ACTU MERCATO
Au-delà du mercato : qu’est-ce que Al-Nassr ?
En décembre dernier, le projet d’évolution du football saoudien bénéficiait d’un rapide coup d’accélérateur braquant les caméras du monde entier sur lui, avec l’arrivée de Cristiano Ronaldo à Riyad. Il débarquait alors à Al-Nassr, qui fait l’objet du sixième épisode de notre série sur l’histoire des clubs saoudiens.
L’ADN : se dévouer au triomphe de l’Arabie saoudite
Au beau milieu des années 1950, le football se démocratise en Arabie saoudite et le pays met en place des instances permettant de l’encadrer. Ce mouvement accompagne la création de plusieurs clubs comme Al-Nassr. Il voit le jour en 1955 grâce à l’initiative de quelques jeunes souhaitant se réunir autour d’un même blason, qu’ils ambitionnent de placer tout en haut de la hiérarchie du football saoudien. Naît Al-Nassr, (« La Victoire »), au sud-ouest de Riyad. Depuis, les installations du club se sont déplacées à l’ouest de la ville, restant assez éloignées de celles d’Al-Hilal au nord et au sud, et de celles d’Al-Shabab à l’est. Restant amateur quelques années, Al-Nassr se professionnalise à partir de 1960, date à laquelle il passe sous la direction du prince Abdulrahman, un des nombreux fils du roi Saoud. À la tête du club riyadien, il l’amène à réaliser l’ambition prônée par son nom. Au total, Al-Nassr remporte le championnat à neuf reprises, en faisant le deuxième plus grand champion saoudien, à égalité avec Al-Ittihad. Parmi ces neuf titres, cinq sont remportés entre 1980 et 1995. L’âge d’or du club, qui profite de son « Saudi Golden Trio » formé par Majed Abdullah, Fahd Al-Harifi et Muhaisin Al-Jamaan. Les Chevaliers du Nejd brillent surtout à l’échelle mondiale avec leur conquête d’une Supercoupe d’Asie en 1998, leur permettant de participer à la toute première Coupe du monde des clubs de la FIFA en 2000. Au Brésil, Al-Nassr n’obtient qu’une difficile victoire face au Raja AC, mais devient le premier club asiatique à avoir officiellement évolué sur quatre continents différents. De quoi exposer mondialement une Arabie saoudite dont la carte figure au centre du logo du club, qui souhaite prouver sa dévotion envers sa nation.
Côté ville : un club dans la cour des grands
Capitale du royaume d’Arabie saoudite, Riyad abrite les principaux édifices politiques du pays tels que le palais d’Al-Yamamah hébergeant le roi et sa cour. C’est à quelques centaines de mètres de là qu’Al-Nassr fut créé. Par sa proximité géographique, le club est pris en charge par le prince Abdulrahman qui parvient à en faire un très grand club national. Depuis, Al-Nassr est toujours resté assez proche de la famille royale, qui a aidé à la concrétisation de plusieurs transferts – le plus évident étant celui de Cristiano Ronaldo. Elle a aussi logiquement poussé pour qu’il fasse partie des quatre clubs devenant une société rachetée par le PIF. Cette proximité vis-à-vis de la famille Al-Saud, Al-Nassr la partage en effet avec d’autres clubs tels qu’Al-Ahli ou Al-Hilal, avec qui se dispute le derby de Riyad.
Héros d’antan : Majed Abdullah, plus précieux que le pétrole
Avant Cristiano Ronaldo, un autre Ballon d’or avait évolué sous les couleurs d’Al-Nassr. Même si ce n’était que pour un contrat lucratif de deux matchs, Hristo Stoitchkov avait grandement aidé les Chevaliers du Nejd à remporter leur Supercoupe d’Asie 1998. À l’ouest de Riyad, la plus grande légende n’est pourtant pas pourvue du Graal ultime pour un footballeur. Membre phare du « Saudi Golden Trio » des années 1980, Majed Abdullah peut au moins se targuer d’avoir été élu troisième meilleur joueur asiatique du siècle par l’IFFHS. Ses deux décennies avec Al-Nassr (1977-1998) en font surtout un joueur légendaire de ce club dont il est devenu le meilleur buteur et le plus capé. Avant-centre redoutable, il a fait trembler les défenseurs de tout un championnat des années durant, raflant à six reprises le titre de meilleur buteur de Saudi Pro League. Un record. En sélection aussi, le « joyau saoudien » a su faire parler sa patte gauche et sa rapidité, jusqu’à en devenir le meilleur buteur avec 72 réalisations.
L’avis de Khaled, supporter d’Al-Nassr depuis 35 ans
« Al-Nassr a dû subir des injustices pendant de nombreuses années. Comme c’était l’équipe dominante des années 1980 et 1990, elle a souvent été désavantagée ensuite au profit d’Al-Ittihad puis d’Al-Ahli. Il y avait beaucoup de décisions arbitrales en défaveur d’Al-Nassr et la ligue était trop faible pour régler ça. Heureusement depuis quelques années, tout s’est amélioré et avec le rachat du club par le PIF, on peut espérer qu’Al-Nassr soit considéré comme les autres grandes équipes saoudiennes. »
Quelle équipe pour Al-Nassr en 2023-2024 ?
La saison prochaine, Cristiano Ronaldo bénéficiera d’un effectif bien plus complet qu’à son arrivée à Riyad. En plus de Talisca et de l’ailier gauche Abdulrahman Ghareeb avec qui il a déjà joué quelques mois, le quintuple Ballon d’or évoluera en 2023-2024 aux côtés de Marcelo Brozović, Alex Telles et Seko Fofana. Compatriote de CR7, Luís Castro a été nommé à la tête de l’équipe saoudienne alors qu’il réalisait un début de saison sensationnel en tant qu’entraîneur de Botafogo, après une demande spécifique du nouveau capitaine d’Al-Nassr. D’autres internationaux portugais tels que Mário Rui ou Pedro Gonçalves pourraient aussi rallier Riyad. La blessure de David Ospina oblige en même temps le club à étudier le recrutement d’un gardien, qui pourrait être David De Gea. Enfin, le récent refus d’Hakim Ziyech à occuper l’aile droite de l’équipe riyadienne a obligé cette dernière à se rabattre sur la piste Sadio Mané, concrétisée il y a quelques jours. Le champion d’Afrique suit ainsi la voie sénégalaise ouverte dans le pays par Edouard Mendy et Kalidou Koulibaly.
Par Amaury Gonçalves
Propos recueillis par AG.