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Arsène Wenger au PSG, mais pour quoi faire ?
Jeudi, l’agence de presse allemande SID a envoyé une bombe : « Arsène Wenger s’apprête à prendre de nouvelles responsabilités. L’ancien entraîneur d’Arsenal va revenir dans son pays d’origine. Il remplacera prochainement le directeur sportif actuel du PSG Antero Henrique. » Pas de conditionnel. Pas le temps. L’Arlésienne Wenger au PSG va donc enfin se réaliser pour l’agence de presse réputée sérieuse. Ok, mais pourquoi le PSG miserait-il sur l’ancien coach des Gunners à un poste qui n’a jamais été le sien ?
Renforcer la position de Thomas Tuchel
C’est un secret de polichinelle et encore plus pour Jean-Michel Larqué : Antero Henrique et Thomas Tuchel ne passeront pas leurs vacances ensemble. Entre le Portugais et l’Allemand, ça ne passe pas. Que ce soit dans la gestion du groupe (l’épisode Rabiot notamment), mais surtout dans le déroulement du mercato, l’un refusant les pistes de l’autre et vice versa. Un point de non-retour a vraisemblablement été atteint durant le dernier mercato d’hiver, l’Allemand allant même jusqu’à flinguer en prime time son directeur sportif quand on évoquait avec lui l’arrivée tardive de Paredes – « Je l’attends depuis quelques jours. Chaque jour, il n’est pas là. Je l’ai cherché dans les douches, dans le vestiaire, dans la salle de kiné. » Pas besoin de chercher midi à quatorze heures, l’heure de l’ultimatum est proche : Tuchel ou Henrique. En tout cas, l’ancien coach du BvB Dortmund ne semble pas enclin à poursuivre l’aventure parisienne avec le sulfureux directeur sportif portugais.
En misant sur Wenger – que Tuchel apprécie et inversement –, la donne changerait. D’ailleurs, l’Alsacien s’est montré admiratif des débuts du double T sur le banc du PSG dans des propos rapportés par la presse allemande : « Il s’est adapté très vite au football français. Il a l’air intelligent et a de bonnes relations avec ses joueurs. Ses débuts au PSG sont excellents. Les premières impressions sont très positives et je pense que c’est important quand on vient de l’étranger(…). Le PSG est un club où les attentes sont très élevées. Je lui souhaite de remporter la Ligue des champions. » Mais renforce-t-on réellement le pouvoir d’un coach en nommant en tant que directeur sportif un manager à succès de la trempe de Wenger ? Visiblement, l’Alsacien ne serait pas contre faire partager son savoir-faire en dehors d’un banc de touche à en croire sa dernière sortie sur le sujet à Monaco en marge des Laureus : « Mon avenir ? Je ne sais pas encore. Je voyage beaucoup ? Mon objectif est de continuer à tirer le meilleur d’autrui. Je ne sais pas si je continuerai de faire cela sur le terrain ou en dehors. » CQFD.
Radoucir l’image du club
Antero Henrique le sulfureux, dont le nom a été cité dans un procès Fenix au Portugal en lien avec une société de sécurité qui bossait pour le FC Porto, et Arsène Wenger le très policé gentleman. On le sait : le Qatar est extrêmement vigilant sur son image. Ne pas être trop agressif ni trop mou. Un jeu d’équilibre qui n’est pas facile à manier dans le football actuel. Wenger, plus de 20 ans de Premier League au compteur, sait parfaitement manœuvrer dans ce milieu malgré un côté obscur (notamment quand il croise la route de José Mourinho). Homme fair-play (on se souvient de sa volonté de rejouer le match de Cup contre Sheffield en 1999 après un geste antisportif d’un de ses joueurs), de compromis et de consensus, l’ancien coach de Monaco possède les caractéristiques idoines pour radoucir l’image du club parisien. Avec un trio Nasser Al-Khelaïfi, Jean-Claude Blanc et Arsène Wenger, le PSG serait alors représenté sur la scène médiatique par trois hommes appréciés, expérimentés et respectés. De quoi véhiculer une image positive d’un club souvent présenté comme une colonie de vacances géante.
Affirmer le pouvoir de Doha
Thomas Tuchel est un choix de Doha. Arsène Wenger aussi, puisque le tonton alsacien est consultant pour beIN Sports depuis de nombreuses saisons et, par ce biais, souvent invité au Qatar où l’émir le tient en haute estime. On a longtemps critiqué la politique sportive illisible des Qataris concernant le PSG avec une question qui a longtemps tenu en haleine les suiveurs du club : qui fait quoi ? En moins d’un an, l’émir Al-Thani, propriétaire du PSG, aura donc personnellement nommé Thomas Tuchel et Arsène Wenger pour composer un duo qui, sur le papier, présente toutes les garanties pour permettre au club parisien de se structurer et d’avancer dans un climat serein, loin d’une éventuelle guerre des clans. En somme, pour la première fois depuis un moment, on a la vague impression qu’il se passe quelque chose de cohérent au PSG.
Se franciser encore plus
Hasard du calendrier : la nomination d’Arsène Wenger au PSG interviendrait dans un laps de temps concomitant avec l’annonce officielle de l’arrivée d’Accor comme sponsor maillot pour la saison prochaine. Une grosse entreprise du CAC 40 et le retour au pays du coach français ayant fait entrer le football anglais dans nos foyers est la preuve que le club de la capitale se drape un peu plus chaque jour dans ses habits d’origine : ceux du club de la capitale française. À cela, il faut ajouter Kylian Mbappé, fer de lance du football français, et voilà le PSG (re)devenu au centre des attentions du pays. Oui, le propriétaire reste qatari, mais la France reprend du pouvoir au sein du club de la capitale. Toujours dans une logique d’image, c’est là encore un joli coup. Wenger, c’est les Frenchies d’Arsenal, et dans l’imaginaire des gens, ce n’est pas rien.
Miser sur un beau CV
Oui, Arsène Wenger n’a jamais vraiment été directeur sportif, mais il y a un début à tout. Mais quand on a coaché plus de 1200 matchs des Gunners, terminé une saison sans la moindre défaite et ferraillé en Europe pendant plus de 30 ans, on a forcément un minimum d’expertise en la matière et un sacré carnet d’adresses. En gros, quand Arsène Wenger se pointe en soirée, il ne se fait jamais recaler. Au PSG, on pensait que l’arrivée du très expérimenté Antero Henrique allait enfin sécher les larmes des amoureux déçus de Leonardo, il n’en est rien. Joliment affublé du pseudonyme « Apéro Henrique » , le Portugais ne fait pas l’unanimité. Et récemment, les propos d’Idrissa Gueye, cible du club cet hiver, ont jeté un froid terrible sur la réputation de l’ancien de Porto : « Je ne l’ai pas eu au téléphone. Je n’ai jamais trop compris ce qu’il se passait avec lui. Everton non plus, d’ailleurs… » Clap de fin ? A priori oui, même si Antero Henrique, que l’on annonce en sursis depuis un an, est toujours là, souriant. Alors tant que rien n’est fait…
Par Mathieu Faure