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Astonvilla : « Débriefer un match avec Ginola, c’est le highlight de notre carrière »

Propos recueillis par Jérémie Baron, à Ris-Orangis (91) // Photos : Astonvilla / Eric Vernazobres

Aston Villa n'est pas seulement une équipe de Premier League : c'est aussi (sans espace) un groupe de rock français qui approche les 30 ans de carrière. Quel est le rapport entre les deux ? À l'occasion de la sortie d'un sixième album nommé Superspectives, et en pleine résidence avant le départ en tournée, Fred (fondateur du groupe et chanteur) et Aurélien (bassiste depuis 2014) se sont posés pour tout expliquer.

Astonvilla : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Débriefer un match avec Ginola, c&rsquo;est le highlight de notre carrière<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

D’où vient ce nom de groupe ?

Fred : Notre premier concert a eu lieu ici, à Ris-Orangis. À l’époque, on ne s’appelait pas encore Astonvilla. On avait un nom juste pour ce concert, « Automatic ». Un mec à la fin du concert nous demande de lui filer une cassette en disant qu’il a un plan dans une maison de disques. Je n’y crois pas une seconde, mais un mois après, Bertrand Lamblot de BMG nous appelle et nous donne rendez-vous. Comme dans les films. Le truc se passe, et il nous dit de changer de nom, que « Automatic », ce n’est pas possible. On galère pour trouver un nom, ça prend des semaines et des semaines. Un quart d’heure avant notre dernier rendez-vous, où on doit arriver avec le nom du groupe, on n’a toujours pas de nom ! À l’époque, Djib, le premier bassiste du groupe, nous dit qu’un groupe anglais a pris le nom de Saint-Étienne, comme le club, et qu’on pourrait faire pareil en prenant un nom anglais. Et là, il me sort « Aston Villa » et je me dis « Putain, ça tape Aston Villa ! » C’est venu comme ça. On monte dans le bureau, on lui donne ce nom, et il trouve ça classe. (Rires.)

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Il avait un lien avec le club, Djib ?

F : Pas du tout, on aimait bien le foot, mais pas plus que ça. On suivait les gros évènements, mais les histoires de transferts par exemple, ça ne me parle pas. J’ai fait du foot quand j’étais petit, à Saint-Michel-sur-Orge, et j’avais un talent, des prédispositions pour le foot. J’étais ailier gauche, j’ai toujours aimé (Marc) Overmars, (Pierre) Littbarski. J’ai 10, 11 ans, mes parents sont contactés par l’INF Vichy (l’ancêtre de Clairefontaine, NDLR), mais mon père leur dit non. On ne saura jamais ce qui se serait passé, mais ça a été une déchirure pour moi. D’ailleurs, je n’ai plus jamais voulu rejouer au foot en club. J’ai fait du tennis, puis du futsal bien plus tard.

Aston Villa nous a aussi invités pour un match. C’est exotique pour eux, un petit groupe français qui vient de nulle part et a pris le nom de leur club, ils trouvent ça super drôle.

Fred

Vous supportez une équipe ?

Aurélien : Oui ! Moi, c’est Paris parce que je suis né à Paris, et après je supporte aussi l’AC Ajaccio et le Gazélec parce que ma famille est originaire de Corse-du-Sud. Fred est plutôt marseillais, car il a longtemps vécu à Marseille.

F : Je viens de vivre 20 ans à Marseille, mais avant d’y vivre, j’étais déjà supporter de l’OM. Je n’ai jamais vraiment trop accroché avec Paris. Je fais partie de cette génération qui a connu la période Tapie. Je ne connaissais pas du tout Marseille, mais j’aimais le club.

A : Mes premiers matchs, c’était au Parc quand j’étais petit avec Ginola, Daniel Bravo… En 2014, on a joué dans Match of ze Day, présenté par Ginola justement. Tout au long de la journée, on jouait entre les matchs pour faire la transition, pendant le Boxing Day le 26 décembre.

F : C’était une super exposition.

Comment vous êtes-vous retrouvés là ?

F : L’histoire, c’est que le groupe sort son premier album en 1996, on s’appelle alors « Aston Villa » en deux mots, comme le club – après on a changé et attaché les deux mots. Comme par hasard, la fille du président du club est en villégiature à Paris, elle nous écoute à la radio, rapporte le disque là-bas, et eux nous contactent. Ils dépêchent un photographe et un journaliste, nous suivent sur une tournée pendant une semaine, et nous invitent carrément à faire un concert à Birmingham, dans un club : c’était génial, c’était une petite boîte, il devait y avoir 300 personnes, personne ne comprenait le français, et à la fin, les gens nous ont dit : « On n’a rien compris, et pourtant ça nous a raconté quelque chose. » Ils nous ont aussi invités pour un match. C’est exotique pour eux, un petit groupe français qui vient de nulle part et a pris le nom de leur club, ils trouvent ça super drôle. Et finalement, dans le Claret & Blue, le magazine du club, on a six pages. Un truc de ouf. Un reportage sur un petit groupe de rock français.

