Comment ça va Arthur ? Cela fait longtemps maintenant que tu as quitté notre championnat de France…
Oui, les années en France commencent à remonter (rires) ! Ça se passe bien ici, je me suis assez bien adapté, les gens sont très sympathiques. Et puis en Espagne, il y a un bon niveau pour jouer au foot.
Et l’espagnol, tu t’en sors ?
Plus ou moins ! Je comprends bien, je commence à bien parler aussi… Mais ce n’est pas si difficile pour moi, si j’ai su parler l’allemand, je peux m’adapter à beaucoup de langues. Et puis l’espagnol se rapproche pas mal du français…
Quels sont tes grands souvenirs liés à ton arrivée dans la Ligue 1 en 2004, quand tu venais de Beveren ?
L’ambition à Beveren, c’était de m’imposer d’abord, ce que je suis rapidement parvenu à faire. Tout s’est bien passé là-bas, et puis Antoine Kombouaré était intéressé par mon profil. Strasbourg, c’était un vrai défi pour moi, le football allait plus vite, c’est là que ma carrière professionnelle devait prendre de l’ampleur. Après une adaptation de 6 mois, j’ai pris le temps de plus comprendre le jeu français.
Tu gardes toujours de bons amis de cette période ?
Ah bah ouais, c’est clair ! J’ai encore des contacts avec des amis sur place, je passe les voir de temps en temps et ils viennent aussi me voir ici, en Espagne. Et puis bon, il y a aussi Mamadou Niang. C’est une personne avec un grand cœur et une grande famille. Je reste bien ami avec son petit cousin, il est passé me voir la semaine dernière… Mamadou, quand je suis arrivé au club, il m’a introduit aux autres, il m’a tout de suite mis à l’aise.
Tu as aussi fait partie de cette grande équipe du RC Strasbourg en Coupe de la Ligue en 2004-2005… C’est ton plus beau souvenir ?
Même si j’ai d’autre beaux souvenirs, cette victoire reste la plus belle. On avait une vraie belle équipe avec Mickaël Pagis et Mamadou en attaque… C’est la seule coupe que j’ai gagnée avec le club et ça restera aussi dans l’histoire. C’est une vraie fierté.
Strasbourg, ce n’est plus tellement la joie en ce moment… Tu suis toujours les résultats du club ?
J’ai suivi un peu l’an dernier, ils ne sont pas passés loin de la Ligue 2… Bien sûr les choses ont bougé au sein du club, mais je garde toujours contact avec Christophe Rempp par exemple, c’est un ami de longue date. Ce sont des gens que je ne peux pas oublier. Strasbourg, c’est un club que je garde en moi. Quand j’étais en Allemagne, j’allais souvent voir les matchs.
La Ligue 1 aussi est bien différente… Quel est ton œil sur l’actuel championnat de France ?
C’est un championnat que j’adore ! Quand tu vois Paris, Lyon, Monaco… Ce sont de gros effectifs, le championnat a pris beaucoup de volume. Et puis tu as aussi des petites équipes sur le papier qui peuvent venir dans le haut du tableau. Quand tu regardes le début de saison de Reims, je me dis que c’est aussi possible de surprendre. C’est très intéressant à suivre.
Tu es parti du RCS à l’été 2006 pour Stuttgart où là, le grand public te rencontre vraiment. Qu’est-ce que ce départ a changé dans ta carrière ?
Sportivement, j’ai encore pu monter d’un cran. Strasbourg était magnifique, mais nous n’avions plus les armes pour lutter avec les meilleurs. De mon côté, j’ai profité de la Coupe du monde en Allemagne pour me faire connaître, et le VFB Stuttgart souhaitait me recruter. Quand un des plus grands clubs de Bundesliga t’appelle, c’est une offre qu’on ne peut pas refuser. Je crois que le choix était bon, puisque nous gagnons le championnat la saison suivante…
Qu’est-ce qui t’a plu dans la vie allemande ?
