Arsenal : où sont passées les munitions ?
Face à un Manchester United qui ressemble enfin un peu au double champion d'Angleterre en titre, Arsenal se présente samedi (13h45) bien amoindri alors qu'il n'allait déjà pas très fort avec tout son monde. Ça sent le roussi pour les locaux à l'Emirates...
Le programme s’annonçait pour le moins bandant : chouette, Arsenal-Manchester ce week-end ! Et puis, en se penchant, pas mieux qu’une demi-molle. C’est que le clash a sacrément perdu de son sel depuis la fin du match dans le match entre Pat Vieira et Roy Keane et des joutes en conf’ entre Arsène Wenger et Sir Alex Ferguson.
Depuis la fin de la première partie des années 2000 et les mano a mano musclés, Arsenal n’est plus tout à fait Arsenal, toujours animateur numéro un outre-manche mais désormais exclu de la course au titre depuis 2004. Alors forcément, Fergie est détendu, le sommet beaucoup moins tendu…Et Wenger un peu perdu.
Wenger chez les Bisounours
En effet, après avoir si longtemps impressionné l’Angleterre par son flegme piquant (“Je vanne mais je n’en ai pas l’air”), le manager des Gunners donne désormais dans le mode geignard. En gros, pour résumer : tout le monde est méchant quand il rencontre Arsenal.
Dernier exemple en date lors de la défaite chez Stoke City (1-2). « Quand vous mettez en doute le courage de mon équipe, je ne suis pas d’accord. Vous devez avoir du courage pour jouer quand certains vous taclent par derrière avec la seule intention de vous blesser. Vous pensez vraiment que Delap essayait de jouer le ballon quand il a taclé Walcott (blessé à l’épaule) ? Et Shawcross quand il a taclé Adebayor (entorse à la cheville) ? Vous voulez que je vous dise le nombre de joueurs que nous avons déjà perdus ? Le lâche, c’est celui qui tacle » . Ou quand Wenger découvre, douze ans après son arrivée en Premier League, que le football anglais se nourrit avant tout de combat, bien plus que de dribbles et de sucreries techniques.
Bendtner pour seul recours
Il faut reconnaître que les Londoniens ne sont pas vernis actuellement. Tout le secteur offensif est ratiboisé. Eduardo s’est fait désosser l’an passé, Walcott et Adebayor la semaine dernière et Van Persie est suspendu après son rouge pris à Stoke.
En clair, tout reposera samedi sur les épaules de Bendtner. Le grand escogriffe danois seul face à la paire Ferdinand-Vidic : on comprend que Wenger claque une petite dépression. La situation renvoie inévitablement à l’absence de munitions d’Arsenal, la seule cartouche de rechange s’appelant Carlos Vela, Mexicain de 19 ans, trois matches de Liga (avec Osasuna) et un en Premiership sur le CV et c’est tout. Et dire que du côté de Manchester United, Carlos Tevez se languit sur le banc.
MU découvre la classe de Berbatov
Malgré le vague à l’âme de l’international argentin, les champions d’Europe et d’Angleterre vont mieux après un départ poussif. À l’image de Cristiano Ronaldo, auteur de quatre buts sur les deux dernières journées. Le Portugais, qui ne voit personne d’autre capable de lui ravir le Ballon d’Or France Football, n’est pas encore très tranchant dans le jeu mais profite à plein du nouvel homme fort des Red Devils, Dimitar Berbatov.
L’attaquant bulgare venu de Tottenham est revenu au top depuis quelques semaines, en atteste l’action prodigieuse réalisée face à Hull City (4-3) : roulette pour éviter la sortie de but, petit dribble avec louche pour effacer le défenseur et service aux petits oignons pour Ronaldo. Et avec ça, on vous l’emballe ? Résultat, Manchester surfe actuellement sur une bonne vague de 11 matches sans défaite, dont 7 succès en 9 rencontres.
Même si MU n’a enlevé qu’un seul de ses huit derniers déplacements chez Arsenal (4-2 le 2 février 2005), la tentation est grande d’en faire le chaud favori pour samedi. Facile alors de deviner la réaction de Ferguson : « Good game » de circonstance, petite bouteille de rouge pour la forme, le tout distillé avec l’assurance de celui pour qui Wenger et les siens ne sont plus de vrais rivaux.
Dave Appadoo
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