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Asenjo, le Poulidor devenu maillot jaune
Arrivé cette saison à Villarreal, Sergio Asenjo est rapidement devenu un élément incontournable du sous-marin jaune. Pourtant, le passif du néo-international était plutôt schématisé comme celui de l'éternel second. Mais ça, c'était avant.
Onze. Seulement onze. Dans le football, difficile de se faire une place de titulaire au sein d’un groupe professionnel. Surtout en Liga, parmi les meilleures équipes d’Espagne. Cette réalité sportive, Sergio Asenjo l’a finalement domptée. Depuis sa signature pour Villarreal en début de saison, Asenjo est un pilier de la défense des Amarillos. En témoigne ses multiples parades depuis le début de l’exercice 2014/2015, et surtout cette très belle copie rendue contre le Real Madrid au Bernabéu le mois dernier, où il sort l’un des arrêts de l’année sur une tête de Cristiano Ronaldo pour préserver le point du match nul.
Déjà prêté aux Valenciens par l’Atlético Madrid l’an passé, le gardien vient même de faire partie de la liste des 23 Espagnols convoqués par Vicente del Bosque pour les matchs contre l’Ukraine et les Pays-Bas. Sans prendre part à ces deux rencontres, cette désignation témoigne toutefois d’une médiatisation en progression pour le portier de 25 ans. Et ce nouveau statut, le gardien le doit à celui d’être redevenu un titulaire en puissance, après quatre longues années à cirer le banc de l’Atlético Madrid. Quatre années où, paradoxalement, le gardien ne sera pas chargé de remplir les bouteilles d’eau pour ses coéquipiers.
La controverse de Valladolid
Débarqué dans la capitale espagnole en provenance du Real Valladolid en 2009, les Matelassiers ne vont pas tarder à comprendre quel genre de gardien les dirigeants viennent de recruter au nez et à la barbe du FC Barcelone. Présent lors de ses débuts à l’entraînement, Antonio Lopez se souvient des premiers pas du natif de Palencia. « On le voyait tous comme le titulaire indiscutable de l’équipe, tranche le capitaine des Colchoneros de 2009 à 2010. Il était d’une sérénité incroyable pour sa défense, vraiment complet dans toutes les caractéristiques du gardien moderne. Le plus impressionnant, je crois, c’était sa réactivité dans les buts. Entre les trois poteaux, c’était un phénomène. Tout le monde était séduit : les joueurs, le staff technique, la direction… On le voyait vraiment comme le meilleur gardien du groupe. »
Lors de la première moitié de la saison 2009-2010, Asenjo garde les bois des Rojiblancos et personne ne peut le contester. Personne, sauf peut-être le jeune international espoir de la cantera, David de Gea. Victime d’un léger flottement dans ses performances et d’un changement d’entraîneur avec la nomination de Quique Sánchez Flores fin octobre, Asenjo voit la concurrence s’intensifier, au point de perdre sa place. « C’était deux excellents gardiens, renchérit Antonio Lopez. Ensuite, David avait un avantage supplémentaire : il était issu du centre de formation. De fait, le soutien populaire était encore plus important pour lui que pour Sergio. La presse souhaitait également voir David réussir, parce que son talent était incontestable. » David est roi, mais dans une concurrence saine entre deux amis. Comme dans une finale du jeu des chaises musicales, Sergio est le finaliste de l’épreuve. Pas grave, son heure viendra.
Villarreal, la voie royale
De Gea parti pour devenir le digne successeur d’Edwin van der Sar à Manchester United, Asenjo peut entrevoir l’espoir d’une titularisation après deux ans de doublure. Problème, Chelsea prête aux Madrilènes son dernier talent, Thibaut Courtois, pour se faire les dents en Liga. Au final, c’est un nouveau statut de numéro deux. Sergio repart-il de zéro pour autant ? Pas du tout. « Il était prêt à créer une nouvelle concurrence, explique Antonio Lopez. Il savait que rien ne serait facile, car Courtois était déjà perçu comme un très grand espoir. Cette fois-ci, Courtois avait impressionné toute l’équipe. Si jeune, et déjà si fort… De fait, Sergio a poursuivi son travail avec, là encore, l’un des tous meilleurs gardiens au monde. Finalement, il aura récolté les fruits de ce travail. » Hors du terrain, l’homme reste même très agréable à côtoyer. « Quand je passais du temps avec lui, on se faisait beaucoup de parties de padel, raconte Antonio Lopez. De temps en temps aussi, il se fait des sorties au théâtre. C’est quelqu’un de réservé en public, mais en privé très joyeux et sympathique. »
Aujourd’hui conservé au sein de Villarreal, Asenjo aura pris son temps, mais il est devenu l’une des références à son poste dans son pays, ce qui n’étonne pas son ancien camarade. « Il possède une grosse faculté de concentration, analyse Antonio Lopez. Si dans un match, il a juste un arrêt déterminant à faire, il le fera. Quand on était ensemble au club, je le voyais dans la lignée d’Iker Casillas. » Une comparaison élogieuse, qui amène forcément à se poser la question d’une future concurrence au sein de la Roja dans l’après-San Iker. Et ce sera face à une vieille connaissance. « David de Gea comme Sergio Asenjo sont deux gardiens exemplaires, deux bons gars. La chose positive, c’est que l’entraîneur aura bien du mal à les départager parce qu’ils sont d’un niveau équivalent. La seule certitude, c’est que David et Sergio peuvent prétendre à devenir le gardien de l’Espagne sans problème. » Reste à savoir si Jacques Anquetil et Raymond Poulidor inverseront les rôles, cette fois.
Par Antoine Donnarieix