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Atlético, le all-in en C1 ?
Relégué à neuf unités du leader merengue en Liga et auteur de son plus mauvais départ de l’ère Simeone, c’est un Atlético de Madrid en pleine crise existentielle qui mise beaucoup sur la Ligue des champions. Une C1 qui l'esquive depuis trois saisons mais qu’il entend bien ramener a casa.
Le Vicente-Calderón a mal à son histoire. Pour sa dernière réception en Liga du derbi madrileño, l’antre des Colchoneros fête son cinquantième anniversaire par une belle gueule de bois, la faute à une taule encaissée face à l’ennemi juré du Real. Autant dire que dans ses arcanes, la mine est déconfite, comme en atteste le passage éclair de Koke : « Il faut nous améliorer en défense, au milieu et en attaque, avec et sans le ballon. » Même si l’autocritique semble bien nécessaire, déculottée et décrochage au classement obligent, elle tourne en une auto-flagellation excessive. Bien que pointant désormais au sixième strapontin en Liga, à neuf points du leader madridista, les Colchoneros peuvent toujours se targuer d’être en tête de leur groupe de Ligue des champions au nez du Bayern de Munich. Une compétition qui leur fait miroiter monts et merveilles depuis trois exercices pour rien, ou presque, mais qui aujourd’hui se transforme en objectif le plus rationnellement atteignable, sans oublier la Copa del Rey. De là à imaginer une troisième finale en quatre éditions, il n’y a qu’un pas que les ouailles du Cholo veulent franchir.
De l’évolution offensive à la crise identitaire
Vingt et un points en douze journées : les comptes ne trompent pas, ce début de saison de l’Atlético de Madrid est le pire en championnat depuis l’arrivée de Diego Simeone. Alors qu’ils pointaient entre vingt-six et trente-trois points lors des quatre exercices précédents, les Rojiblancos réalisent un premier tiers de saison paradoxal, car arithmétiquement foiré, mais ô combien intéressant dans les mutations de son jeu. Cette bourrasque de vent frais n’intervient d’ailleurs que depuis quelques semaines, puisque l’Atlético réalise avant cela des premières journées enthousiasmantes. À tel point qu’il y a un mois, toute la galaxie du ballon rond rend hommage au premier de la Liga, premier de son groupe de Ligue des champions, meilleure défense de tout le Vieux Continent avec trois pions encaissés en onze rencontres… Bref, un top départ idyllique qui place ces Matelassiers comme les candidats à tous les titres. Surtout, c’est la mue offensive de la troupe de Diego Simeone qui interpelle : connue pour ses succès a minima, elle devient une tornade enchaînant les manitas et autres sets. Si bien qu’après un excessif 7-1 sur Grenade, l’Atlético officialise sa mue.
Peu habitués à de tels scores fleuves, les supporters ne savent plus où donner de la tête ni sur quel pied danser. Attaque ou défense ? Milieux de roublards ou d’esthètes ? Malgré de bons résultats, les questions s’amoncellent sur le bureau de Diego Simone, jamais soumis auparavant à tant d’interrogations. Pas encore en crise identitaire, l’Atlético fait évoluer son visage pour varier ses possibilités offensives. Alors qu’un onze composé de cinq joueurs tournés vers l’attaque – en l’occurrence, Griezmann, Gameiro, Carrasco, Koke et Saúl – semblait impossible il y a de ça quelques mois, il se répète à foison depuis le début de l’exercice. De fait, la structure de l’équipe se voit chambouler, ce que ne nie pas Gabi, désormais seul milieu défensif de métier titulaire : « Koke joue désormais dans l’axe et il est très bon, mais sans doute qu’au moment de défendre, nous sommes plus fragiles. » Cette saillie médiatique ne sied guère à Simeone, qui lui reproche en interne, mais se vérifie par les résultats récents : défait à trois reprises lors de ces cinq dernières rencontres, l’Atlético encaisse par là même neuf pions. Une hérésie pour le Cholo.
Koke : « Nous avons plus de variantes, plus de possession »
Virulente mais cohérente, la critique du capitaine rojiblanco déclenche une réponse poussée de Koke : « Je crois que l’équipe a bénéficié de mon passage au centre. Nous avons plus de variantes, plus de possession. Défendre n’est pas qu’une question propre à moi, mais à tout le monde. Sur les buts que nous avons encaissés, de nombreux sont intervenus sur coup de pied arrêté, comme face à Málaga ou le Real. Je ne crois pas que l’équipe défende mal, comme nous l’avons vu contre le Bayern. » Justement, la compétition européenne arrive comme un bol d’air frais pour ces Colchoneros en plein questionnement existentiel. Car premiers de leur groupe avec un plein de succès, dont le premier, tranchant, face au Bayern de Munich, ils peuvent toujours se prendre à espérer un sacre dans une compétition dont ils ont squatté deux fois la finale en trois ans. Surtout, cette C1 peut permettre au Cholo de renouer avec sa recette magique : du béton en défense, une solidarité intacte dans le pressing et des contres assassins. Autant d’ingrédients, aujourd’hui mis entre parenthèses, que le Vicente-Calderón serait ravi de retrouver pour ces derniers mois d’existence.
Par Robin Delorme