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Au fait, c’est quoi le rapport entre le Vélodrome et le cyclisme ?

Par Mathieu Rollinger
Au fait, c’est quoi le rapport entre le Vélodrome et le cyclisme ?

Que le Tour retrouve le Vélodrome de Marseille pour un contre-la-montre paraît d’une logique implacable. Pourtant, la Grande Boucle a déserté l’écrin phocéen pendant 50 ans, alors qu’il avait été pensé à la base autant pour le football que pour le cyclisme. Retour sur les liens qui unissent le Vel’ à la Petite Reine, sans même évoquer Mathieu « Petit Vélo » Valbuena.

« Ça va être une belle expérience, le stade va être plein en plus… donc pour une fois ça change ! » Le pro-parisien Thibaut Pinot avait beau narguer les Marseillais à l’occasion du passage du Tour de France dans l’enceinte de l’OM, il n’aura même pas la primeur de goûter à sa ferveur, puisqu’il a abandonné trois jours plus tôt. Personne ne sera surpris d’apprendre qu’entre le Vélodrome et la bicyclette, s’est écrite une histoire passionnée qui s’est progressivement essoufflée au bénéfice du sport roi qu’est le foot. Avant sa dernière rénovation, on pouvait très bien imaginer que la forme particulière de ses tribunes était le vestige d’une piste de cyclisme aux virages relevés sur lesquels se seraient régalés les pistards Grégory Baugé ou Bradley Wiggins. Sauf que la piste en béton n’avait pas grand-chose de plus que celles que l’on pouvait trouver dans la majorité des grands stades de l’époque, comme au Parc des Princes qui accueillait l’arrivée du Tour de France jusqu’en 1967. Pas de quoi en faire une marque déposée donc.

Le Vél’ omnisport

Mais quand le directeur du Tour Christian Prudhomme a dévoilé le tracé 2017, il avait forcément une idée derrière la tête : que le Vélodrome renoue avec sa tradition cycliste. Que le jaune et les pois rouges des maillots distinctifs puissent se mélanger au Orange du sponsor, quatre-vingts ans après la première arrivée dans l’enceinte du boulevard Michelet et cinquante ans après la dernière. Fini les arrivées sur le Prado ou devant la mairie, le Tour revient par la grande porte d’une enceinte qui a vu défiler ses plus grands champions de 1937 à 1967.

Commandé pour la Coupe du monde 1938, le nouvel écrin marseillais fut inauguré le 13 juin 1937 devant 30 000 spectateurs venus profiter d’une grande journée sportive. Au programme : un meeting d’athlétisme, une course cycliste et un match de football opposant l’Olympique de Marseille au Torino. Les footballeurs découvrent alors leur nouveau jardin alors qu’ils étaient jusqu’alors résidents du stade de l’Huveaune. Une époque où le football savait cohabiter avec les autres disciplines et notamment la Petite Reine qui lui tenait la dragée haute en matière de popularité. Ce n’est pas un hasard si la tribune la plus haute du stade, faisant face à celle de Jean Bouin, porte le nom d’un emblématique coureur cycliste marseillais, Gustave Ganay. Un minot, électricien de métier qui a brillé sur les Grand Prix de Manosque 1910 et 1911 ou les Marseille-Lyon après la guerre, mais qui mourra à 34 ans des suites d’une chute… au Parc des Princes.

De Gino Bartali à Jacques Anquetil

À peine un mois après son ouverture, le Vélodrome était donc réquisitionné pour accueillir sa première arrivée du Tour, avec un contre-la-montre par équipe, à une époque où les coureurs représentaient leur nation. Ce jour-là, c’est le train belge qui triomphera, bien avant Goethals, Van Buyten ou Éric Gerets, grâce aux solides prestations de Gustave Danneels et du maillot jaune Sylvère Maes. « C’est d’ailleurs aux portes de Marseille que le grand Gino Bartali a abandonné et a laissé le champ libre à ses concurrents, dont le Français Roger Lapébie qui finira ce Tour en jaune » , ajoute Alain Pécheral, ancien journaliste au Provençal et à L’Équipe. L’Italien prendra sa revanche un an plus tard en s’adjugeant l’étape, alors que le fascisme battait son plein dans la Botte et que Gino refusait d’en devenir un symbole.

Gino Bartali à Marseille en 1938.

Par la suite, le stade marseillais sera le théâtre de plusieurs victoires tricolores : Fabien Galateau (1939), Édouard Fachleitner (1947), Maurice Quentin (1953), Louis Lazarides (1955), Jean Stablinski (1957). De la même manière qu’il célébrera plusieurs Français porteurs du maillot jaune, de René Vietto (1939 et 1947) à Jacques Anquetil (1957) en passant par Louison Bobet (1948 et 1953). 1967 est resté jusqu’à aujourd’hui comme le dernier tour de piste de la Grande Boucle dans le Vélodrome, avec la victoire de Raymond Riotte, sécurisant un peu plus le maillot jaune de son coéquipier Roger Pingeon, qui termine vainqueur cette année à Paris. Le Vélodrome restera aussi comme la dernière ligne franchie par Tom Simpson. Le Britannique s’écroulera l’étape suivante sur les pentes du Mont Ventoux d’une overdose d’amphétamines et deviendra la première victime officielle du dopage.

L’échappée en solitaire du ballon rond

Mais le temps du partage territorial s’achèvera à la fin des années 1960. Le président de l’OM de l’époque, Marcel Leclerc, s’était attelé à faire plus de place au football au détriment, donc, du vélo. « On lui refusait des permis pour agrandir le stade, donc il a installé des praticables sur la piste cyclable pour permettre à plus de personne de suivre les matchs » , confirme Alain Pécheral. Ce bricolage provisoire a au moins le mérite de laisser la piste disponible en cas de besoin, comme lorsque Marseille a reçu les championnats du monde de cyclisme sur piste en 1972. Mais difficile de lutter face aux tendances. « Le cyclisme sur piste était très populaire des années 1930 aux années 1950, mais il est tombé en désuétude à partir des années 1970. Et à cette époque-là, il n’y en avait vraiment plus que pour le foot, notamment dans une ville comme celle de Marseille, explique Alain Pécheral. Garder cette piste n’avait plus de sens. » Si bien que les tribunes ont grignoté petit à petit l’anneau avant qu’il ne disparaisse complètement en 1985. Ne restera qu’un nom, « Le Vélodrome » , entré dans le langage courant et dans la légende du football français. Avant peut-être de revenir avec fracas dans celle du cyclisme si Romain Bardet arrive miraculeusement à combler son retard de 23 secondes sur Chris Froome dans le chrono de ce samedi, devant 55 000 spectateurs.

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Par Mathieu Rollinger

Propos de AP recueillis par MR.

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