- Euro 2020
- 8es
- Suède-Ukraine (1-2 ap)
Artem Dovbyk, l’illustre inconnu de l’Ukraine
Auteur du but de la victoire ukrainienne face à la Suède (1-2 ap), Artem Dovbyk a débarqué dans la lumière pour permettre à son pays d’atteindre les quarts de finale de l’Euro pour la première fois de son histoire. L'attaquant de 24 ans a inscrit son nom, jusque-là quasiment inconnu, dans les livres d'histoire. Un moment de magie venu ponctuer l’incroyable montée en puissance de la Zbirna dans ce tournoi complètement imprévisible.
Alors que Daniele Orsato pensait déjà au toss précédant la séance de tirs au but, Artem Dovbyk est venu rappeler à l’officier italien qu’un match de football ne se termine que lorsque le compteur arrête de tourner. À la 120e minute de ce sulfureux huitième de finale contre la Suède, Hampden Park a eu la joie de découvrir un joueur sorti de nulle part pour emmener l’Ukraine tout là-haut, sur la route de la gagne.
La tête de l’emploi
L’Ukraine l’a fait. Au moment de déclencher sa tête à l’entrée de la surface suédoise, Artem Dovbyk savait déjà que son ballon finirait dans les filets. Précis, puissant et un brin chanceux, le coup de caboche de l’attaquant n’a laissé aucune chance à Robin Olsen sur sa ligne après un amour de centre de Zinchenko. Un sentiment magique qui a traversé le blondinet, célébrant ce but de la délivrance torse nu (ou en soutif), et maillot bleu virevoltant en main. Le voilà donc sorti d’on ne sait où pour devenir, à jamais, le grand protagoniste du succès des siens. Un constat finalement assez simple et droit : Dovbyk a marqué sur son troisième ballon du match, et évidemment son seul tir. Entré en jeu à la 105e minute en lieu et place du taulier Andriy Yarmolenko, le buteur du Dnipro n’a donc pas attendu d’avoir 50 sélections au compteur pour inscrire sa première réalisation sous la tunique nationale. Non, il lui aura seulement suffi de deux petites capes face au Kazakhstan et à Bahreïn, en mars et en mai, pour convaincre Andriy Shevchenko de l’emmener avec lui à l’Euro pour pallier l’absence enquiquinante de Júnior Moraes, blessé et cadre de Sheva. Résultat des courses : trois sélections, aucune titularisation, et un premier but de légende au bout de la prolongation d’un huitième de finale d’Euro tendu à souhait.
Du néant aux néons
Pour sa troisième apparition avec l’Ukraine et ses grands débuts dans ce championnat d’Europe, Dovbyk a endossé le costume de sauveur le temps d’une douce nuit. Pourtant, rien ne le prédestinait à connaître un jour pareille success story. Formé au FC Cherkashchyna, club dissous cette année, le buteur d’1,84 mètre ne dispute qu’une seule saison en deuxième division avant d’attirer l’œil des recruteurs du Dniepr Dniepropetrovsk, le défunt géant local. Un parcours totalement incongru qui le voit passer par la Moldavie, puis tenter l’aventure danoise (FC Midtjylland puis SønderjyskE) pour un échec cuisant.
De retour chez lui à l’automne dernier, c’est au SC Dnipro-1, club fraîchement créé quatre ans auparavant par la police locale, qu’il se relance. Sept buts marqués en Premier Liha et un profil similaire au géant Roman Yaremchuk finissent donc de convaincre son sélectionneur. Les belles performances de l’avant-centre de La Gantoise n’ont par ailleurs laissé aucune miette à Dovbyk, contraint et forcé d’admirer les exploits de son mentor depuis le banc des remplaçants. Au terme de cette palpitante opposition contre la Suède, c’est finalement de lui et de sa tête décroisée que seront venus les espoirs ukrainiens. Ceux d’un pays que personne n’attendait à ce stade. Prochaine étape dans la drôle de carrière d’Artem Dovbyk : voler la vedette à Harry Kane, samedi à Rome, lors d’un quart de finale Ukraine-Angleterre déjà historique.
Par Adel Bentaha