ASSE : Perrin remplace Roussey poste pour poste…

C’était quoi les Verts, ces jours-ci ? La grosse engueulade de Dernis contre le pauvre Mirallas au Vélodrome, trop maladroit contre l’OM… Jérémy Janot qui insulte Roussey à la causerie d’avant-match contre Rosenborg, furieux d’avoir appris quelques heures auparavant qu’il retournait sur le banc alors qu’il n’avait pas démérité à Marseille…Le regard noir de Tavlaridis qui “chauffe” Mbia au moment de la poignée de mains musclée avant le coup d’envoi St Etienne-Rennes…La guerre des clans entre les pro-Dernis et les pro-Janot… Omar Da Fonseca, responsable du recrutement, écarté au profit du “revenant” Comolli (viré de l’ASSE en 2004 avec des copieuses indemnités), nommé au poste de directeur sportif, comme ça : tchac ! Le pauvre Omar a appris son “licenciement” à la mi-temps du match contre Rennes. Par SMS…

Voilà pour l’ambiance. Ajoutez-y une 17ème place au classement avec déjà 8 défaites en 12 matchs et la colère des supporters. Ça faisait trop pour que coach Laurent puisse se maintenir. Exit donc Roussey. Des errements tactiques manifestes, un refus obstiné de se voir chapeauté par un directeur sportif ou un manager général. D’où l’incroyable court-circuitage de la cellule recrutement en principe dirigée par Da Fonseca.

A l’intersaison, cinq nouvelles recrues voulues par Roussey débarquent au Forez : Sébastien Grax (Sochaux), Matsui (Le Mans), David Sauget (Nancy), Kevin Mirallas (Lille), Sylvain Monsoreau (Monaco). Problème : ils passent plus de temps sur le banc que sur le rectangle vert. Seule la 6ème recrue du mercato estival donne satisfaction : Machado (Porto), souvent présent en match. Détail amusant : c’est Da Fonseca qui l’a fait venir…

Enfin, une gestion humaine parfois (souvent ?) calamiteuse, comme par exemple la récente guerre des goals destructrice entre Janot, leader de vestiaire écarté sans explication, et Viviani, pas déméritant mais sûrement affaibli par ce conflit non voulu avec le chouchou du Chaudron… Et puis pourquoi avoir laissé moisir Ilan sur le banc, alors que cet attaquant de classe sait aussi créer du liant au milieu, presque comme le faisait Feindouno ? Pascal Feindouno : quelle connerie de l’avoir laissé partir, dès le début de saison, sans prévoir son remplacement ! Une stupide histoire de bizness mal gérée, avec en prime l’humiliation inutile de Nivaldo, parti malgré lui accompagner Feindouno aux Emirats….

Alors, question : les joueurs ont-ils lâché Roussey contre Rennes, comme beaucoup l’attestent ? Caïazzo a fait mine de s’interroger : « Peut-être effectivement qu’il y a eu une cassure entre le coach et certains de ses joueurs, mais je n’en suis pas sûr. Son erreur a sans doute été de ne pas faire attention au ressenti de certains. Il y en a qui ont pu croire qu’il ne comptait que sur ses douze ou treize compagnons qui lui ont permis d’obtenir la qualification pour la Coupe de l’UEFA la saison dernière. Obtenir un résultat, tout le monde en est capable, mais confirmer sur le long terme, c’est plus difficile…Je m’étais déjà posé la question lors de sa reconduction cet été, mais je me voyais mal m’en séparer alors qu’il venait de mener le club à la cinquième place. Aujourd’hui, je regrette simplement de lui avoir laissé trop de pouvoirs. (…) J’avais un entraîneur hermétique à l’idée d’avoir au-dessus de lui une direction sportive forte. Ensuite, pour tout vous dire, j’ai vraiment eu l’impression que Laurent Roussey ne croyait plus beaucoup en ce groupe. Quand il me dit qu’il ne voit pas comment faire mieux avec ce groupe-là, alors que des joueurs comme Grax, Mirallas ou Monsoreau sont sur le banc, comment vouliez-vous qu’on le laisse en poste ? »

Petit détail : en juin dernier, Roussey avait été prolongé de deux ans (par la paire Romeyer-Caïazzo !) malgré des insuffisances criantes. Comprenne qui pourra…

Autre procureur de Roussey : Sébastien Grax qui, à l’annonce de l’arrivée de Alain Perrin, s’est lâché sur RMC. Du lourd : « Perrin a la carrure pour ce club. Je l’ai eu comme coach à Sochaux pendant 6 mois. Il a tout pour réussir ici. Il a gagné des titres. Perrin a “des couilles”. Le discours de Laurent Roussey ne passait plus auprès des joueurs. C’est lui qui a créé les clans dans le groupe. Roussey m’a souvent dit que je serais titulaire… mais je n’ai jamais joué. Il a souvent envoyé Luc Sonor au casse-pipe et ne disait pas les choses en face. Moi, je suis soulagé de voir partir Roussey. Il m’a dit que j’étais un imposteur du football, que ma carrière au haut niveau était terminée. Il m’a convoqué un jour au bureau. Luc Sonor était là car il avait peur de me parler en face. Roussey, c’est un entraîneur d’attaquants, ce n’est pas un entraîneur général… Il est entouré d’une personne qui s’appelle Philippe Lyonnet qui ne connaît rien au football et se permet de parler. C’est quelqu’un qui m’a interdit de m’exprimer avec la presse… Roussey, après un match, disait que si on parlait aux médias, il fracasserait notre carrière. La veille de notre défaite face à l’Olympique de Marseille, il n’a fait une réunion qu’avec 5 ou 6 joueurs du groupe. Les clans viennent de là … »

Et vlan ! Bye-bye Roussey. A sa décharge, un effectif touché par les blessures et des décisions arbitrales limites. Et puis, l’ex-coach aura permis aux Verts de renouer enfin avec la Coupe d’Europe, où ils excellent, bizarrement. Parce que l’effectif est loin d’être mauvais, c’est là le gage véritable de redressement “offert” à Alain Perrin. Laurent Roussey aura-t-il été la énième victime de la malédiction de l’ASSE qui a frappé tous ses anciens ? Herbin (revenu en 1990), Sarramagna (1992-94), Santini (1992-94), Bathenay (1996), Repellini (1997-98)… Sans compter le putsch foireux de JM Larqué, en tant que dirigeant (1993) !

Au-delà du cas Roussey, c’est évidemment l’incompréhensible présidence bicéphale du club qui fout tout en l’air. Les Dupont et Dupond sont d’accord sur à peu près rien : Caïazzo voulait Luis Fernandez il y a deux ans, mais Romeyer voulait Roussey. Romeyer pensait à Santini pour remplacer mais Caïazzo a mis son veto. Ils ont fait moite-moite : Caïazzo a eu la tête de Roussey, Romeyer celle de Da Fonseca (qu’il ne supportait pas !) et ils se sont mis d’accord sur Alain Perrin. Ouf ! Le problème c’est que l’ex-coach de l’OL n’est pas partageur question pouvoir… La triple doublette Perrin & Galtier, Comolli & Vincent Tong Cuong (“directeur général” de l’ASSE) et Caïazzo-Romeyer, ça peut le faire ?

Chérif Ghemmour

PS : Arrivé mardi après-midi au centre d’entraînement de l’Etrat, Alain Perrin a opéré une petite revue d’effectif sportive et sanitaire. Bafétimbi Gomis accusait un surpoids de 7 kilos… Quand on vous disait que Bafé avait vraiment un gros cul.