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Astori di un grande amor
La disparition tragique de Davide Astori a fait ressortir tout ce qu'il y avait de bon dans le monde du football italien, et que l'on enfouit chaque week-end.
Il est difficile de se replonger dans la Serie A après le drame de la semaine dernière. Le décès de Davide Astori a bouleversé l’Italie, pour de nombreuses raisons. De la façon dont il est survenu, brutal, inattendu. En plein sommeil, un moment censé être paisible. Et puis, pour qui il était. Davide Astori n’était pas un top player, mais un bon joueur. Il ne jouait pas non plus dans un top club, mais une bonne équipe. Mais il était tout ce que les Italiens aiment : un homme élégant, avec des valeurs, loyal, intelligent. C’est d’ailleurs cet aspect-là que tous ont voulu mettre en avant lors des innombrables hommages : l’homme avant le footballeur, le mari avant le défenseur, le papa avant le capitaine.
Show must stop
C’est terrible à dire, mais la disparition tragique de Davide Astori a fait ressortir tout ce qu’il y avait de bon dans le monde du football italien, et que l’on enfouit chaque week-end. Les polémiques pour un penalty non sifflé, pour une assistance vidéo mal utilisée, les indignations pour un chant irrespectueux envers une équipe rivale, les affrontements entre supporters. Tout ce qui compose un week-end de football et qui, face à la douleur du décès de l’un de ses protagonistes, s’est évaporé en l’espace d’une seconde. Pour laisser place à toutes les valeurs qui devraient faire l’essence du football : la solidarité, le respect, la passion. Lorsque les joueurs de Serie A ont appris, dimanche dernier, le décès d’Astori, tous ont eu la même réaction : tout arrêter. Impossible de jouer. Ce n’est pas le président Giovanni Malagò qui a pris la décision. Lui n’a fait que l’annoncer. Ce sont les joueurs. Tous les joueurs. De ceux de Cagliari qui l’ont côtoyé pendant six saisons à ceux de Benevento qui ne l’avaient croisé qu’une fois dans leur vie. Show must go on, d’accord, mais parfois, show must stop, aussi. Et là, il ne pouvait pas continuer.
Les larmes de Giorgio Chiellini
Le côté parfois cynique du football a alors laissé place à l’humanité. À Giorgio Chiellini qui pleure pour son ami après avoir qualifié la Juventus en Ligue des champions. À Leonardo Bonucci qui n’arrive pas à répondre à une interview parce que trop bouleversé. À Domenico Criscito qui lui dédie son but en Ligue Europa. Et surtout, à une délégation de la Juventus ovationnée par la foule florentine à son arrivée aux obsèques du joueur. De mémoire, jamais un joueur turinois n’avait été applaudi par les fans de la Fiorentina, alors une délégation entière… C’était beau, c’était émouvant. C’était juste bien. Probablement que cette union sacrée s’évaporera elle aussi à son tour et que les polémiques pour un hors-jeu non sifflé lors du prochain Juventus-Fiorentina reprendront de plus belle. Mais la disparition d’Astori a été une piqûre de rappel. Au sens premier du terme : se rappeler que les antagonismes les plus profonds ont, eux aussi, le droit de s’octroyer des trêves.
Par Éric Maggiori