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Attention les yeux, Prandelli débarque à Valence
À la recherche d'un banc depuis son limogeage de Galatasaray, Cesare Prandelli va prendre en main les destinées du très instable Valencia CF. Un choix inattendu mais assez gonflé. Alors, nouveau bide de Peter Lim ou nouveau Claudio Ranieri ?
Limogé après une quatrième défaite de rang il y a dix jours sur la pelouse de l’Athletic Bilbao (2-1), Pako Ayestarán connaît désormais son remplaçant sur le banc du Valencia CF. Il s’agit de Cesare Prandelli. Mercredi, la présidente Lay Hoon Chan et le directeur sportif Suso Pitarch ont rencontré les représentants du Mister italien, en route pour Singapour où il doit rencontrer Peter Lim, le milliardaire singapourien à la tête du club. Dans la foulée, il devrait signer un contrat de deux saisons pour un salaire estimé entre 1,5 et 1,6 million d’euro par an, puis être présenté à la presse. Il sera accompagné de son staff. L’ancien sélectionneur de la Nazionale n’était pas le premier choix. Marcelino Garcia Toral était le favori pour prendre place sur le banc le plus incandescent du Royaume. L’Asturien s’est heurté à deux écueils. Tout d’abord, à un problème de licence. En effet, il était enregistré à Villarreal – dont il était le coach jusqu’au 10 août – cet été, et la Ligue espagnole interdit à un coach d’entraîner deux clubs de la même division la même saison. Son profil a ensuite reçu un avis défavorable de Lim, qui privilégiait un coach étranger, quand bien même la porte restait ouverte pour un tacticien espagnol. André Villas-Boas, Ruben Baraja, Joaquín Caparros, Michael Laudrup et Laurent Blanc ont alors notamment été cités. C’est finalement Cesare Prandelli qui est sorti du chapeau. Une décision surprenante, mais pas si dénuée de sens.
Quatrième entraîneur en un an
Alors que Suso avait œuvré pour qu’Ayestarán reste au club dans un objectif de continuité, les relations entre les deux hommes se sont distendues pendant le mercato, un grand classique sur les bords du Turia. Comme à son habitude, Salvadore Voro Gonzalez, l’adjoint/pompier de service, s’est invité à la fête. Avec deux victoires contre les promus Alavés et Leganés, l’intérimaire de choc reste invaincu en dix matchs dirigés seul (huit victoires, deux nuls). Sa mission prendra fin au coup de sifflet final contre l’Atlético de Madrid dimanche. Remis sur de bons rails, l’effectif voit donc arriver un entraîneur réputé, même si sa dernière expérience à Galatasaray, de juillet à novembre 2014, n’a pas été couronnée de succès. Les joueurs ont d’ores et déjà été avertis de la proche officialisation. En l’espace d’un an, Prandelli est le quatrième technicien qui signe chez les Blanquinegros après Nuno, Neville et Ayestarán. Le projet sur le long terme de Lim et Lay Hoon est littéralement entre les mains de l’Italien. Qu’adviendrait-il en cas d’échec ?
Valence, ce joyeux casino
Si le mandat de Prandelli à la tête de la Nazionale s’est achevé sur une piteuse élimination au premier tour du Mondial brésilien, le jeu qu’il a développé, non seulement avec l’Italie, mais aussi avec la Fiorentina où il est resté cinq ans (2005-2010), est à même de redonner de l’allure au système de Valence. L’Euro 2012 en atteste, l’ancien joueur de la Juve fonde son jeu sur la créativité des milieux de terrain, un secteur particulièrement fourni au sein de ce Valencia version 2016-2017. Il devra aussi solidifier l’aspect défensif, base du jeu valencien. Ce n’est pas un hasard si les numéros 4, 6 et 8 sont parmi les plus populaires à Mestalla. Le respect de cette tradition s’étiole petit à petit, et rares sont les entraîneurs à l’avoir perpétuée. Le handicap majeur de Prandelli est de ne pas connaître le football espagnol de l’intérieur, d’autant que Valencia est un joyeux casino. Gary Neville était dans une situation identique et il avait littéralement implosé après seulement quelques semaines d’exercice. Prandelli présente un CV autrement plus fourni, notamment huit saisons complètes de Serie A, mais appréhender un nouveau football est toujours délicat.
Au bon souvenir de Ranieri
Aspect non négligeable, Prandelli bénéficie également d’une belle cote de popularité et la réputation d’être un homme de valeurs. Forcément, il sera comparé à Claudio Ranieri qui, lors de ses deux passages à Valencia, a toujours soulevé un trophée (Copa del Rey 1999 et Supercoupe d’Europe 2004). Dès mercredi soir, il a même adoubé son cadet lors de l’émission Sillas Gol : « Prandelli est un grand technicien. Il aime avoir le ballon. L’état d’esprit des entraîneurs italiens est de bien défendre la cage. Je suis sûr qu’il fera une grande saison. Les Valencianistes peuvent être tranquilles : Prandelli sortira le meilleur de ses joueurs. » Lors de son premier mandat (1997-1999), il avait posé les fondations du Valencia de Héctor Cúper, double finaliste de la C1 en 2000 et 2001. L’afición n’en demande pas tant. Refaire de Mestalla une forteresse, telle est la mission première de Cesare Prandelli. Bon courage !
Par FM Boudet