Aston Villa a-t-il la clé ?

Comme un symbole. Dans la short list des six stades retenus pour accueillir les Jeux Olympiques de Londres en 2012, Villa Park fait finalement faux bond. La raison ? Mise en chantier pour d’importants travaux de rénovation et développement, l’enceinte de Birmingham ne sera pas prête dans les délais impartis. En apparence anodine, l’anecdote est finalement assez révélatrice de ce qui menace peut-être son pensionnaire principal. En effet, depuis deux saisons, Aston Villa lorgne méchamment sur les places de choix du football anglais. La saison passée, jusqu’aux derniers toussotements de l’hiver, les Villans étaient même bien partis pour enfin incruster le top 4 en éjectant Arsenal. Avant la dégelée du printemps et un retour dans le rang. Alors évidemment, après deux accessits à la sixième place, après avoir carrément joué les premiers rôles l’an dernier, la logique voudrait que cette fois, Villa fasse enfin exploser ce Big Four monolithique. Sauf que rien n’est moins sûr et que comme son stade, le club phare de Birmingham pourrait bien ne pas être au rendez-vous.

La vie sans Barry

Car il faut bien dire que le club drivé par Martin O’Neill n’apporte pas beaucoup de garanties. La faute à un recrutement, disons, prudent. Certes, Villa a accompli une forme de prouesse en conservant ses deux jeunes flèches offensives, Gabriel Agbonlahor et surtout Ashley Young (plus que convoité par le Liverpool de Rafael Benitez), car franchement la partie était loin d’être gagnée. Mais que dire du départ de Gareth Barry pour Manchester City ? Le milieu de terrain international était véritablement le dépositaire du jeu des Villans et de son bon ordonnancement. En plus d’une discipline tactique sans faille et d’une grosse intelligence de jeu, Barry possède la meilleure qualité de passe du royaume avec le Mancunien Michael Carrick, voire Steven Gerrard même si le capitaine de Liverpool n’affiche sans doute pas le même taux de réussite. Et puis au-delà du footballeur, Barry était le taulier du vestiaire, l’âme du club où il officiait depuis plus de douze ans. Une perte d’autant plus inestimable dans une équipe en pleine maturation, qu’il convient d’y ajouter le départ en retraite d’un autre poids lourd du club, le défenseur central Martin Laursen. Dans ces conditions, l’affaire paraît mal embarquée…

Villa n’attire pas

Forcément, en stratège avisé, O’Neill prépare la riposte. Pour remplacer Barry, l’Irlandais aurait jeté son dévolu sur le Néerlandais du Real Madrid Wesley Sneijder mais pour être tout à fait honnête, on serait bien surpris de voir l’ancien meneur de l’Ajax débarquer chez un sixième de Premier League propre sur lui et raisonnable, loin de la flamboyance d’un Manchester City par exemple. Et la vérité oblige à dire qu’attirer des pointures apparaît bien compliqué à Birmingham et sa bourgeoisie discrète. Pour l’heure, seul Habib Beye et Stewart Downing ont débarqué chez le récent vainqueur de la Peace Cup. Un peu court d’autant que le second nommé est arrivé blessé et ne devrait pas être opérationnel avant l’hiver prochain. Alors à défaut de renforts extérieurs de choix, O’Neill garde un œil sur les solutions internes. La dernière en date porte un nom : Nathan Delfouneso. Formé au club, le jeune attaquant de 18 printemps a ambiancé le dernier Championnat d’Europe des moins de 19 ans où l’Angleterre est arrivée en finale. Rapide, intrépide, Delfouneso s’inscrit dans la lignée de ses aînés Young et Agbonlahor, celle des éléments d’avenir. Le piège qui guette les Villans en vérité. A la manière d’Arsenal, Aston Villa ne cesse de préparer le futur sans jamais se pencher pour récolter au présent, s’exposant ainsi à un danger majeur : celui de rêver sa vie plutôt que de la vivre.