Ah, les voitures (rires) ! J’ai toujours été fan des belles voitures… Les dirigeants me faisaient d’ailleurs des réflexions en me demandant d’éviter de venir avec des modèles différents tous les jours, de rouler doucement. Il fallait montrer le bon exemple. Mais bon, quand tu arrives dans un club où le sponsor principal, c’est Mercedes et Porsche… Il y a possibilité de se régaler ! La fête de la bière aussi, c’est très particulier. L’Allemagne, c’est un pays où tu peux t’éclater, mais il faut de la discipline. Sinon, c’est vite problématique. Respecter l’heure par exemple, c’est essentiel là-bas. Des amendes pour les retards, j’en ai pris un paquet au début…
Et donc, tu signes à Málaga l’an passé… T’avais besoin d’une cure de soleil ?
Du soleil oui, mais aussi d’un changement de style. Le jeu en Espagne, c’est quelque chose de très important. Au niveau technique, c’est au-dessus de l’Allemagne. Tu peux te faire plaisir, aller vers l’avant et jouer un football esthétique. Ça correspond bien à mon profil : rapide et collectif. Tu ne prends pas trop le temps de réfléchir, tu joues à l’instinct. C’est un plaisir.
Le coach Javi García semble te faire confiance pour ce début de saison. Quels sont tes objectifs ?
Ma préparation a été tronquée cet été, puisque j’ai dû me faire opérer de l’orteil, mais je reviens en bonne forme. Cette année, le coach me permet d’avoir un placement plus haut sur le terrain. Je suis toujours sur le côté gauche de la défense, mais je participe beaucoup plus au jeu offensif. Quand tu vois le placement de Marcelo au Real Madrid, c’est le genre de travail qu’on me demande aujourd’hui à Málaga. En revanche, je dois être plus régulier dans mes performances. L’an passé, c’était un peu mon défaut, donc maintenant, il faudra être bon à tous les matchs.
C’est sympa, Málaga ?
Il y a des choses à faire pour créer du dynamisme économique. Aujourd’hui, je suis plus vieux, donc j’envisage aussi ma période post-carrière, et je me dis que Málaga, ça peut être bien pour passer un moment de sa vie. En ce moment, je suis en train de monter une affaire, les travaux sont en cours. Je vais l’appeler le Traffic Bar Lounge, un restaurant-discothèque qui sera prêt d’ici trois mois. Ce genre de concepts, on le trouve à Marbella, mais pas à Málaga. Ça devrait ramener du monde, je pense…
À 32 ans maintenant, tu penses que ton temps chez les Éléphants est définitivement terminé ?
Oui, à 90%. Le plus important pour moi maintenant, c’est de m’investir à fond dans mon club. Je vois que des jeunes talents sont en train de prendre le relais en équipe nationale, et c’est une bonne chose.
Comme Didier Drogba, tu feras toujours partie de cette Côte d’Ivoire très belle sur le papier, mais jamais gagnante au final… Comment tu le vis ?
Nous sommes fiers de ce que nous avons fait. Apporter trois participations à l’équipe nationale en Coupe du monde, c’est déjà énorme. Je pense avoir bien fait mon boulot et maintenant, place aux jeunes. Je suis content de les voir champions d’Afrique, c’est magnifique. Pour ma part, mes projets personnels commencent à mûrir, je suis prêt à laisser ma place chez les Éléphants.
Tu restes aussi engagé envers ton village d’enfance, Attrobou, auquel tu as souhaité offrir une ambulance. Tu attaches toujours d’importance à tes racines ?
C’est clair. Le pays, c’est le pays. Dans l’année, je vais au moins huit fois là-bas. Attrobou, c’est une partie de mon vécu. Mon père m’avait dit que le village avait besoin d’assistance, il souhaitait bénéficier d’un transport depuis longtemps. Quand quelqu’un est malade chez nous, l’hôpital le plus proche est à 50 kilomètres et la route est mauvaise. Sans transport rapide, tu peux vite mourir. Cette ambulance, ce n’est pas quelque chose d’énorme au niveau financier, mais c’est un premier pas. Je veux encore faire beaucoup de choses pour le village.
Avant ta fin de carrière, est-ce qu’on peut envisager un retour d’Arthur Boka en France ?
Ça dépendra des clubs français (rires) ! Moi, je suis toujours prêt. Le championnat de France, je kiffe. Jouer dans un stade comme le Parc des Princes, c’est toujours un moment spécial. Donc si on me propose, pourquoi pas.
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