! » se transmet très rapidement, rappelle le spécialiste de la douleur.Ça marche, puisqu’une fois que tu as connu cette douleur, tu l’évites au maximum. » Ok. Et cette douleur qui reste dans le bas du ventre, à quoi est-elle due ? « La première douleur, immédiate, est la conséquence des fibres nerveuses « rapides », qui sont censées provoquer une réaction. La seconde douleur, celle du bas du ventre, correspond à une douleur diffuse, due aux fibres « lentes ». » Comme les testicules partagent des nerfs avec l’estomac, c’est cette zone qui en paye les frais. De plus, la douleur peut encore augmenter si le testicule cogne contre l’os du bassin. Sûrement ce qui a dû arriver pour ce pauvre malheureux.
Si l’effet douloureux est spectaculaire, les conséquences d’un coup aux parties génitales ne sont en général pas graves. N’empêche que si Hulk concentrait toute son énergie et envoie un missile entre vos jambes, vous ressentiriez une douleur si extrême qu’elle pourrait engendrer une syncope. Si Zlatan fait de même, alors vous prenez le risque d’endommager vos testicules et de perdre votre fertilité. Dernier conseil : n’hésitez pas à vous munir d’une coquille si vous croisez Dante.
Par Florian Cadu