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Attention, voilà la relève portugaise
On connaissait Bruma, William Carvalho, Ricardo ou encore André Martins parmi les probables futurs cracks portugais, mais il semblerait que les crus 1992-93-94 réservent encore de bien belles surprises en Lusitanie. De Lisbonne à Liverpool en passant par Braga, Udine et Manchester, de nouveau talents issus de l’Ouest de la Péninsule ibérique émergent.
Avoir la chance de compter un joueur de classe mondiale dans ses rangs finit toujours par poser un problème majeur, celui de la succession. Combien de nouveaux Zidane, de nouveaux Maradona, ou de nouveaux Cruijff ont été annoncés par les médias ? Au final, combien ont fini par répondre aux attentes ? Plus de 30 ans après le départ à la retraite d’Eusébio, le Portugal se trouve de nouveau confronté à la question de la succession, celle de Cristiano Ronaldo. Y a-t-il dans le pays un joueur capable de lui arriver à la cheville ? A priori, non. Pour autant, le pessimisme affiché par les spécialistes portugais quant au futur de la Selecção ne semble plus être d’actualité. De l’Euro 2013 (U19) au dernier match disputé par Liverpool, des jeunes Portugais se sont révélés au grand public et certains d’entre eux sont à prendre au sérieux.
João Carlos Teixeira (Liverpool)
C’est la dernière révélation portugaise, mais pas la plus jeune (il vient d’avoir 21 ans). Son entrée à un quart d’heure du terme contre Fulham mercredi dernier a été aussi précieuse que remarquée. Un tacle de bûcheron et quelques passes bien senties – dont celle qui amène le pénalty vainqueur – ont permis au milieu de terrain de gagner l’estime de son capitaine, entre autres. « Il a gagné le respect de tous les joueurs dans le vestiaire et a mérité d’entrer en jeu. Il travaille beaucoup. Il ne fait que commencer et il doit continuer comme ça » , a indiqué Steven Gerrard, qui avait découvert par hasard ce môme quand il jouait au Sporting à l’occasion d’un match face aux jeunes de Liverpool à Anfield. De fait, João Carlos est un énième produit de l’Academia, bien qu’il ait débuté sa formation dans l’autre Sporting, celui de Braga. Son transfert à Liverpool pour une bouchée de pain est l’une des conséquences de la politique désastreuse de l’ancien président des Leões Godínho Lopes. C’est donc à Anfield qu’il devra justifier son statut de « nouveau » Deco (eh ouais, encore un « nouveau » ). Dommage, car un milieu William Carvalho, João Carlos, Adrien Silva aurait eu de la gueule…
Marcos Lopes (Manchester City)
Dans la catégorie jeune Portugais de Premier League, il y a néanmoins mieux que João Carlos. Il s’appelle Marcos Lopes (plus connu sous le nom de Rony Lopes), a trois ans de moins que son homologue liverpuldien et est connu comme étant « the wonderkid » du côté de Manchester City. On parle là d’un gars qui n’a pas eu peur de quitter Benfica pour le Nord de l’Angleterre à seulement 16 piges. Rony, c’est donc beaucoup d’ambition, mais surtout un pied gauche fou, une vista de dingue et un physique impressionnant pour un joueur à peine majeur. Numéro 10 de formation, il joue aussi sur les ailes, voire carrément en pointe pour planter des caramels. Un domaine dans lequel le Brésilien de naissance – il a quitté le pays pour le Portugal à quatre ans – sait y faire. Pour preuve, il ne lui a fallu que quatre minutes pour ouvrir son compteur avec les pros en FA Cup contre Watford il y a un peu plus d’un an. Plus récemment, Marcos Lopes a été désigné homme du match opposant City à West-Ham en Capital One Cup lors duquel il a délivré deux passes décisives et cassé quelques reins, ce qui avait par ailleurs mené les supporters citizens à le comparer à Adnan Januzaj. Et s’il doit se contenter de matchs de Coupe pour le moment, Rony pourrait viser plus haut dès la saison prochaine. En tout cas, Manuel Pellegrini l’a à la bonne.
