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Que vaut le coach Xabi Alonso ?
De joueur à entraîneur, la transition n'est pas toujours évidente. Débarqué au chevet du Bayer Leverkusen à l'automne dernier, Xabi Alonso avait fait le grand saut en 2018, entamant alors un parcours à l'image de sa barbe : impeccable.
Il existe souvent deux types de joueurs de foot. Ceux qui n’envisagent pas une seule minute de poursuivre dans ce milieu une fois les crampons raccrochés et ceux pour qui c’est une évidence : tôt ou tard, ils poseront leur postérieur sur un banc. À ce petit jeu, Xabi Alonso, désormais coach du Bayer Leverkusen, appartient définitivement à la deuxième catégorie. « Il était déjà entraîneur quand il jouait », racontait d’ailleurs à CNN Luis García, son ancien coéquipier à Liverpool. À 41 piges, celui qui en est à sa quatrième saison dans son nouveau costume va vivre son premier match de Ligue Europa ce jeudi soir face à l’AS Monaco, après avoir déjà essuyé les plâtres lors de trois rencontres de C1 à l’automne dernier. Un nouvel examen de passage pour un technicien à qui tout, ou presque, réussit jusque-là.
En juillet 2019, après une saison passée à faire galoper les U19 du Real Madrid, l’Espagnol décide de retourner au bercail, à la Real Sociedad pour prendre les rênes de l’équipe B, alors en troisième division. À l’image de Thierry Henry, le Basque découvre qu’il n’est pas toujours facile de laisser son costume d’ancien joueur aux vestiaires. « Il avait du mal à comprendre qu’on n’évoluait pas forcément au même niveau que le sien, rembobine Jérémy Blasco, 77 parties disputées sous les ordres de Xabi Alonso en Espagne. Quand on ratait des choses qui lui semblaient faciles, on voyait qu’il bouillait de l’intérieur. » Dans le club de ses débuts, l’ancien du Bayern prend une année pour se faire à son nouveau costume avec pour objectif le jeu avant les résultats. « Il a fait un mélange entre ses idées, son vécu et la philosophie de jeu de la Real. La première année, il a beaucoup appris et la deuxième, on avait compris ce qu’il voulait faire », retrace Blasco qui aura passé trois saisons avec Alonso. Et les résultats sont tout simplement historiques. Pour la première fois depuis 1962, l’équipe B des Txuri-urdinak accède au deuxième échelon national, le plus haut pour une réserve. Le tout avec une philosophie de jeu en adéquation avec le joueur qu’il était. « Il voulait surtout nous faire comprendre le jeu et qu’on s’adapte au pressing adverse pour trouver les espaces », confesse l’arrière français qui évolue désormais au SD Huesca. Après une troisième année plus délicate au niveau supérieur, le natif de Tolosa décide de plier bagage l’été dernier.
Pour le Bayer et pour le pire
Moins de six mois tard, le 5 octobre, il débarque au chevet du Bayer Leverkusen, alors en grande difficulté. Éliminé de la Coupe d’Allemagne depuis fin juillet, le Werkself n’a gagné que deux rencontres depuis le début de saison : une face à Mayence en Bundesliga, l’autre face à l’Atlético en Ligue des champions. Pire, avec cinq petits points au compteur en huit journées, le Bayer squatte la zone rouge. Pourtant, en l’espace de quelques mois, les pensionnaires de la BayArena retrouvent des couleurs et occupent le huitième rang après avoir pris 22 points sur les 12 parties suivantes. Un redressement qui n’étonne pas Blasco : « Il s’entraînait avec nous et il était le plus bagarreur, le plus accrocheur. Il voulait tout le temps gagner. Il avait toujours connu ça pendant sa carrière, il l’avait gardé et voulait nous le transmettre. » Une culture visiblement bien assimilée par ses nouveaux joueurs qui enquillent cinq victoires de suite entre le 6 novembre et le 25 janvier.
ℹ️ #Bayer04 und Gerardo #Seoane gehen getrennte Wege. Welt- und Europameister @XabiAlonso wird neuer Cheftrainer der #Werkself.
Alle Infos 👇https://t.co/afQxgZs8t1
— Bayer 04 Leverkusen (@bayer04fussball) October 5, 2022
Surtout, ces efforts donnent l’impression que le Bayer tourne à nouveau à plein régime. En plus du retour de Florian Wirtz, absent depuis près de neuf mois, celui qui serait dans le viseur du Real Madrid est parvenu à remobiliser son groupe et à relancer quelques joueurs comme Nadiem Amiri ou Adam Hložek. « Il avait régulièrement des entretiens individuels avec les joueurs pour les faire progresser sur leurs points faibles, se souvient Jérémy Blasco. J’ai vraiment l’impression d’avoir progressé dans tous les aspects du jeu avec lui. » Et à l’approche des rendez-vous importants, comme ces barrages de Ligue Europa, assimilables à des seizièmes, l’homme à la barbe toujours aussi soignée va lui aussi pouvoir se jauger. « Je me souviens des play-off pour monter en deuxième division : c’est dans ces moments-là qu’il nous a délivré ses meilleurs discours, rejoue le joueur de 24 ans. Je ne vais pas dire qu’en championnat, c’était plus classique et moins efficace, mais en play-off ou à des moments clefs de la saison, on voyait qu’il était dans son élément, qu’il avait vécu ces moments et qu’il voulait le transmettre. On voyait qu’il était fait pour ça. » Une bonne nouvelle pour les Allemands qui auront bien besoin de leur nouvel entraîneur pour venir à bout d’une équipe monégasque qu’ils n’ont battue qu’une seule fois, en 2016 dans un match comptant pour du beurre.
Par Florian Porta
Propos de Jérémy Blasco recueillis par FP.