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Arsène Wenger sur le banc de Manchester United, seriously ?
Mercredi dernier, Arsène Wenger a effectué un malicieux retour sur la scène médiatique en déclarant qu'entraîner Manchester United était « le job de rêve pour tout manager ». Un appel du pied remarqué alors qu'Ole Gunnar Solskjær est en difficulté sur le banc des Red Devils, qui affrontent justement les Gunners en Premier League ce lundi soir. Évidemment, l'hypothèse de voir l'Alsacien a suscité au mieux une curiosité amusée, au pire l'incompréhension et le rejet, mais l'ancien monument d'Arsenal a tout de même quelques arguments à faire valoir.
Cela ne fait qu’un peu plus d’un an qu’il a disparu des pelouses anglaises, mais cela semble faire une éternité. La fracture et le malaise avec les supporters des Gunners étaient devenus trop criants. L’usure physique et mentale d’un homme meurtri par les critiques, paraissant à bout de souffle et à court d’idées, contribuait à façonner l’image d’un entraîneur du passé. À Arsenal, et partout en Angleterre, nul n’oubliera ce qu’Arsène Wenger a apporté au football outre-Manche. Sauf que la période où l’Alsacien était considéré comme un technicien ingénieux et révolutionnaire semble pour beaucoup s’être arrêtée avant le début de la décennie 2010. Pas en 2018. Et encore moins en 2019.
Même si le mètre quatre-vingt-dix avait toujours clamé son désir brûlant de retrouver un poste d’entraîneur après son départ, la plupart des acteurs du foot voyaient plutôt ce bâtisseur reprendre du service à distance raisonnable des bancs. Comme directeur sportif du PSG, par exemple. Ou, plus crédible, comme responsable technique de la FIFA. Ou à la rigueur comme manager d’une équipe de seconde zone du football anglais, histoire de se refaire les dents et de ne pas prendre trop de risques des deux côtés. Mais reprendre les rênes de Manchester United, club le plus riche du monde, comme il l’a laissé entendre auprès de beIN Sports ? D’ « Arsène who, Wenger s’est trouvé un nouveau W word : « Arsène what ? »
L’héritage de Fergie
Naturellement, les sceptiques ont leurs raisons de se gondoler et les connaisseurs du club mancunien de balayer l’hypothèse d’un revers de main. Manchester United reste encore marqué par l’échec de José Mourinho pour son inaptitude à composer avec les codes et valeurs de la nouvelle génération. Un problème que n’a jamais su surmonter le très old school Wenger, tout comme l’Alsacien ne s’est jamais fait à l’inflation du marché des transferts. Habile avec les jeunes, le natif de Strasbourg a rarement su trouver la bonne méthode avec les poids lourds de son onze recrutés à prix d’or (Mesut Özil, Alexis Sánchez, Granit Xhaka). À l’heure où les Red Devils peuvent aligner 93 millions d’euros pour un Harry Maguire, le décalage semble trop profond. Alors oui, sa coupure d’un an a peut-être fait beaucoup de bien à l’ancien entraîneur de l’AS Monaco, mais l’homme de 69 ans n’a jamais semblé ouvert à toute remise en cause personnelle et aux inspirations extérieures.
Néanmoins, Wenger semble cocher quelques cases pour qu’une possible arrivée à Manchester United ne constitue pas une aberration. Club façonné par Alex Ferguson, l’institution mancunienne évolue toujours dans l’ombre du Sir écossais, et les différentes tentatives de s’en émanciper (David Moyes, Louis van Gaal, José Mourinho) n’ont pas fonctionné. Les Red Devils semblent avoir désespérément besoin d’une figure tutélaire et vénérable, unanimement respectée par le monde du football et avant tout par les joueurs pour ses talents d’entraîneur. Ni trop autoritaire façon Mourinho et Van Gaal, ni trop inexpérimenté comme Solskjær, Wenger semble être le profil qui se rapproche le plus de son ex-meilleur ennemi. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les dirigeants mancuniens avaient fait du Français leur priorité pour succéder à Ferguson en 2013.
Who wants to deal with Ed Woodward ? Arsène
Outre sa prestance, Wenger colle aussi aux traditions footballistiques de Man U : un football rapide et offensif, insistant sur la promotion des jeunes talents du centre de formation. Il n’y a pas si longtemps, l’effectif de Manchester United ressemblait à un assemblage hirsute de joueurs choisis par quatre managers successifs, et davantage pour leur potentiel commercial que leur adaptabilité à l’identité de « Man U » . Aujourd’hui, le retour aux fondamentaux semble amorcé avec des jeunes locaux et des talents (Aaron Wan-Bissaka, Diogo Dalot, Daniel James…) à polir. Qui de plus légitime que le spécialiste Arsène Wenger pour cela ?
Il se murmure aujourd’hui que même Pep Guardiola ou Jürgen Klopp ne pourraient réussir à refaire de Manchester United un géant tant le directeur exécutif Ed Woodward rend la vie difficile à ses managers. Ce dernier, qui gère le club comme une entreprise et donne la priorité aux bénéfices, reste toujours réticent à sortir le carnet de chèques pour recruter du lourd. Une plaie pour beaucoup d’entraîneurs, mais pas Arsène Wenger et sa longue expérience de gestionnaire des finances d’Arsenal. Jusqu’en 2017, l’Alsacien avait toujours garanti des résultats – la lucrative qualification pour la Ligue des champions notamment – sans jamais céder aux dépenses somptuaires pour rester dans le cadre économique restreint fixé par les actionnaires des Gunners. Ole Gunnar Solskjær a peut-être un peu de mouron à se faire, finalement.
Par Douglas de Graaf