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Attendez ! La Copa América revient (peut-être) l’an prochain
La Copa América vient de s'achever au Chili avec le titre du pays hôte. Rendez-vous dans quatre ans alors ? Pas forcément ! Les confédérations sud-américaines et nord-américaines de football avaient en effet décidé d'organiser une Copa América du centenaire dès l'an prochain aux… États-Unis. Un tournoi au centre des affaires actuellement menées par le FBI et qui ont conduit à la mise à l'écart de Sepp Blatter…
Contrairement à l’Euro, le temps passé entre deux tournois de la Copa América est assez variable, passant de quatre ans à deux ans à la fin des années 80, puis trois ans au début des années 2000 et de nouveaux quatre ans entre les deux dernières éditions. Un an d’écart en revanche, ce serait de l’inédit. Mais c’est un fait : est pour l’instant toujours inscrite au calendrier international la tenue d’une Copa América dès l’an prochain. On en connaît même la date exacte : du 3 au 26 juin 2016. On en connaît aussi le lieu : les États-Unis. Oui, c’est bizarre pour une Copa América, mais il faut dire que c’en serait une assez particulière, avec d’ailleurs un nom bien spécifique : la Copa América Centenario en version originale, soit la Copa América du centenaire. En 2016, on fêtera en effet à la fois les 100 ans de cette compétition et les 100 ans de la CONMEBOL, la confédération sud-américaine de football. Un pareil compte rond, ce serait dommage de ne pas le célébrer d’une quelconque manière. Et bizarrement, la première à émettre l’idée d’organiser une sorte de tournoi « hors série » en 2016 n’a pas été la CONMEBOL, mais sa voisine du Nord, la CONCACAF, la confédération d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes.
Une initiative venue d’Amérique du Nord
Le problème de la CONCACAF, c’est qu’elle est assez isolée et que les compétitions qu’elle organise sur son territoire ne passionnent que rarement. Le championnat continental local s’appelle la Gold Cup et n’intéresse personne, vu que c’est toujours un peu les mêmes qui gagnent : un coup le Mexique, un coup les États-Unis… Ces deux sélections s’ennuient et si la première est désormais invitée à disputer la Copa América, ce n’est pas le cas de la seconde, qui manque d’adversité pour continuer à progresser. Au début de l’année 2012, le président de la CONCACAF annonce pour la première fois l’envie de la confédération nord-américaine de football d’inviter son homologue du Sud à fêter son centenaire en organisant un tournoi commun aux deux Amériques. Une idée qui séduit les dirigeants de la CONMEBOL, qui mettent quasi deux ans à nourrir le projet pour finalement l’annoncer officiellement le 1er mai 2014 : oui, la Copa América Centenario aura bien lieu en 2016 et ce sont les États-Unis qui seront chargés de l’organiser.
Folie des grandeurs
Tout de suite, on décide de voir les choses en grand pour cette sorte de « Coupe des Amériques » : les dix pays membres de la CONMEBOL sont invités, rejoints par six membres de la CONCACAF : les États-Unis bien sûr, le Mexique, le Costa Rica, la Jamaïque et deux qualifiés à désigner durant la Gold Cup 2015. Au total, vingt-quatre villes américaines sont candidates à accueillir des matchs, huit à treize stades devraient être retenus au final : attention, des enceintes de 50 000 places au minimum ! Donc forcément aucun stade dédié à la pratique du soccer, les enceintes de MLS n’ayant pas une telle capacité… Une folie des grandeurs assumée et qui ne posait aucun problème, jusqu’à ce que le FBI y fourre son nez. Le 27 mai dernier, sept responsables de la FIFA sont arrêtés à Zurich, alors que le 65e Congrès de l’organisation internationale allait se tenir. Une opération similaire a lieu au même moment à Miami au siège de la CONCACAF à Miami. C’est la fameuse grosse affaire de corruption qui va pousser Sepp Blatter, à peine réélu à son poste de président, à démissionner.
« Un point d’interrogation gênant est apparu »
Or, au cœur de ce vaste scandale dont on sait encore peu de choses, se trouvent la plupart des dirigeants des deux confédérations américaines de football. Le rapport de 160 pages du FBI sur le sujet a pour sujet principal cette organisation de la Copa América Centenario, qui serait entachée de plein d’irrégularités, avec des pots de vin versés en masse pour sponsoriser et médiatiser l’événement. Lorsque l’attorney général Lorreta Lynch, en charge de l’affaire, parle à la presse, elle mentionne directement la tenue de ce tournoi. Résultat, tout est gelé le concernant depuis plusieurs semaines et il semble de plus en plus probable que cette Copa América Centenario soit annulée. L’un des derniers dirigeants à s’être exprimé sur l’affaire est Jose Luis Meiszner, secrétaire général de la CONMEBOL. « Un point d’interrogation gênant est apparu quant à la possibilité de jouer cette Coupe aux États-Unis. Le président de l’une des confédérations est en état d’arrestation, les entreprises possédant les droits ont eu leurs fonds bloqués… Personne ne peut vraiment dire comment les choses vont se dérouler à l’avenir. »
Par Régis Delanoë