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Daniele De Rossi viré : Rome voit rouge

Par Tristan Pubert

Depuis une semaine, la Roma traverse une zone de turbulences, à la suite du licenciement de Daniele De Rossi, à la surprise générale. Des tifosis agacés, des menaces, une CEO qui démissionne, une direction silencieuse : en une semaine, Rome s’est embrasé, et l’avenir n’augure rien de très rassurant.

Daniele De Rossi viré : Rome voit rouge

Le soleil se lève à Rome en ce mercredi 18 septembre 2024 avec une pluie fine, comme si celle-ci annonçait la tempête qui allait s’abattre sur la capitale dans les prochaines heures. Daniele De Rossi se rend au centre d’entraînement de Trigoria pour la deuxième séance de la semaine, avant la réception de l’Udinese – solide leader – dans quelques jours. Mais à peine le temps de mettre les coupelles et de préparer sa séance que DDR est convoqué dans le bureau de la direction, qui lui annonce, sans tact, son licenciement. Une annonce brutale, inattendue, que la quasi-totalité des joueurs (selon nos informations, certains auraient été avertis deux jours avant du possible départ de De Rossi) apprend sur la route du centre d’entraînement. Dans un communiqué aussi laconique que froid, l’AS Roma annonce la nouvelle : « La décision a été prise dans l’intérêt de l’équipe, afin de pouvoir reprendre rapidement le chemin souhaité, à l’heure où la saison ne vient que de commencer. À Daniele, un sincère remerciement pour le travail réalisé ces derniers mois. »

Bordel, on parle de Daniele De Rossi, ils ne peuvent pas se permettre de faire une chose de la sorte. C’est un manque de respect à l’encontre du peuple romain.

Matteo, ultra de la Curva Sud

Forcément, à Rome, les choses ne tardent pas à s’embraser. « Ils ont lâché ce communiqué comme si De Rossi était un entraîneur banal. Bordel, on parle de Daniele De Rossi, ils ne peuvent pas se permettre de faire une chose de la sorte, C’est un manque de respect à l’encontre du peuple romain », s’agace Matteo, membre des Boys, l’un des groupes d’ultras de la Curva Sud. À peine le temps de mettre en ligne cette annonce que plusieurs tifosis sont déjà devant les grilles de Trigoria pour exprimer leur colère et leur incompréhension, se défoulant alors sur les joueurs qui quittent le centre d’entraînement, notamment Lorenzo Pellegrini. Le capitaine romain se serait entretenu avec la direction aux côtés de Gianluca Mancini et Mile Svilar pour convaincre celle-ci de maintenir Daniele De Rossi. En vain.

« Vous ne respectez pas nos valeurs et nos légendes »

Alors que la colère des tifosis monte crescendo, la direction adopte la politique de l’autruche, et aucun représentant du club ne décide de prendre la parole, ni le propriétaire Dan Friedkin, ni l’administratrice déléguée Lina Souloukou, ni le directeur technique Florent Ghisolfi ne se présentent face à la presse. « Ce silence est l’une des raisons qui expliquent la colère. Déjà Mourinho avant, puis De Rossi s’étaient plaints du manque de communication de la part des dirigeants, toujours très discrets. C’étaient à eux de répondre aux questions concernant les choix de la direction devant la presse, ce qui témoigne d’un manque d’organisation au sein du club », souligne Emanuele Atturo, suiveur aguerri de la Roma pour Ultimo Uomo, rejoint par Stéphane Oddi : « C’est difficile à comprendre quand il n’y a aucune explication de la part des dirigeants », lâche le tifosi romain et rédacteur pour AmoRoma.

En cette fin d’après-midi de ce mercredi 18 septembre, alors que les tifosis sont toujours devant Trigoria, le club annonce l’arrivée d’Ivan Jurić dont l’agent était, selon nos informations, dans la capitale depuis le début de semaine pour trouver un accord. C’est donc au volant de sa Lamborghini Urus que Daniele De Rossi quitte définitivement Trigoria. Une trentaine de supporters se rendent devant chez lui pour lui adresser un dernier au revoir, avec des chants à sa gloire, que l’homme aux 616 matchs avec la Roma remerciera depuis sa fenêtre, alors que sa femme lâchera un « grazie » en story Instagram.

