S’abonner au mag
  • Israël
  • MS Ashdod

« On a entendu des bruits de roquettes »

Propos recueillis par Baptiste Brenot
Partager
80

Depuis un an, Jordan Sebban évolue au FC Ashdod, près de Gaza, en première division israélienne. Le milieu de terrain formé à Toulouse nous raconte comment il a vécu les attaques du Hamas en Israël samedi dernier.

Jordan Sebban  of Toulouse during the Pre season friendly match between Toulouse Fc and Osasuna on July 22, 2016 in Hendaye, France. (Photo by Manuel Blondeau/Icon Sport)
Jordan Sebban of Toulouse during the Pre season friendly match between Toulouse Fc and Osasuna on July 22, 2016 in Hendaye, France. (Photo by Manuel Blondeau/Icon Sport)

Salut Jordan, comment tu vas ?

Moyen, je ne suis pas au top. J’ai pas mal de potes qui sont encore là-bas. Sur Instagram, je vois beaucoup de publications d’amis qui connaissent des gens décédés. Donc même si j’ai réussi à rentrer en France, dans ma tête, je ne vais pas parfaitement bien. Quand je vois les gens décédés, leurs photos, je me dis que ce sont des personnes que j’aurais pu croiser dans la vie de tous les jours. Ce n’est pas évident, et puis je me sentais bien là-bas, j’avais été bien accueilli. D’un côté, j’ai réussi à rentrer, je suis en famille, en sécurité, mais mentalement c’est compliqué. Je regarde les infos toute la journée, je ne suis pas tranquille.

On a entendu des bruits de roquettes, des sirènes. On a dû aller se cacher dans un abri à l’aéroport.

Ça n’a pas été trop compliqué de rentrer ?

Ça n’a pas été évident, pas mal de vols étaient annulés. J’ai dû rester bloqué à l’aéroport pendant plus de 24 heures, j’ai dormi par terre. Finalement, j’ai réussi à trouver un vol en dernière minute pour Budapest, après je suis allé à Paris, puis à Toulouse.

Comment as-tu vécu la situation sur place ? 

On avait un match à l’extérieur (contre le Maccabi Bnei Reineh, NDLR), dans le nord. On est parti le vendredi après l’entraînement, vers Nazareth. On a dormi là-bas, on était censés avoir le petit-déjeuner aux alentours de 9h30 le samedi matin, sauf qu’aux alentours de 8h50, ça a toqué à la chambre pour nous dire que le match était annulé, qu’il y avait eu des attaques dans le sud. On nous a laissé le choix entre rentrer à Ashdod ou rester dans un hôtel au nord du pays, où la situation était plus tranquille. Toute l’équipe a décidé de rentrer, certains voulaient rentrer avec leur famille. Sur le trajet, on a commencé à avoir plus d’infos sur la situation. Dans le bus, les joueurs étrangers ont commencé à regarder les vols, chacun a essayé de réserver ce qu’il pouvait. Une fois arrivé, j’ai fait mes affaires et je suis parti en direction de l’aéroport. Il y avait quelques barrages de police sur la route, des embouteillages.

 

On a vu des vidéos où les gens se ruaient vers les aéroports, avec des scènes de panique générale. Tu as assisté à cela, toi aussi ? 

Déjà, tous les vols étaient annulés, c’était un peu problématique. J’ai attendu et essayé de trouver le premier vol possible. Il y a eu deux ou trois alertes, on a entendu des bruits de roquettes, des sirènes. On a dû aller se cacher dans un abri à l’aéroport. À un moment donné, j’étais en train de manger, j’ai vu des gens qui commençaient à courir un peu dans tous les sens. Du coup, j’ai suivi le mouvement. On a couru jusqu’à la pièce sécurisée, qui s’appelle le MAMAD. C’est un abri anti-missiles. C’est arrivé deux fois pendant les 24 heures où j’y étais.

