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Aspas ne glisse qu’en Galice
Oublié suite à deux saisons blanches à Liverpool et Séville, Iago Aspas retrouve la lumière au Celta Vigo. Un come-back au premier plan dans son club de toujours, avec lequel il entretient une relation à la vie à la mort.
Une course de soixante mètres, un coup du sombrero à pleine vitesse, un regard vers le portier adverse, puis un pied qui s’ouvre. Les filets tremblent, le Balaídos rugit. Iago Aspas, Galicien de naissance et Celtiña de cœur, offre, grâce à un doublé de bon goût, un succès tout en maîtrise face au champion en titre barcelonais (3-1). Une victoire qui porte le sceau du Toto Berizzo, meilleur disciple de Marcelo Bielsa, et, donc, du natif de Moaña, de retour au bercail après un exil raté de deux saisons. Médiocres, ses passages par Liverpool et Séville s’expliquent autant par une concurrence accrue que par un caractère compliqué. Cette réputation de forte tête, il la balade depuis sa première licence au Celta. « J’ai appris avec les coups que j’ai reçus, raconte-t-il dans les colonnes du Pais. Par exemple, il y a neuf ans, j’allais étrenner ma première convocation dans l’équipe première. Sauf que le jour d’avant, je me suis fait expulser avec la réserve. Un coup de coude et un rouge. C’était pour un derby au Riazor… J’ai pleuré des jours pour une connerie de cinq secondes. » Stricto sensu, un épisode qui résume la carrière de Iago Aspas.
Mensonge, coup de sang et coup de coude
« Ma vie est à Moaña. C’est ma ville. Je vais au café, je fais une partie de cartes avec mes amis, je promène le chien, je regarde le football à la télé et je vais m’entraîner. » De la vingtaine de kilomètres qui séparent son pueblo de Vigo, Iago Aspas avoue « connaître chaque rond point et feu rouge » . Quoi de plus normal, puisqu’il intègre l’école de football du Celta dès son huitième anniversaire. Une première licence qu’il doit à son talent, mais aussi à un soupçon de folie puisque, lors des tests d’entrée dans la cantera celtiña, il ment sur son âge. Les dirigeants ne lui en tiennent pas rigueur et s’aperçoivent rapidement des qualités du bougre. Un à un, il gravit les échelons du centre de formation sans jamais renier son tempérament. Et ce, même si cela est près de lui coûter sa place lors de sa seconde année en Juvenil. Alors remplaçant dans le groupe des A, ses entraîneurs lui proposent de redescendre avec la réserve. Un affront auquel il répond par un départ sans préavis au Rapido de Bouzas, équipe d’un barrio de Vigo qui évolue dans le même championnat. Les retrouvailles se passent mal : expulsé, il disjoncte et invective supporters et entraîneur du Celta.
Cet épisode ne suffit pourtant pas à l’éloigner définitivement de son club de cœur. Réintégré dès la fin de l’exercice, il entame le suivant tambour battant. À tel point que Paco Herrera, alors coach de l’équipe fanion, commence à faire appel à ses services. Ses débuts, il trouve pourtant le moyen de les retarder, avec ce coup de coude avec la réserve du Celta qui l’empêche d’affronter le rival du Deportivo La Corogne. Cette rivalité face au Depor anime Iago Aspas depuis son plus jeune âge et lui vaut l’amour inconditionnel des aficionados. Un supporterisme qu’il ne cache pas et qu’il résume à travers son meilleur souvenir lors d’un derby de Galice, une agression de Vagner sur Diego Tristán. Le politiquement correct, très peu pour Iago : « Face à un micro, je ne change pas de perspective, je dis ce que je pense comme si j’étais avec mes potes. » Des potes qu’il décide de quitter à l’été 2013 suite à sa première saison en Liga.
Iago Aspas : « Je ressemble à un autre footballeur »
À Liverpool, il change de vie et de football. Un grand saut auquel il n’est pas préparé et qui le pousse, malgré quelques solides prestations, au bout du banc d’Anfield. Prêté l’année suivante à Séville, il ne se fait jamais au coaching d’Emery et, juste après le troisième portier sevillista, compte le plus faible temps de jeu de l’effectif. De quoi le rendre nostalgique – « Le Celta, c’est l’équipe de ma vie et de mon âme » – et lui rouvrir les portes du Balaídos. À la tête de l’équipe, le Toto Berizzo lui offre une place de choix dans son système. Placé à la pointe de l’attaque, Iago Aspas forme un trio de feu avec Nolito et Orellana, et apparaît plus fort que jamais malgré deux saisons blanches : « Avant, peut-être que le Celta jouait d’une manière qui ne me convenait pas trop. Le changement de poste et le fait de jouer plus proche du but adverse a influé. Depuis, je ressemble à un autre footballeur. Je vais plus vite et j’ai le sens du but. » Surtout, il trouve le sens de la raison. Une maturité nouvelle qui, à aujourd’hui 28 ans, lui permet de troquer ses coups de sang pour des doublés face au Barça par exemple.
Par Robin Delorme, à Madrid