A : Mais un groupe de rock français qui ne sonnait pas français. Qui sonnait plutôt anglais, américain.

F : Oui, à l’époque, c’est la pop rock britannique. On est donc invités par le club, on est en 1996 ou 1997. Aston Villa joue contre Newcastle, et Ginola est là-bas à cette époque. Toute la journée on avait fait de la promo, des photos, sur le terrain, sur la pelouse du Villa Park qui est un stade centenaire, ils ont fait venir toutes les télés, les radios, un truc de ouf qu’on n’avait pas en France ! Vraiment, les Anglais nous ont reçus avec beaucoup de respect et de considération. On assiste au match, je découvre les tribunes d’un stade en Angleterre, ça chante grave. Ça n’est pas étonnant qu’ils aient inventé la pop music. Le match se termine, on est dans les loges, les joueurs passent, et Ginola nous dit : « Hey les gars, je vous ai vus à la télé ! Venez on va boire un coup. » On passe la soirée ensemble, on discute une heure et demie, on prend des photos, et on sympathise avec Ginola. Il est hyper sympa, hyper avenant, hyper normal, cool. Et on ne l’a plus jamais recroisé ! Vingt ans après, il est sur Canal et il pense à nous. C’est lui qui nous fait venir.

A : Quand Ginola m’a posé une question à l’antenne pour débriefer un match, c’était le highlight de ma carrière ! Parce que du coup, on regardait les matchs sur le plateau. Et on jouait toutes les 45 minutes.

Vous avez un petit public en Angleterre, grâce à tout ça ?

F : Non. Mais avec ce nouvel album, on est en train de recontacter le club, la direction de la communication, pour créer un évènement, leur envoyer l’album : on verra ce qui se passe, s’il se passe quelque chose tant mieux. Je ne sais pas si les gens de l’époque ont changé depuis.

Composer un hymne footballistique : ça, c’est un rêve de compositeur aussi.

Fred

Votre rêve, c’est d’être joué par la sono du stade ou dans le vestiaire des joueurs ?

F : Bien sûr ! Ce serait marrant. Je n’y crois pas une seconde. Il aurait peut-être fallu composer un hymne footballistique : ça, c’est un rêve de compositeur aussi. J’y ai déjà pensé, j’aurais adoré. J’ai même essayé, ça n’était pas assez pas probant pour que je puisse l’envoyer, le présenter. C’est un super exercice, hyper dur, mais très intéressant.

Aston Villa, ça n’a jamais vraiment été le club le plus sexy d’Angleterre… Ça n’était pas ça que vous recherchiez.

F : Pas du tout, on s’en foutait ! Ça sonnait. C’était juste pour la phonétique, la sonorité.

Vous ne parlez pas de foot dans vos chansons. Le rock ne semble pas être un style qui s’y prête, par rapport au rap par exemple.

A : Le rap est un style de musique plus immédiat, où on parle de ce qui se passe maintenant, et qui peut vite être daté. Là où dans le rock, on va plutôt chercher à écrire des sentiments, pour pouvoir inscrire ça dans la durée. Et aussi parce que t’as envie de pouvoir chanter le même morceau cinq ans après.

Il y a vingt ans, vous avez donc supprimé l’espace entre Aston et Villa. C’était pour se différencier de l’équipe ?

F : Oui, et c’était plus joli esthétiquement. Pour le référencement aussi, c’était chiant. Ce nom, ça allait avec notre musique et avec les personnalités du groupe à l’époque. Il y a Aston pour le côté british, Villa pour le côté méditerranéen, et il y avait un mélange comme ça dans le groupe. On a intellectualisé le nom parce que c’est toujours intéressant de donner une dimension intellectuelle : « Pancho Villa dans une Aston Martin, c’est le luxe de la révolution. » C’était notre punchline.

Vous n’avez jamais pensé à faire une chanson avec le groupe Déportivo ?

Non. (Rires.) Mais merci pour l’idée !

Vous regardez les matchs, aujourd’hui ?

F : Les grands matchs, la Ligue des champions, l’équipe de France.

A : Moi, je regarde tout, quand je peux. On se déplace pas mal, on a parfois des temps de latence quand on se déplace à droite à gauche : une fois, j’avais pu me faire la finale du championnat d’Europe U17 – il y avait Kumbedi –, dans ma chambre d’hôtel entre deux concerts (le 1er juin 2022, victoire des Bleuets contre les Pays-Bas avec un doublé de Kumbedi). J’étais content. J’ai aussi des parties mémorables de Football Manager. Je jouais en réseau avec mon cousin, Stan : sur FM 2008, on était allés jusqu’en 2034.

L’AC Ajaccio va être vendu à la fin de l’année

Propos recueillis par Jérémie Baron, à Ris-Orangis (91) // Photos : Astonvilla / Eric Vernazobres

Superspectives, le nouvel album d'Astonvilla, est sorti ce vendredi 1er mars. Retrouvez le groupe sur Facebook, Instagram ou sur le site officiel.

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