Bruno Fernandes (Udinese)
Un milieu de terrain qui évolue à l’étranger, pour changer. Mais pour changer vraiment, celui-ci a fait ses classes en Italie, d’abord à Novara, où il a gagné le surnom de « nouveau » Rui Costa (décidément) avant d’atterrir à Udine. C’est le plus fou du lot, mais aussi et sans doute le plus agréable à voir jouer. Son physique de moustique ainsi que son amour pour les petits ponts ou autres roulettes et râteaux font penser au Javier Pastore époque Palerme, la frappe en plus. Malgré des débuts compliqués liés à la concurrence à son poste (il joue trequarista ou neuf et demi), Bruno Fernandes monte en puissance. Il a disputé neuf matchs de Serie A cette saison (cinq fois titulaire et quatre fois remplaçant) et inscrit deux buts, dont une praline au San Paolo face à Naples. Avec du boulot et de la patience, il pourrait donc devenir le premier milieu made in Serie A de la Selecção depuis « o Maestro » . Il en a le profil en tout cas.
Rafa Silva (Braga)
Le Sporting Braga va mal depuis l’année dernière. Mais heureusement pour les supporters minhotos, Rafa Silva est là pour relever le niveau. Voilà près de deux mois que cet ailier repositionné en meneur de jeu par Jesualdo Ferreira dynamite les défenses de Liga Sagres. Doté d’une impressionnante capacité à verticaliser le jeu, Rafa se distingue par son habileté à éliminer dans les petits espaces grâce à une conduite de balle très courte. Il n’en demeure pas moins maladroit dans le jeu en profondeur dans lequel il excelle, à la faveur d’une bonne vitesse de pointe. L’ailier sait débloquer des situations balle au pied, mais pas seulement. Sa frappe et sa vision de jeu ont déjà permis à Braga de planter de sacrées banderilles et surtout de rester dans la course à l’Europe après un début d’exercice complètement foiré. Bref, Rafa Silva est un joueur complet, mais c’est aussi celui qui a le plus de chance de gratter une place au Brésil cet été. À suivre de très près.
Carlos Mané (Sporting)
L’ailier moderne, le pur, le vrai. Celui qui court vite, fait un ou deux crochets vers l’extérieur avant d’enchaîner sur une frappe pleine lucarne. Ce n’est pas une image, non, juste la description de son but stratosphérique face à Maritimo en Coupe de la Ligue il y a un mois. Bruma, parti d’Alvalade pour le Galatasaray avec le statut de meilleur jeune Portugais du moment avait d’ailleurs prévenu son monde. « Carlos Mané est plus fort que moi. » Au vu des prestations de l’ailier de 19 ans avec les B du Sporting et ses débuts avec l’équipe principale, on veut bien le croire. Reste à confirmer.
João Cancelo (Benfica)
L’attaque c’est bien, mais la défense dans tout ça ? Pour le moment, pas grand-chose à part Tiago Ilori en défense centrale. Plutôt logique puisqu’un défenseur central arrive généralement à maturité plus tard. Sur les côtés en revanche, l’avenir est assuré si João Cancelo (19 ans) réussit à s’affirmer à Benfica. L’arrière droit manque d’opportunités avec l’équipe première à cause du vétéran Maxi Pereira et d’André Almeida. Comme Carlos Mané au Sporting et bien d’autres, il éblouit la deuxième division portugaise avec l’équipe B benfiquista. Cancelo est un arrière polyvalent, plutôt fort défensivement en un contre un, mais aussi étincelant balle au pied. Il n’est pas rare de le voir marquer sur une montée après avoir effacé deux ou trois adversaires. S’il muscle son jeu et progresse tactiquement, il pourrait très vite franchir un palier. Quoi qu’il en soit, il est déjà meilleur que Miguel Lopes…
par William Pereira