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Atalanta, changement de cap
Deuxième de Serie A et invaincue, l’Atalanta impressionne bon nombre de suiveurs du Calcio. Alors qu’elle a vécu un dernier exercice compliqué, la Dea s'est en effet reconstruite en l’espace d’un été et affiche un tout autre visage. Fini le spectacle, place à l’efficacité pour Gian Piero Gasperini qui aurait donc dérogé à ses principes footballistiques. Pour le meilleur ?
Samedi 21 mai 2022, dernière journée de Serie A. L’Atalanta vient de s’incliner à la maison 1-0 face à Empoli, en concluant une saison éprouvante qui a marqué la fin d’un cycle. Les Bergamasques terminent à la huitième place, tout simplement le pire classement depuis l’arrivée de Gian Piero Gasperini à l’été 2016. Alors qu’elle avait dompté l’Italie et l’Europe via son football spectaculaire, la Dea doit donc déjà se réinventer pour relancer la machine.
Discuté et ne jouissant plus du même prestige, le meilleur ami de Papu Gómez est finalement maintenu par la direction bergamasque. « Nous avons connu des derniers mois difficiles, mais Gasperini reste avec nous à 100% », confirme Luca Percassi, l’administrateur délégué du club, au micro de Sky Italia. Le nouveau cycle de la Dease fera donc avec le Gasp.
Rigueur et efficacité
« Ce n’était pas l’équipe à laquelle je m’attendais. On vient de commencer la saison, mais j’ai l’impression que l’on commence notre mercato seulement maintenant. » Le 9 août, alors qu’il prépare sa septième saison sur le banc bergamasque, Gian Piero Gasperini décide de remettre en question le travail de sa direction en conférence de presse avant le match contre la Samp (2-0). Un boulot trop lent, visiblement, pour le bonhomme. Une lenteur qui s’explique par l’importante mise à jour que connaît le club lombard, à commencer par l’arrivée du nouveau directeur sportif Tony D’Amico. En provenance du Hellas où il a façonné sa réputation, l’homme de 42 ans devient le bâtisseur de cette nouvelle Atalanta. L’objectif est simple : construire un nouveau cycle avec des jeunes joueurs talentueux, capables d’être performants sur le court et moyen terme. L’ancien de Vérone mise alors sur quatre profils : Rasmus Høljund, Brandon Soppy, Éderson et surtout Ademola Lookman. Avec ce remue-ménage estival, le visage de l’Atalanta est totalement différent. Habitué à développer un football offensif et de possession, Gasperini décide de déroger à ses principes qui ont bâti sa réputation. Frein à main, virage serré à droite : fini le football spectacle, place à l’efficacité.
Che assist, che finalizzazione! What an assist, what a finish! #Soppy @Alookman_ #GoAtalantaGo pic.twitter.com/xV7Y1H5ahF
— Atalanta B.C. (@Atalanta_BC) October 16, 2022
Désormais, le club lombard reste solide en bloc bas et procède en transition rapide (pour ne pas dire en contre-attaque). Une tactique efficace, les joueurs s’adaptant et formant un collectif parfaitement huilé. Avec un trio arrière Demiral-Okoli-Salvini, l’Atalanta affiche une impressionnante solidité défensive (la deuxième meilleure du championnat). Pour assurer les transitions, Gian Piero Gasperini peut s’appuyer sur des pistons (Mæhle et Soppy, mais aussi Hateboer) capables de multiplier les courses. Au milieu, les rescapés de l’ancienne Dea De Roon et Pasalić font parler leur expérience avec un Koopmeiners qui apporte son aisance technique. Mais l’arme fatale se nomme Ademola Lookman : arrivé cet été en Lombardie, l’ailier nigérian enchaîne les prestations XXL et a déjà inscrit quatre buts en distribuant trois passes décisives en dix matchs. « Il n’a même pas eu besoin de temps d’adaptation. Lorsqu’il est arrivé, il s’est directement acclimaté à notre style de jeu », a complimenté Gasperini après le succès face à Sassuolo.
« L’objectif premier reste le maintien »
Justement, après ce succès face à la bande de Dionisi contre Sassuolo (2-1), le président bergamasque Antonio Percassi a décidé de sortir la carte de la modestie dans des propos relayés par Rai Sport : « La première place, c’est utopique. Nous sommes contents, on espère continuer. Mais le maintien, et les 40 points, restent nos premiers objectifs. »Pourtant, les Nerazzurriauraient de quoi s’enflammer : actuellement deuxièmes de Serie A avec 24 points (sept victoires, trois matchs nuls et aucune défaite), la Dea réalise tout simplement le meilleur début de saison de son histoire. Avec cette impressionnante maîtrise tactique, la formation lombarde jouit aussi d’un avantage : celui de ne jouer qu’un seul match par semaine, en comparaison à ses concurrents (romains, milanais, turinois et napolitain). C’est simple, l’Atalanta a disputé « seulement » dix matchs depuis le début de saison. La Roma, la Lazio, l’Inter, Milan, la Juve et le Napoli en sont au moins à quatorze.
Avec la Coupe du monde qui arrive à grands pas, les Bergamasques peuvent finalement se réjouir de cette non-participation européenne. Alors, le Scudetto peut-il être un véritable objectif du côté de la ville d’Ermanno Olmi ? Pour le Gasp, non :« Nous ne pouvons pas dire que nous luttons pour le titre quand on regarde notre effectif, qui n’est pas au-dessus de l’Udinese par exemple. Pour une équipe comme l’Atalanta, la Coupe d’Italie est un objectif plus raisonnable. », argumente-t-il à Radio Anch’io sport. En grande forme depuis dix journées, l’Atalanta s’invite pourtant à la table des grands d’Italie. Avec un football moins sexy, mais diablement plus efficace et qui a mis à l’amende la Roma, la Fiorentina et dernièrement Sassuolo. Vivement la suite : la bande à Marten de Roon va connaître des prochaines semaines rudes avec des matchs face à la Lazio, le Napoli ou encore l’Inter Milan. Une véritable épreuve d’immunité, pour l’Atalanta 2.0.
Par Tristan Pubert