- La malédiction de l'Atlas
Atlas, ton univers impitoyable
Tout au long du tournoi d'ouverture mexicain, sofoot.com vous propose de suivre le feuilleton des aventures de l'Atlas, le club le plus lose du pays. Et c'est peu de dire que ça a déjà mal commencé.
Bientôt 60 ans que l’Atlas n’a pas remporté le championnat mexicain. 59, plus exactement. Un titre comme une oasis au cœur de 93 années d’existence maudite. Les Rojinegros de Guadalajara ont pourtant sorti des joueurs aussi imparables que Rafa Marquez et Andres Guardado, les deux Mexicains les plus cotés de la dernière décade, le cérébral Pavel Pardo aussi (ex VfB Stuttgart), le portier Oswaldo Sanchez, et le meilleur buteur de l’histoire de la sélection, Jared Borgetti. Au Mexique, la qualité du travail de la cantera ne fait pas débat, comme le style de jeu alerte pratiqué par les Rojinegros, mais la cote d’amour de l’Atlas chez les esthètes se révèle inversement proportionnelle aux nombres de lignes à son palmarès. Ce qui peut rappeler d’autres Rouge et Noir…
Après six premiers mois à prendre ses marques, l’ex-entraîneur de Boca Juniors, Carlos Ischia, veut faire retrouver le goût de la Liguilla (nda : les play-offs qui concluent le championnat) à l’Atlas. Et mettre ainsi fin à trois années et six tournois (nda : deux par an au Mexique) de disette. Jouable sur le papier. Car à l’exception du jeune international Jorge Torres Nilo, les meilleurs produits de la cantera ont été conservés, et les recruteurs du club n’ont pas manqué de nez. Ainsi, le milieu paraguayen Enrique Vera, recruté en amont de sa bonne Coupe du Monde, et le jeune Colombien Michael Ortega, attiré avant de se signaler lors du tournoi sud-américain des moins de 20 ans remporté par les siens, pas plus tard que dimanche dernier.
Après seulement deux journées, les affaires ont pourtant déjà sévèrement mal tourné pour l’Atlas. Le premier rendez-vous de la saison fut notamment une caricature majuscule de la lose atavique du club tapatio (nda : de Guadalajara). Plus que la défaite (1-0 à Morelia), pas forcément illogique, c’est le scénario de la rencontre qui en dit long sur la poisse qui ne lâche plus la vieille institution de Guadalajara. Ainsi, sans commettre de faute, Enrique Vera fut expulsé. Un premier avertissement reçu pour contestation à la 49e, un second pour simulation sept minutes plus tard, et le Paraguayen manquait ses grands débuts avec son nouveau club. Malheureux, l’Atlas recevait toutefois une opportunité de revenir au score avec un pénalty sifflé à la 86e. Nouvel arrivé, le buteur argentin naturalisé mexicain Alfredo Moreno visait au-dessus de la transversale et désespérait ses couleurs.
Dans un championnat limité à 17 journées, la moindre série négative peut prendre des proportions dramatiques. Pas aidé par le calendrier, avec deux déplacements de rang programmés, l’Atlas se devait de ramener quelque chose de Queretaro. Il perdit donc (2-1), au bout d’un scénario meurtrier, avec deux buts encaissés en 120 secondes. « Deux minutes d’inattentions » résuma Ischia, sacré champion avec Boca Juniors lors du tournoi d’ouverture 2008. Dans cette noire entame, une éclaircie perçait toutefois, avec l’arrivée de la jeune promesse du Deportivo Cali Michael Ortega, enfin libéré de ses obligations avec son équipe nationale. Samedi prochain, pour la première des siens au Stade Jalisco, il ne sera pourtant pas aligné. En cause, trois semaines de retard dans l’obtention de son visa, une attente qui est allée jusqu’à générer des rumeurs de départ en loucedé vers l’Europe. Pour ne rien arranger, les ennemis locaux des Chivas Guadalajara flambent de mille feux, avec l’inauguration de leur nouveau stade, auréolée d’une victoire sur Manchester United, et la qualification pour la finale de la Copa Libertadores, la première d’un club mexicain depuis près de dix ans. Seul recours pour les supporters de l’Atlas, se dire que le pire est passé. Vraiment ?
Par Thomas Goubin, à Guadalajara
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