Ashdod n’est pas très loin de Gaza, c’est à 35 minutes en voiture. L’année dernière, il y avait déjà eu quelques tirs de missiles pendant plusieurs jours, mais sinon, la vie là-bas est très agréable, très tranquille.

Qu’est-ce que tu as vu, quand tu as traversé le pays en bus pour revenir à Ashdod ?

Dans les airs, on voyait encore la fumée de la trajectoire des roquettes tirées un peu plus tôt, mais je n’ai pas été témoin d’impact. Déjà l’année dernière, il y avait eu quelques lancers de missiles. De chez moi, j’avais pu voir des missiles dans le ciel, des lumières comme on peut voir sur les vidéos sur internet. Donc ça, je l’avais déjà vu, mais cette fois, je suis resté très peu de temps et je n’en ai pas été témoin. Il y avait des barrages de police, quelques voitures accidentées sur le bord de la route.

En signant en Israël, tu t’attendais à connaître ce genre de situation ?

Bien sûr, j’étais déjà au courant de ce qu’il se passait dans le pays. Je savais que ça pouvait arriver. Pendant ces deux jours, j’avais peur, mais je n’étais pas non plus complètement paniqué. Je connaissais quand même les risques avant de signer là-bas, surtout qu’Ashdod n’est pas très loin de Gaza, c’est à 35 minutes en voiture. L’année dernière, il y avait déjà eu quelques tirs de missiles pendant plusieurs jours, mais sinon, la vie là-bas est très agréable, très tranquille. Pour te dire, j’ai dû récupérer des papiers il n’y a même pas un mois à côté de Gaza. J’y suis allé avec ma voiture, je suis passé juste à côté de la frontière, il n’y avait aucun souci.

Tu as des nouvelles de tes coéquipiers sur place ? 

Oui, bien sûr, on a un groupe de joueurs avec le club où on parle beaucoup. Là, ils s’organisent pour une collecte de dons. Pour le moment, tout le monde va bien, tous les joueurs sont rentrés chez eux, donc il y en a beaucoup qui habitent vers Tel-Aviv, ceux qui sont encore à Ashdod restent chez eux pour le moment, dans des abris. En général, les appartements sont assez neufs, et ont leur propre abri anti-missile. Ceux qui ne l’ont pas dans leur appartement, c’est au sous-sol. Si tu te trouves en voiture, il faut sortir et se mettre par terre, allongé au sol. Il y a une application aussi qu’on a, où dès qu’il y a une alerte, on a une notification sur le téléphone, on est prévenu en direct.

Tu comptes revenir à Ashdod prochainement ? 

J’attends des nouvelles du club, j’attends de voir comment ça évolue, je regarde les infos toute la journée, je parle avec mes potes sur place. J’espère que ça ne va pas durer longtemps, on est dans l’inconnu pour le moment. J’ai déjà eu la chance de pouvoir rentrer, j’ai des coéquipiers brésiliens ou colombiens qui attendent encore de savoir s’ils pourront rentrer chez eux également.

Dans cet article :
Rebellions, hommages et coups de massue : tout n’est pas à jeter dans cette semaine internationale
Dans cet article :

Propos recueillis par Baptiste Brenot

À lire aussi
Articles en tendances
12
Revivez Belgique-France (1-2)
  • Ligue des nations
  • J4
  • Belgique-France
Revivez Belgique-France (1-2)

Revivez Belgique-France (1-2)

Revivez Belgique-France (1-2)
14
Revivez Israël - France (1-4)
  • Ligue des Nations
  • J3
  • Israël-France
Revivez Israël - France (1-4)

Revivez Israël - France (1-4)

Revivez Israël - France (1-4)
Logo de l'équipe Belgique
Les notes des Bleus
  • Ligue des nations
  • J4
  • Belgique-France (1-2)
Les notes des Bleus

Les notes des Bleus

Les notes des Bleus
Logo de l'équipe France
Les notes des Bleus
  • Ligue des nations
  • J3
  • Israël-France (1-4)
Les notes des Bleus

Les notes des Bleus

Les notes des Bleus

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine