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Ashley Young a grandi
Brillant avec l'équipe d'Angleterre cette semaine, l'attaquant d'Aston Villa s'est rappelé au bon souvenir de tous. Histoire d'une vraie évolution technico-tactique.
Il faut bien dire les choses comme elles sont : on commençait à douter de ce gars. Ashley Young ? Oui, un joli brin de talent, c’est vrai, qui avait explosé lors d’une pétaradante saison 2007-2008 conclue avec 17 passes décisives (!) et 8 pions, juste en Premier League. Sans conteste le meilleur espoir de l’année outre-Manche. C’était l’époque dorée à Aston Villa : les déboulés supersoniques de Gabriel Agbonlahor, la puissance dévastatrice de John Carew, un milieu aux petits oignons entre l’activité de James Milner, la justesse de Gareth Barry et la créativité de Stilian Petrov, le tout adossé à un bloc défensif imperméable ou presque. Dans cet ensemble, savamment orchestré par le sorcier Martin O’Neill, Young n’avait qu’à laisser parler son football. Vitesse, conduite de balle, crochets souvent extérieurs de sa position d’ailier inversé (droitier à gauche), qualité de centres et de frappes, bref du bel ouvrage. Pourtant, on avait comme un soupçon à son égard. Réel talent ou one season wonder ? Oui, un léger scepticisme encouragé par ses prestations suivantes, à chaque fois correctes mais à chaque fois en baisse : 7 pions et 7 passes en 2008-2009, 5 buts et 7 assists en 2009-2010. Toujours honnête mais plus aussi irrésistible l’Ashley…
Un jeu devenu prévisible
Pas forcément que de sa faute d’ailleurs. Progressivement, Villa a commencé à se faire dépecer de ses éléments : ici Barry, là Milner, avant qu’O’Neill himself ne jette l’éponge. Ajoutez à cela, une longue absence de Petrov et chacun aura compris que la formation de Birmingham, longtemps promise au Big Four, a lâché prise dans son entier sans que l’on puisse placer tous ses maux sur les jeunes épaules du pauvre Young. Il n’empêche, le jeu de l’ancien prodige de Watford (14 réalisations et 13 offrandes en Championship en 2005-2006 à même pas vingt ans) avait désormais quelque chose de stéréotypé. Ses longues chevauchées sur les ailes avaient un côté vain pourvu qu’on puisse le suivre et rester à distance à la fois, sans se livrer, son fameux dribble extérieur ne surprenait plus grand-monde et ses angles de passes avaient fait le tour de tous les montages vidéos de Premier League et étaient désormais parfaitement connus. Noyé dans un collectif aux abois, Young paraissait renvoyé à ses propres limites et l’absence supposée de caractère de celui qui ne sait jouer que quand tous les autres sont au taquet, superbe valeur ajoutée dans un bloc déjà très performant. Mais bizarrement (ou pas), c’est dans ce no man’s land footballistique que le natif de Stevenage, le bled de Jack Wilshere et de Lewis Hamilton, est enfin sorti de son cocon.
Salué par Capello
Car moins bien servi par ses partenaires, Young a dû trouver des ressources, varier les solutions pour exister. Une maturité qui était passée un peu inaperçue en championnat (6 buts et 6 passes dec’ quand même), au gré des difficultés croissantes de Villa, mais qui a éclaté au grand jour avec l’équipe d’Angleterre. Au Pays de Galles (2-0), Young a tout fait ou presque. Une percussion plein axe pour provoquer un penalty (transformé par Frank Lampard) avant un appel-contre appel de Young sur le flanc droit bien exploité par la longue ouverture de Glen Johnson avant un centre ciselé pour Darren Bent. Juste un merveilleux one shot ? Quelques jours plus tard, face au Ghana (1-1), Young a sauvé l’Angleterre de la purge absolue en multipliant les bons déplacements, les prises d’initiatives et les choix justes. Alors quoi ? Fabio Capello, finalement pas si malheureux d’avoir dû se passer de quelques cadres (Gerrard et Lennon blessés, les autres dispensés de l’amical face aux Black Stars, ndlr), donne la clé. « Avant, Ashley ne jouait que sur les côtés : souvent à gauche, parfois à droite, mais uniquement dans les couloirs. C’était devenu prévisible. Mais cette saison, il a pris une autre dimension, il sait aller dans l’axe, se balader entre les lignes. Il a vraiment progressé » . Reste que pour s’installer durablement au sein de Three Lions en pleine mutation, Young ne va pas devoir s’encroûter longtemps dans un club d’Aston Villa sans futur immédiat.
L’heure bientôt de changer d’air, vers Chelsea (où l’été va être au remaniement profond, notamment en attaque), Liverpool (qui courtise l’ailier depuis presque deux ans) ou Arsenal (son club de cœur et où, entre un Arshavin qui ne convainc plus et un Nasri qui pourrait prendre l’axe après le départ quasi programmé de Fabregas, il y aura probablement une place à prendre). Pour finir de grandir. Pour ne plus être forever too Young.
Par Dave Appadoo.
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