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Attends, Ben Arfa !

Par Pierre Maturana
5 minutes
Attends, Ben Arfa !

SACRILÈGE !! Unai Emery a encore une fois décidé de laisser Hatem Ben Arfa de côté pour le match du PSG face à Dijon. Et si c’était pour le bien du joueur comme celui du club ?

Une idée un peu folle en soi dans le monde pressé et si prompt à s’offusquer du football français : et si on laissait du temps et le bénéfice du doute à Unai Emery ? C’est certain, tout le monde aimerait voir Hatem Ben Arfa occuper l’un des quatre postes offensifs du PSG. N’importe lequel, même doublure du numéro neuf, après tout, il sait tout faire, Hatem Ben Arfa. Il peut débloquer un match et faire sauter les serveurs de YouTube sur un coup de rein, une inspiration, une vision, une fulgurance, une lucarne, un petit filet. Bah ouais, on l’a bien vu… à Nice. À Nice, très sexy quatrième de Ligue 1, cinquième championnat européen. Pas à Villarreal, pas à Manchester City, pas à Mönchengladbach ou à l’Inter Milan, hein.

Les yeux du public français et le regard d’Emery

Tout le monde s’est sans doute laissé un peu griser par la superbe saison – il y avait de quoi, les louanges étaient méritées et il faut remercier l’OGC Nice du travail accompli – du natif de Clamart sous les ordres de Claude Puel. Ça y est, c’était fait, c’était acté, le plus grand espoir du football français, celui qui, selon nombre de gens à l’avoir côtoyé, aurait dû jongler avec des Ballons d’or, était enfin au rendez-vous pour tout casser et mettre des baffes au temps perdu. La preuve, même le grand FC Barcelone aurait un temps songé au magicien de l’Allianz Riviera pour soulager son trio Messi-Suárez-Neymar. Alors, quand il a signé à Paris, l’autre destination parfaite dans le scénario de la carrière de Ben Arfa, c’était pour être titulaire. Pour dégager Lucas de son aile, montrer ce que signifie « numéro 10 » à Pastore et dribbler toute la Ligue 1 sur un pied. Et enfin accomplir son destin : confirmer que si le plus grand talent français s’était éclipsé, il n’avait pas disparu. Mais, oh, minute papillon. N’a-t-on pas oublié quelqu’un dans l’équation ? Quand Unai Emery a signé à Paris, les tractations étaient déjà bien avancées pour enrôler l’ancien joueur de Newcastle. L’avait-il envisagé dans son schéma tactique et ses plans de jeu ? Vraisemblablement pas. Est-on sûr qu’Unai Emery voit en Hatem Ben Arfa le Messi de L1 que croient distinguer les yeux du public français ? Il en a vu d’autres en Liga. Et si, tout simplement, Hatem Ben Arfa était vraiment encore un peu juste actuellement pour apporter la pleine mesure de ses capacités à ce PSG ? Le joueur lui-même a l’air d’accepter la situation, alors pourquoi s’en outrer à sa place ?

Au vrai, Unai Emery ne se plaint même pas de Ben Arfa. Abondance de biens, surtout d’un tel potentiel, ne nuit que rarement. Le coach espagnol parle de « décision sportive » : il veut juste que son joueur travaille plus. Pour que son diamant brut se fasse à son système, et pas l’inverse. Peut-on, alors, juste envisager que c’est sincèrement ce que souhaite Emery ? Comment imaginer qu’un coach de son envergure – trois coupes d’Europe successives sur le CV – à qui l’on demande d’imprimer vite sa patte sur le jeu du PSG, cède aux premières polémiques médiatiques après deux mauvais résultats ou aux vœux d’un public particulièrement exigent, mais relativement impatient ? C’est peut-être de notre faute après tout. Et celle du joueur, aussi, un peu. À force d’avoir fait languir son monde, d’avoir laissé épisodiquement transparaître un talent hors norme depuis ses débuts – il y a douze ans, déjà ! – à Lyon, puis à Marseille, avant de se perdre en Angleterre, il fallait battre le fer tant qu’il était chaud et confirmer, là, maintenant, tout de suite, qu’à vingt-neuf ans, Ben Arfa était enfin devenu Hatem. Parce que, bordel, on a attendu trop longtemps !

Le niveau supérieur

Alors oui, Unai Emery est plus dur avec Ben Arfa qu’avec d’autres éléments de son groupe. Il attendrait plus de lui, à commencer lors des séances d’entraînement. Si ça se trouve, c’est peut-être même une bonne nouvelle pour le joueur, qu’un coach de renommée internationale soit moins indulgent avec lui qu’avec un autre. Parce que c’est un joueur à part, qu’Emery le sait et qu’il veut peut-être prendre le temps de le comprendre et de l’appréhender pour mieux l’utiliser. Paris ne peut pas se satisfaire du Ben Arfa de Nice. Paris a besoin d’un Ben Arfa encore plus complet. Unai Emery peut se permettre de polir Ben Arfa, pourquoi pas pour l’emmener à un niveau encore supérieur à celui qu’il a retrouvé la saison passée. Puis, au fond, très franchement, qu’est-ce qu’on s’en fout qu’il ne soit pas prêt pour affronter Caen ou Dijon ? Des absences, des méformes ou des circonstances favoriseront peut-être même le retour d’HBA au premier plan plus vite que prévu. Le PSG disputera des matchs bien plus importants cette saison qu’une cinquième ou qu’une sixième journée de L1. Et il est fort possible que ce sera dans ces moments-là que le travail et la patience de Ben Arfa seront la meilleure des réponses à l’exigence d’Unai Emery comme aux attentes du public.

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