Bonjour Atila, comment se passe ton début de saison ?
Bien ! On a fait une bonne préparation tous ensemble cet été, avec notre coach qui nous pousse toujours vers l’avant. Nous sommes très solidaires au sein du groupe, et la concurrence est saine. Notre bon début de saison coïncide avec cette préparation.
Tu es de plus en plus utilisé par ton coach cette année. Comment tu qualifierais ton rapport avec Olivier Guégan ?
Je m’entends hyper bien avec lui, tout se passe bien. L’an dernier, j’ai passé une saison un peu compliquée à l’étranger, mais ça m’a bien servi de leçon. J’ai appris beaucoup de choses…
Tu es aussi aux côtés de Franck Signorino quotidiennement à l’entraînement. Il compte plusieurs matchs en L1, il a un passé dans le championnat espagnol… C’est quelqu’un auquel tu attaches une attention particulière ?
Ici à Reims, je respecte tout le monde, encore plus les anciens. C’est clair que j’apprends beaucoup aux côtés de Franck. Que ce soit sur le terrain ou en dehors, pour me donner des conseils dans mon jeu, les petites erreurs que je peux faire parfois… C’est un peu comme un grand frère. Il me permet de progresser plus vite, de bien m’adapter à la Ligue 1.
Revenons un peu aux bases. Comment s’est passée ta jeunesse à Migennes, près d’Auxerre ?
J’ai très vite joué au foot en fait. J’étais issu d’un quartier populaire là-bas, à Cheny. On n’avait pas grand-chose d’autre à faire que de jouer au foot, donc je jouais matin, midi et soir. J’ai joué un an au Stade auxerrois, à 100 mètres du stade de l’AJ Auxerre. Dans ma famille, j’ai un petit frère et une petite sœur, c’est moi l’aîné. On était très rapprochés, mais j’ai voulu faire le choix de partir à Grenoble.
Justement, tu pars très jeune pour Grenoble, à seulement 14 ans, en 2006. Pourquoi avoir fait un tel choix ?
Plusieurs clubs souhaitaient me faire signer : Rennes, l’AS Saint-Étienne… Pour faire sa formation, c’était quand même des gros clubs. J’ai réfléchi, et puis Grenoble s’est aussi présenté. Honnêtement, j’ai senti plus d’envie du côté de GF38 de me recruter. Je me souviendrais toujours que Bernard Blaquart, le directeur du centre de formation du GF38 à l’époque, était venu avec sa femme devant chez moi pour me faire signer chez eux. Il m’a convaincu qu’il voulait me faire progresser et me faire jouer pour l’équipe première. Bernard, c’est l’homme à la base de ma réussite actuelle, je lui dois tout.
Dans les équipes de jeunes au GF, tu fais partie des joueurs phares sur le terrain, mais aussi en dehors. Tu aimais bien les excentricités capillaires, les colorations…
(Rires) C’est la fougue de la jeunesse, ça ! On aime bien faire des trucs un peu différents pour se distinguer, on se cherche un peu. Mais bon, aujourd’hui, je suis un garçon rangé, c’est fini tout ça ! Après, ça fera toujours partie de moi, de mon passé…
On te donnait aussi un surnom dans le vestiaire…
C’était Florian Thauvin et Joseph Mendes (aujourd’hui au Havre, ndlr), ils m’appelaient « Mag » ou « Mag’nitch Mag » , quand je reparle avec eux, ils disent toujours « Mag » . Franchement, c’est sorti comme ça et c’est resté. Je vois pas vraiment d’autre explication.
Tu es vite sélectionné en équipe de France espoirs. Lors d’un déplacement en Turquie, tu avais aussi aidé à régler un souci en servant de traducteur…
C’était dans mes années U17 où j’ai commencé à jouer chez les jeunes en équipe de France. Une fois, on avait un match contre la Turquie organisé là-bas, le coach, c’était Philippe Bergeroo. On avait eu un accident en montagne avec le bus, il avait dérapé et percuté une voiture. Ce jour-là, notre attaquant Harry Novillo s’était rompu les ligaments de la cheville parce que son pied était resté coincé en dessous du bus… C’était vraiment grave ! Et à ce moment-là, j’avais servi de traducteur pour expliquer aux gens qu’on avait un blessé, pour appeler une ambulance… Pour le coup, c’était utile de parler turc !
Comment est-ce que tu vois ta relation avec la Turquie ?
