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Atlanta Utd : conquérir la MLS avec des idées neuves
Parmi les deux nouvelles franchises qui vont intégrer la MLS l’année prochaine, il y a une création de toutes pièces : Atlanta United. L’ex-sélectionneur argentin et éphémère coach de Barcelone Tata Martino a déjà été nommé pour préparer la saison inaugurale et piloter ce très ambitieux projet à base de partage de stade ultra moderne, de formation renforcée et d’analyses statistiques très poussées. Ceci est une révolution.
Il y a vingt ans, Atlanta accueillait le monde à l’occasion des Jeux olympiques d’été. Ce fut l’entrée officielle du plus grand événement sportif planétaire dans l’ère du business total : les JO sur les lieux mêmes de Coca Cola, le plus gros sponsor de l’événement. Une ignominie pour les puristes mais aussi une forme d’inéluctabilité, car Atlanta est effectivement un poumon économique des États-Unis, en plus d’être une cité d’excellence sportive. Avec plus de 6 millions d’habitants, l’agglomération de la capitale de l’État de Géorgie est un incontournable du Sud-Est du pays.
La croissance de la population est même l’une des plus importantes aux US, avec notamment une diaspora hispanique qui a doublé de volume en à peine dix ans pour dépasser les 700 000 personnes. Le marché semble évidemment propice à l’implantation d’un nouveau club de foot – franchise de soccer en V.O. D’ailleurs, Atlanta restait jusqu’à présent la plus grande aire urbaine américaine à ne pas avoir de représentant en MLS. Anomalie réparée avec l’officialisation il y a un peu plus de deux ans de l’implantation d’une future franchise dans la ville.
Un stade à un milliard et demi de dollars
Le 16 avril 2014, la nouvelle est annoncée : il y aura une franchise de MLS à Atlanta, et sa saison inaugurale aura lieu en 2017. En vérité, cela faisait quelques années déjà que la ligue américaine de soccer poussait pour être présente sur place, mais se posait le problème du stade. En effet, dans le cahier des charges de la MLS, il est stipulé que toute nouvelle franchise doit disposer d’un stade en propre avec pelouse naturelle. À Atlanta, aucun investisseur n’était prêt à mettre les ronds pour un tel projet. Arrive alors, en 2012, la nouvelle selon laquelle l’équipe locale de foot US, les Falcons, allait construire une nouvelle enceinte. Une folie : plus de 70 000 places dans un écrin incroyable de modernité, avec toit rétractable s’ouvrant et se fermant en corolle pour un coût estimé à 1,4 milliard de dollars.
Pour le viabiliser, les Falcons d’Atlanta doivent chercher un colocataire et en trouvent un providentiel dans cette arlésienne qu’est la fondation d’une franchise de soccer. La MLS accepte donc de faire une exception : le nouveau club d’Atlanta n’aura pas son stade, mais le partagera avec ses voisins du foot US. Cela pourrait certes poser des problèmes de calendrier à l’avenir, mais du coup, Atlanta United va tout de suite – ou presque, inauguration prévue en juin 2017 – disposer d’un stade flambant neuf et ultra moderne pour disputer ses matchs à domicile. Pour éviter qu’il sonne trop vide lors des matchs de soccer, il est prévu de réduire sa capacité d’accueil jusqu’à moins de 30 000 places. Cela pourrait toutefois vite s’avérer insuffisant, puisqu’il y avait déjà cet été plus de 20 000 abonnements vendus pour la saison inaugurale qui ne débutera qu’en mars prochain.
Carlos Bocanegra dans l’ombre
Depuis plusieurs mois, Atlanta United FC – de son nom complet – s’active pour préparer au mieux cette saison inaugurale. Le propriétaire de la franchise n’est autre qu’Arthur Blank, cofondateur de Home Depot, un géant de la distribution aux États-Unis et qui détient également les Falcons d’Atlanta – ce qui a ses avantages… Il a commencé à composer son staff sportif en embauchant notamment l’ancien Rennais et Stéphanois Carlos Bocanegra, légende aux 110 sélections avec la Team US, au poste de directeur technique, et le Chilien Jorge Alvial, chef du département scouting après quasi une décennie comme recruteur pour Chelsea.
Il y a quelques jours, c’est le nom de l’entraîneur en chef qui a été dévoilé, et c’est une petite sensation à l’échelle du soccer nord-américain : Tata Martino a été préféré à d’autres noms qui circulaient comme Bob Bradley ou l’ex-coach des Sounders de Seattle, Sigi Schmid. Le pari est audacieux, car Martino ne connaît pas la MLS, mais son CV a plaidé en sa faveur, avec une expérience sur le banc du FC Barcelone et un mandat en tant que sélectionneur de l’Argentine ponctué par deux finales de Copa America perdues. À voir si ce choix peut s’avérer payant, mais il est intéressant de constater que la MLS semble enfin s’ouvrir aux entraîneurs étrangers. Il y a un an, Patrick Vieira a également bénéficié de cette nouvelle tendance, avec succès, puisque New York City FC réalise une saison régulière 2016 très convaincante.
Un projet aux allures de partie de Football Manager IRL
En matière d’audace, Atlanta paraît bien décidé à ne pas en rester là. Mieux vaut d’ailleurs partir avec cet état d’esprit pour composer un effectif à partir d’une feuille blanche, ce qui n’est pas le cas par exemple de Minnesota Utd, l’autre franchise qui va démarrer en MLS l’an prochain sur la base d’un club évoluant jusqu’à présent dans une ligue mineure. Atlanta United démarre à partir de rien et n’a plus que quelques mois pour être compétitif. À l’heure actuelle, sept joueurs ont été recrutés, de sept nationalités différentes, dont un « joueur désigné » , l’Argentin Hector Villalba. Si quelques rumeurs d’arrivées de stars commencent à poindre – les Mexicains Andrés Guardado et Carlos Vela, ainsi que Yaya Touré notamment –, la nouvelle franchise aimerait surtout mettre le paquet sur la formation, un des gros points noirs dans le développement du foot en Amérique du Nord.
Parmi les sept joueurs de l’effectif, le seul Américain est d’ailleurs un très jeune espoir de seize ans qui vient de signer son premier contrat pro. Une équipe réserve U18 a déjà été composée et compte notamment l’international espoir Edwin Figueroa. Et pour détecter avant tout le monde où se trouvent les jeunes espoirs du foot aux États-Unis et ailleurs, une analyste statisticienne a également rejoint l’encadrement sportif. Une certaine Lucy Rushton, nerd anglaise qui travaillait jusqu’à présent pour Reading et qui va désormais mettre ses compétences au service d’Atlanta, un peu à la manière de Jonah Hill dans le film Le Stratège. Cette franchise ressemble à s’y méprendre à une partie de Football Manager in real life…
Par Régis Delanoë