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- J2
- Arsenal-PSG (2-0)
Luis Enrique, esprit étriqué
Après la défaite du PSG à Arsenal, Luis Enrique a réussi au moins une chose : éclipser le débat sur ses choix en signant une sortie médiatique honteuse au micro de Canal+. Ou l’art, encore une fois, de détourner l’attention pour protéger son vestiaire.
Luis Enrique n’aime pas les médias, ce n’est plus un secret. Dans le documentaire que la chaîne Movistar lui a consacré, l’entraîneur espagnol du PSG avance même qu’il pourrait renoncer à une partie de son salaire si cela pouvait lui permettre d’éviter les micros (en dehors de celui de sa chaîne Twitch, évidemment). Alors, quand le boss du PSG a méprisé Margot Dumont ce mardi soir, sur la pelouse de l’Emirates, les spectateurs de Canal+ n’ont pas forcément été étonnés. Après avoir répondu par un long silence sur le cas d’Ousmane Dembélé, Luis Enrique, relancé sur son projet tactique, a franchi une limite dans l’irrespect : « Non, je n’ai aucune intention d’expliquer ma tactique, car vous ne la comprendriez pas. Il va falloir corriger beaucoup de choses, mais je ne l’expliquerai pas. »
"Je n'ai aucune intention d'expliquer ma tactique, car vous ne la comprendriez pas" 🥶
Luis Enrique très agacé et peu bavard après la défaite face à Arsenal ce soir (2-0) 😶
Comprenez-vous la réaction du coach parisien ? #ARSPSG | #UCL pic.twitter.com/BXQLyC08gF
— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) October 1, 2024
Jean-Michel Aulas 3.0
En méprisant Margot Dumont de la sorte, le Catalan a, par la force des choses, également pris de haut l’ensemble des spectateurs devant leur TV – et supporters parisiens – qui étaient en droit de demander des explications après la bouillie concoctée par le PSG à Londres. Évidemment, cette sortie a vite fait réagir à tous les niveaux, et remis une pièce dans le jukebox sur le disque « Luis Enrique, le méprisant ». Pourtant, lundi, l’entraîneur parisien avait déminé ce sujet en conférence de presse : « En réalité, je passe un bon moment avec les journalistes. Je n’ai jamais écourté une conférence de presse, j’aime parler, je dis ce que j’ai à dire. C’était une réflexion spontanée. Je passe un bon moment, mais si je pouvais l’éviter, je l’éviterais, surtout les interviews post-match, parce que c’est difficile, je n’ai plus l’énergie pour supporter certaines choses. »
Des paroles suivies d’un acte, à peine 24h plus tard, donc, après que son équipe s’est fait trimballer pendant 90 minutes par les hommes de Mikel Arteta. Bien plus qu’un coup de sang à chaud, à l’image de celui qu’il avait eu à l’égard d’Alexandre Ruiz après un Rennes-PSG la saison passée, cette saillie médiatique n’était peut-être pas si maladroite que cela aux yeux de Luis Enrique. En vérité, le coach parisien est plutôt coutumier du fait, et cela va certainement un peu plus loin que son simple mépris envers la presse, qu’il n’a jamais caché. Car en agissant ainsi, le Catalan a détourné les yeux de la prestation plus que décevante de son PSG sur la pelouse de l’Emirates, en attirant les foudres sur sa personne. Un art du contre-feu dans lequel il excelle, de quoi faire pâlir Jean-Michel Aulas ou les conseillers politiques les plus habiles en la matière.
Faux 9, vrai problème
Concrètement, plus on écrit sur Luis Enrique et son attitude détestable, moins on écrit sur le fait qu’il est, à date, l’entraîneur parisien avec le plus haut ratio de défaites en Ligue des champions de l’ère QSI. En effet, avec six revers en quatorze matchs (deux contre Dortmund, un face à Newcastle, au Milan et au Barça), le Catalan a perdu 43% de ses matchs de C1 à la tête du PSG, faisant donc moins bien qu’Unai Emery ou Mauricio Pochettino. D’ailleurs, en perdant 4 fois sur ses six dernières sorties européennes, Paris a concédé autant de revers que lors des seize précédentes rencontres. Autre chiffre peu reluisant : son PSG n’a pas marqué lors de 3 de ses 4 derniers matchs de C1. Et ce, malgré les 65% de possession stérile mardi, face aux Gunners, ponctuées de dix frappes dont deux cadrées. En snobant les médias – et donc celles et ceux qui les lisent/écoutent –, Luis Enrique évite aussi de justifier sa décision d’écarter Ousmane Dembélé, meilleur Parisien depuis le début de saison, pour un tel rendez-vous, tout comme son obstination à jouer sans véritable avant-centre.
À l’Emirates, Lee Kang-in a encore une fois évolué en faux 9, avec logiquement moins de réussite que face à Rennes quatre jours plus tôt. À peine revenu de blessure, Désiré Doué a été aligné d’entrée. Résultat : aucune frappe pour le Français de 19 ans. Obligé de passer en conférence de presse après la rencontre, l’Espagnol y a été légèrement plus bavard qu’au micro de Canal+, servant une langue de bois classique, prenant la défaite pour lui face à « l’une des meilleures équipes du monde », tout en pointant le manque d’impact de ses troupes dans les duels. « Ils ont été meilleurs que nous. Mais cela ne veut pas dire qu’ils vont être meilleurs tout le temps. C’est l’analyse du jour, demain, ce sera autre chose », a-t-il ajouté. « Je sais exactement où je veux emmener cette équipe. Regardez depuis quand Mikel Arteta est à Arsenal. Pour connaître le niveau réel de notre équipe, il va falloir attendre la fin de la saison », a ensuite annoncé l’homme qui n’a pas signé à Paris pour gagner la C1, mais pour créer une réelle identité de jeu. Deux projets qui semblaient aussi avancés l’un que l’autre sur la pelouse d’Arsenal.
Par Adrien Hémard-Dohain