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Atlético Madrid, l’an 28 après Jesús Gil

Par Ugo Bocchi
Atlético Madrid, l’an 28 après Jesús Gil

Pour les Colchoneros, une nouvelle ère a débuté le 27 mai 1987, date de la finale de la Coupe des clubs champions européens entre le Porto et le Bayern. Ce soir-là, Jesús Gil décide de prendre en main l'Atlético et d’en faire un grand d’Europe.

Dos au but, au niveau de la ligne médiane, il récupère un ballon anodin et va s’enfermer au milieu de trois joueurs allemands côté droit. Il prend de la vitesse, évite un attentat d’un crochet intérieur et joue le une-deux. Tout est réalisé à la perfection, dans le bon rythme et dans une profonde justesse. Désormais face au but, les teutons dans le dos, il est temps pour lui de revenir dans l’axe, toujours sur son pied gauche. Il va vite, trop vite pour son nouveau vis-à-vis, il est maintenant dans la surface. Encore un crochet intérieur et encore un défenseur sur le cul. Il ne reste plus que le gardien à fixer. Mais Paulo Futre ouvre trop son pied et le ballon finit au poteau de corner.

Ce soir-là, le Portugais aurait pu, aurait dû, devenir la star de cette finale de Ligue des champions avec cette chevauchée digne du but du siècle. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien qu’on le surnomma le Maradona lusitanien. Mais à la place, on retiendra Madjer et sa talonnade. En tout cas, la légende raconte que c’est ce match du mulet portugais qui décida Jesús Gil à changer le cours de l’histoire de l’Atlético de Madrid.

Super size me

Avec Jesús Gil, tout était plus grand. Son bide. Sa gueule. Mais aussi son ambition. Quand il se présente en 87 à la présidence du club, l’Atleti va mal. Les supporters ont besoin de rêve. Et c’est exactement ce que va leur apporter Jesús : « Je paierai Paulo Futre de ma poche ! » Il est élu le 26 juin 1987 à l’unanimité par les socios, qui ont décidé d’oublier les nombreuses casseroles qu’il a au cul. Et il en a à peu près autant que ce que le catalogue Tefal en propose.

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Pour faire court, Jésus est né d’une famille modeste dans la province de Soria en plein milieu de l’Espagne, veut devenir vétérinaire, se rend compte qu’il n’aime pas le sang, étudie l’économie à Madrid, avant de laisser tomber, se distrait en tant que stoppeur au foot, vit dans un bordel, se met à vendre des voitures, avant de laisser tomber, se rend responsable de la mort de 58 personnes qu’il avait invitées en 69 dans son nouveau complexe – le toit s’est effondré parce que le ciment n’avait pas assez séché et parce que la construction s’est faite sans architecte, va en prison, est gracié au bout de 18 mois par Franco, se relance dans l’immobilier et fait fortune à Marbella, tombe amoureux d’un cheval qu’il appelle Imperioso, fonde son parti politique dénommé sobrement « El GIL » (Groupe indépendant libéral), devient maire de Marbella, n’hésite pas à sortir son bide, présente même une émission de télé en maillot dans son bain à remous entouré de filles en maillot…

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… se lie d’amitié avec Vicente-Calderón, alors président du club, devient membre du conseil d’administration de l’Atlético en 81 et donc président en 87, après la mort de celui, qui donnera son nom au stade madrilène.

Du blé et des jeux

Voilà donc l’homme qui veut redresser et qui va redresser le club. Avec lui, l’Atlético va retrouver une certaine grandeur. Certes, ses méthodes sont parfois brutales, il vire et engage un nombre incalculable d’entraîneurs (39 différents en tout) et de joueurs (141), « certaines nuits, je demande conseil à mon cheval pour les transferts et les licenciements » , justifia-t-il alors sur le ton de l’humour, et fait fermer le centre de formation, quitte à passer ainsi à côté d’un certain Raúl. Mais il ramène avant tout du plaisir et des titres aux socios. Trois Copa (91, 92, 96) et une Liga (96). Il ne doit la plupart du temps son échec qu’au Barça de Cruyff. L’Atlético retrouve notamment la Ligue des champions en 97 et sort en quarts contre l’Ajax au terme d’un match épique et grâce à une longue liste de noms ronflants : Paulo Futre, donc, mais aussi Diego Simeone, Christian Vieri ou encore Juninho.

Mais voilà, la folie de Jesús va parfois trop loin. Le voir célébrer le titre à dos d’éléphant, dans les rues de Madrid, ça a son charme. Et les supporters l’aiment pour ça : « Avec ma popularité, je peux devenir Dieu. » Mais le voir dégommer le président du SD Compostela à la télévision…

Vidéo

… le voir comparer ses joueurs à ses chevaux, le voir insulter un arbitre d’homosexuel – pour rester poli, le voir déclarer que les arbitres sont tous des mafieux, ça a fini par lui revenir à la gueule. En 1999, il retourne en prison pour une histoire de malversations. En 2000, l’Atlético est relégué pour la première fois depuis plus de soixante ans. En 2003, il lâche la présidence du club au profit d’Enrique Cerezo. En 2004, il meurt d’un AVC. Et aujourd’hui, alors que l’Atlético retrouve les sommets face au Bayern, son héritage est controversé. Que reste-t-il vraiment de Jesús Gil ? Son amour et son ambition pour le club n’ont jamais été remis en question, mais ses frasques ont fini par recouvrir une bonne partie de son œuvre. Il en reste au moins une culture de club s’articulant autour de la rivalité avec le Real Madrid, la combativité, le courage, la fierté, cette réputation de loser magnifique et Diego Simeone. Lors du titre en 2013, le Cholo a déclaré : « Je ne peux m’empêcher de penser à Jesús Gil dans ces moments-là. Je sais qu’il aurait aimé vivre ce genre de fête. » Oui. Et à dos d’éléphant.

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