Avant le match face à l’Udinese (3-0), la Curva Sud demande dans un communiqué à l’ensemble de la tribune de « rester hors du stade pour les 30 premières minutes de la rencontre », avec des propos véhéments à l’encontre de la direction : « Une direction absente et silencieuse, qui n’a jamais pris position pour défendre ses supporters et qui semble être devenue une continuation de la direction de Pallotta (l’ex-CEO de 2011 à 2020, NDLR). » Après ces 30 minutes de contestation, la Curva Sud fait irruption dans l’enceinte avec de nombreuses banderoles contre la direction : « Vous ne respectez pas nos valeurs et nos légendes. À partir d’aujourd’hui, nous revenons aux anciennes méthodes », pouvait-on notamment lire sur une des bâches au coup d’envoi. Une situation extrêmement tendue, à tel point que certains dirigeants, dont la directrice générale Lina Souloukou, vont être placés sous protection policière. Cette dernière, craignant pour sa sécurité et celle de ses enfants, décidera de démissionner quelques heures après la victoire romaine face à Thauvin & Cie.

Et maintenant ?

En interne, la situation était conflictuelle depuis plusieurs semaines. Si le club a justifié cette décision par les mauvais résultats du début de saison (trois nuls et une défaite avant le licenciement de De Rossi, NDLR), en réalité, c’est surtout les nombreux désaccords entre Soukoulou et DDR qui ont entraîné le limogeage de ce dernier, comme l’explique Emmanuele Atturo : « Lina Souloukou est une personne qui n’aime pas forcément être contredite, et Daniele De Rossi, lui, n’a pas hésité à s’opposer à certaines décisions de celle-ci. Ils ont eu beaucoup points de désaccord et elle a réussi à convaincre la direction de se séparer de De Rossi. » Parmi les nombreux points de désaccord : Paulo Dybala. La direction souhaitait le vendre en Arabie saoudite et le mettre dans le fameux loft en attente de son départ, chose à laquelle s’est formellement opposé DDR, qui n’a pas hésité à l’aligner titulaire contre Empoli notamment (1-2). « La direction romaine et De Rossi n’étaient pas toujours sur la même longueur d’onde sur le mercato, qui s’est conclu de manière très tardive et ce qui n’a pas trop plu à De Rossi », ajoute Atturo. « Pour le mercato, c’était un peu Souloukou qui commandait tout, et De Rossi n’avait pas vraiment son mot à dire », avance Stéphane Oddi.

Qui peut croire que la multipropriété peut fonctionner ? Il y aura toujours un club principal et l’autre derrière.

Cette situation chaotique ne va pas aller en s’arrangeant lorsque, ce lundi, Dan Friedkin annonce avoir conclu un accord avec Everton pour le rachat du club. Dans la foulée, la direction américaine pond un communiqué pour (tenter de) rassurer un peu tout le monde : « L’acquisition d’Everton ne change pas notre engagement envers la Roma. La synergie entre les deux clubs ne peut qu’apporter des avantages à la Roma. Chaque club travaille de manière indépendante et la Roma reste au cœur de nos ambitions. » Un rachat qui inquiète à Rome. « Ce rachat crée forcément de l’incertitude concernant l’avenir du club et le réel projet des dirigeants à Rome. Il y a aussi le projet du nouveau stade qui tarde à décoller, on se demande si Friedkin ne cherche pas à vendre la Roma dans les prochains mois », s’interroge Emmanuele Atturo. Pour Matteo, tifosi fâché, cette annonce n’augure rien de rassurant : « Qui peut croire que la multipropriété peut fonctionner ? Il y aura toujours un club principal et l’autre derrière. »

Sous les ordres de Daniele De Rossi, les Giallorossi avaient retrouvé de l’ambition, que ce soit en matière de résultat et aussi dans le contenu. En juin dernier, les dirigeants l’avaient même prolongé, avec la volonté de s’inscrire sur le long terme. Mais finalement, le club a pris un virage à 180 degrés dont les justifications peinent à être acceptées dans la capitale. « Il y a beaucoup de confusion, la Roma n’a pas un organigramme clair et le rachat d’Everton interroge aussi. C’est assez flou et on ne sait pas trop dans quelle direction le club va », s’interroge Emmanuele Atturo, qui garde cependant espoir : « Il y a une légende à Rome qui dit que le Scudetto remporté en 2001 est né d’une situation similaire, lorsque les tifosis romains s’étaient rendus devant les grilles de Trigoria après une défaite en Coupe face à l’Atalanta. » On n’est pas devins, mais c’est quand même mal embarqué, cette affaire.

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Par Tristan Pubert

Propos d’Emanuele Atturo, Stéphane Oddi et Matteo (nom modifié) recueillis par TP

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