Dès que je peux y aller, j’y vais. J’ai de la famille là-bas, du côté de mon père, à Afyon. Ce sont mes origines, même si je ne suis pas né là-bas. Je respecte beaucoup ce pays, je suis de confession musulmane et j’y vais plus pour voir ma famille que pour m’éclater pour les vacances. Chez nous, on reste très attachés à cette culture. Mon père est arrivé à 8 ans en France, il a grandi ici, il s’est marié avec ma mère, puis elle est venue habiter en France, quand elle avait 22 ans.
À Grenoble, tu n’arrives malheureusement pas au bon moment, le club coule en Ligue 2… C’est un choix que tu regrettes avec le recul ?
Non, pas du tout. Grenoble, c’est le club auquel je dois tout, j’y suis super attaché. Chaque année, je suis leurs résultats depuis que je suis parti. J’espère de tout mon cœur qu’ils vont monter en National cette année. Voir Akrour passer la barre des 100 buts, c’était beau. Et même humainement, j’ai rencontré de belles personnes là-bas, des bons coachs comme Olivier Saragaglia… Non seulement je n’ai pas de regret, mais j’aimerais beaucoup revenir à Grenoble en fin de carrière.
Avec la descente du club en CFA2, tu finis par trouver un accord avec le Sporting Portugal. Comment tu as vécu ton passage au Portugal ?
Quand le Sporting est venu me voir, c’était une vraie opportunité pour moi. On parle quand même du club formateur de Cristiano Ronaldo, Ricardo Quaresma… Ce n’est pas rien. Donc je me dis que si je refuse cette proposition, elle ne se représentera peut-être plus dans ma vie. J’y suis allé, ça s’est très bien passé au début, et puis au dernier jour du mercato, on m’a dit que finalement, je ne rentrais pas dans les plans du coach pour cette saison. À partir de là, j’ai enchaîné avec un prêt à Beira-Mar, où le club connaissait des difficultés financières. Ce n’était pas une saison terrible pour moi.
L’année suivante, tu décides de revenir vers la Turquie, à Orduspor. C’est un choix qui t’as redonné le plaisir de jouer ?
Après des années de galère financière et sportive, c’est sûr que revenir dans un club où je parle la langue et pouvoir faire une année complète à jouer régulièrement, ça redonne de la confiance. C’est après cette saison que Reims s’est décidé à me faire signer chez eux. Hubert Fournier me connaissait bien depuis la Ligue 2, il m’a mis dans ses plans, et de là, j’ai joué régulièrement dès la saison de la montée.
Fournier part, puis Reims décide de te prêter pour la saison à venir à Kasımpaşa. Pourquoi ?
La préparation s’était bien faite avec le groupe en avant-saison, mais à la fin, on m’a fait comprendre que j’allais être mis dans l’équipe réserve… À vrai dire, je n’ai pas très bien compris pourquoi, ça m’a surpris. Donc à partir de là, j’ai voulu partir. À cet âge-là, tu ne peux pas te permettre de faire une saison blanche, les années passent, mais il faut jouer. À Kasımpaşa, je démarre bien avec deux très bons matchs, puis je suis écarté du groupe pendant deux mois… J’ai été voir le coach, le président, ils me renvoyaient toujours à quelqu’un d’autre, pour finalement ne pas obtenir de réponse. Personne n’osait me dire la vérité, j’ai trouvé ça con. J’ai dû passer une grosse année à jouer très rarement, c’était compliqué. Cet été, j’ai fait un gros point avec le club, pour savoir s’ils comptaient sur moi. J’ai fait la préparation et j’ai été conservé dans le groupe professionnel. Rester à Reims, c’était mon choix numéro un.
Comment est-ce que tu vois ton avenir international si la Turquie venait à t’appeler ?
Mon objectif cette année, c’est le club. Si je joue et que ça se passe bien, peut-être que la sélection turque va penser à venir me voir. Mais d’abord, je dois beaucoup prouver. À l’heure actuelle, savoir si je dois choisir entre la Turquie ou la France, franchement j’en sais rien. Si le moment arrive, je prendrai une décision avec ma famille et ma femme.
Tes deux clubs favoris, c’est Galatasaray et le Barça. Tu te verrais bien comme le prochain Arda Turan ?
(Silence) Après tout, pourquoi pas ! En tout cas, c’est ce que j’ambitionne tous les jours. Un jour, si Dieu le veut, j’atteindrai ce niveau-là. Tu sais dans le football, ça va tellement vite…
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